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de lui prêter les fermens de fidelité & luy rendre AN. 1283. les autres devoirs : de rompre toutes confedera

Mar c. 7.

VI.

Veccus condam

né.

tions ou focietés faites au contraire, même confirmées par fermens, que le pape declare nuls. A faute dequoi il ordonne à l'archevêque de Seville, à un doïen & à un archidiacre de deux autres églifes, de prononcer fufpenfe contre les évêques & les autres ecclesiastiques, & contre les laïques privation des fiefs & des autres biens qu'ils tiennent de l'église. La bulle eft du huitiéme d'Août 1283. En execution les commiffaires du pape excommunierent tous ceux qui fuivoient le parti de D. Sanche, & mirent en interdit toutes les villes & les autres lieux qui luy obéïssoient. D. Sanche loin de fe foûmettre à ces cenfures, menaçoit de mort les commiffaires du pape s'ils fusfent to bez entre fes mains: mais la crainte des cenfures fit impreffion fur plufieurs villes & fur plufieurs feigneurs,qui retournerent à l'obéïffance du roi Alfonfe. Ce qui ne fit qu'allumer plus vivement la guerre civile, car le parti de D. Sanche étoit toûjours le plus fort.

En Grece les fchifmatiques étant les maîtres Concile de CP. cherchoient à fe vanger de tous les prélats, qui fous l'empereur Michel avoient embraffé l'union avec l'église Romaine: mais ils ne faifoient éclater leur haine que contre Jean Veccus, qu'ils regardoient comme le principal auteur de cette union. Ils diffimuloient à l'égard des autres, & même les flattoient afin qu'ils leur aidaffent à le perdre ce qui fit, dire à Theoctist metro

Pachym. I. VII.

6. 7.

c. 8.

politain d'Andrinople. Ces évêques font les bro- AN. 1283. chettes de bois dont ils fe fervent maintenant pour griller Veccus: mais enfuite ils les jetteront au feu. Les fchifmatiques aïant donc gagné les évêques qui étoient à C.P. & principalement Athanafe patriarche d'Alexandrie, affemblerent un concile où ils mirent deux trônes : un vuide pur marquer la place de Jofeph patriarche de C. P. qui ne fortoit plus de fon lit, l'autre pour le patriarche d'Alexandrie qui presida en effet au concile; & eux-mêmes y prirent place, comme vicaire du patriarche malade. Le grand Logothete Muzalon y affiftoit auffi & George de Chipre, qui fut depuis patriarche, le rheteur Holobole, fi sup.liv. Lxxxv. indignement traité par l'empereur Michel, & plufieurs autres. L'accufation contre Veccus roula fur fes écrits, que l'on blàmoit comme scandaleux, fans examiner le fond ni la doctrine qu'ils contenoient : mais on foûtenoit qu'ils étoient faits à contre tems, & qu'il n'avoit point dû agiter ces questions ni alleguer les paffages des peres. Muzalon fe reconnut luy-même coupable de ce crime, & donna à brûler un écrit qu'il avoit compofé, non qu'il y eut quelques erreurs, comme il protesta dans le concile avec ferment, mais parce que c'étoit un écrit touchant la doctrine. On brûla de même un écrit du grand Logothete fon predeceflur & plufieurs autres.

On vint enfuite à Jean Veccus, & on l'accufa d'avoir non feulement écrit hors de faifon : mais d'avoir enfeigné des herefies, en étudiant trop

77.46.

AN. 1283.

curieusement les peres & voulant penetrer la nature divine au-deffus de la portée de l'efprit humain. On le cita au concile, où l'on avoit même appellé le peuple à grand bruit par le fon des cloches pour l'exciter à fedition, en luy faifant comprendre qu'on l'avoit jetté dans l'impieté. Veccus aïant été cité plufieurs fois pour rendre compte au concile de les écrits, ne pouvoit fe refoudre à s'y presenter, craignant la fureur du peuple: mais le grand Logothete retint leur emportement, leur faifant entendre que fi Veccus étoit infulté, l'empereur s'en tiendroit offenfé luy même : puis il fit fçavoir à Veccus qu'il pouvoit aller au concile en toute fureté. Il s'y rendit donc on le fit affeoir à la derniere place & on l'obligea à fe défendre. Luy qui voïoit bien que fa défense ne feroit jamais plus mal reçûë qu'alors; répondit : J'ay écrit dans le tems où il étoit à propos de le faire, & j'avouë qu'il ne conviendroit pas d'écrire à prefent, puifque le tems eft changé. J'écrivis alors parce qu'il étoit neceffaire & que perfonne ne l'entreprenoit. De revenir maintenant aux chofes paffées, c'eft pour vous une recherche hors de faifon, & c'eft en vain que je voudrois me juftifier. La feule chofe que vous devés declarer, c'eft s'il eft jufte qu'un homme que vous avez appelé à l'épifcopat, fans qu'il le demandât, ni même qu'il y penfât, & qui eft à prefent fans églife; parce que vous l'en avés ôté & rappellé le pafteur legitime s'il est jufte au moins qu'il garde le rang qu'il a acquis

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par votre fuffrage. Ces paroles de Veccus les pi- AN. 1283. querent au vif, & quelques-uns difoient : Et d'où feras-tu évêque en prefence de l'évêque legitime, toi qui dois expofer ta confeffion de foi & montrer fi tu es orthodoxe ? Aprés avoir ainfi rejetté avec aigreur fa propofition, ils s'adoucirent & menerent Veccus au patriarche Jofeph, auquel ils l'obligerent de faire quelque fatisfaction: puis aïant dressé une confeffion de foi,ils la luy firent foufcrire & même fa demiffion du patriarcat enfuite ils le renvoïerent avec honêteté. Mais le patriarche Jofeph l'aïant apris depuis, jugea qu'ils avoient eu tort de forcer un prelat catholique à donner fa demiffion, & qu'elle n'étoit pas canonique. Peu de tems aprés les fchifmatiques, qui agiffoient au nom de Jofeph, perfuaderent à l'empereur d'envoïer Veccus en exil à Prufe en Bithynie, ce qu'il fit aprés luy avoir affigné une penfion fuffifante.

VII'

Mouvemens

6. 12.

Cependant les partifans du patriarche Arsene voulurent profiter du tems & de l'indulgence de des Arfenites l'empereur, qui voulant réunir tous les partis leur donnoit une entiere liberté. Ils fortirent donc de leurs cachettes, aïant à leur tefte Andronic ancien métropolitain de Sardis ; & courant de côté & d'autre ils excitoient le peuple contre Jofeph, qu'ils difoient être encore char- sup. I. xxxxve gé de l'excommunication prononcé contre luy par Arfene; & non-feulement évitoient fa communion, comme criminelle, mais en détournoient les autres: en forte que leur parti petit Fff iij

n. 54.

AN. 1283.

d'abord augmentoit de jour en jour. L'empereur ne leur fut pas favorable tant que Jofeph vêcut, parce qu'on luy fit entendre qu'il n'y avoit point de réunion à esperer, & qu'ils ne jugeoient pas ce prelat digne feulement d'eftre compté pour chrétien. On ajoûtoit que ce fchifme étoit dangereux même pour l'état, ce qui ne donnoit pas peu d'inquietude à l'empereur.

C. x3. Au commencement du mois de Mars 1283. Le patriarche Jofeph mourut confumé de vieilleffe & de maladie, & fut enterré au monaftere de faint Bafile à C. P. L'empereur Andronic en étant delivré s'apliqua plus fortement à la réunion des Arfenites; & leur donnant libre accés auprés de luy, il s'efforçoit de les persuader par toutes fortes de raifons. Car il les craignoit; & quoi qu'il prît pour pretexte de fauver la reputation de Jofeph & l'honneur de fa memoire, il agiffoit au fonds pour fon propre interest: voïant bien que l'on pourroit luy difputer la couronne, si celuy dont il l'avoit reçûë n'étoit pas évêque, Inais un fimple laïque & même excommunić. Ce font les paroles de Pachymere, qui montrent que les Grecs croïoient que le couronnement de leurs empereurs étoit plus qu'une pure ceremo

nie.

Les Arfenites de leur côté travailloient à guérir les foupçons de l'empereur, & à montrer que leur feparation étoit legitime & fondée fur des fignes de la volonté de Dieu, ce qu'ils prétendoient prouver même pa des miracles : & pour

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