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vous, éclairez moi, conduisez-moi, je vous suivrai. Que l'on dreffe un écrit ; que l'on rejette si vous voulez les termes, par le Fils, quelque peril que je voie à méprifer cette expreffion des peres: fi je refuse de vous suivre, accufez moi d'opiniatreté, ou même d'herefie. Mais fi vous craignez de rejetter les peres & voulez nous charger de la haine de l'avoir fait : il eft raisonnable, pour ne pas dire neceffaire, que nous craignions de nous tromper étant feuls & de nous mettre en peril.

Le patriarche se voulant juftifier repliqua : Ce n'eft pas nous qui l'avons écrit, c'eft à vous qui l'avez écrit & remué cette question à le rejetter. Etqui vous en empêche, reprit Veccus, puifqu'il s'agit de ramener vos freres? Mais loin de perfuader le patriarche, il ne fit que l'irriter & s'atirer de fa part des duretez & des injures. De quoi Veccus aigri de fon côté, lui fit des reproches ingenieux puis le tournant vers l'empereur, il declara à haute voix & avec ferment, que fi Gregoire ne fortoit du fiege patriarcal jamais le trouble de l'églife ne s'apaiferoit. A ces mots l'empereur entra en colere & fe leva difant: Quoi donc aprés toute la peine que j'ay prise pour l'églife, vous recommencez à la troubler ? & vous l'embaraffez de deux guerres, de celle des schifmatiques & de la vôtre? Il s'étendit beaucoup fur ce fujet, faifant voir fon chagrin de ce que cette conference avoit fi mal réuffi contre fon

attente.

Veccus relegué

Le concile s'étant feparé, Veccus & les fiens AN. 1286. retournerent au monaftere de Cofmidion & y de- XXVI. meurerent; mais fous bonne garde.L'empereur y envoïoit les exhorter à la paix, à quitter l'efprit de dispute, & demeurer en repos avec ses bonnes graces autrement il les menaçoit d'exil & de mauvais traitemens. parce qu'il n'en feroit point autrement que ce qui avoit été ordonné. Ils demeurerent fermes & declarerent, qu'ils fouffriroient tout ce qu'il plairoit à l'empereur plûtoft que de le foûmettre à ceux qui les avoient injuftetement condamnez. Aprés plufieurs tentatives l'empereur irrité refolut de les exiler, & les envoïa à une fortereffe nommée de faint Gregoire au golfe d'Aftaque ou Comidia en Bithynie, où ils furent enfermez & gardez par des François commandez par un officier des gardes de l'empereur : mais fans qu'il eût pourvu à leur subsistance.

XXVIII.

Sicile

Rain.n. 8.

Le nouveau roi de Sicile Jacques d'Arragon fe Jacques roi de fit couronner en vertu du teftament de fon pere Nie. Special.lib, le jour de la purification de la Vierge fecond 11.9. de Février 1286. La ceremonie fe fit à Palerme dans l'affemblée de tous les grands & de tous les fyndics des villes de Sicile. Le pape Honorius avant que d'en avoir reçû. la nouvelle, le. jeudi faint onzième d'Avril de la même année dénonça excommuniez Jacques & sa mere`Conftance, comme favorifant & augmentant la revolte de la Sicile & leur ordonna d'en fortir dans l'Ascension prochaine. Mais quand il eut apris le couronnement de Jacques, il renouvella l'excomMm m iij

Id.n.

1.8.

AN. 1286. munication, declara nulle cette ceremonie, qu'il dit n'être pas un facre mais une execration: prononça interdit contre tous les lieux où Jacques d'Arragon fe trouveroit. Il cita les deux évêques de Cifalou en Sicile & de Nicaftro en Calabre à comparoitre devant luy dans la Touffaints, pour avoit fait la ceremonie du couronnernent. C'eft ce que porte la bulle publiée à Rome le jour de l'Afcenfion troifiéme de May. Et comme ni le roi ni les deux évêques n'obeïrent point, le pape confirma & renouvella contre eux les cenfures le jour de la dedicace de faint Pierre dix-huitiéme de Novembre, mais avec auffi peu de fruit.

ragon.

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XXIX.

n. 10 11,

Alfonse nouveau roi d'Arragon parut plus fenAlfonfe roi d'Ar- fible que fon frere aux cenfures du pape, ou plûtoft à la crainte des François armés en faveur de Charles de Valois pour le mettre en poffeffion du roïaume d'Arragon. Alfonfe écrivit donc au pape & aux cardinaux, s'excufant de n'avoir pas envoïé des ambaffadeurs à Rome aprés la mort du roi Pierre fon pere; & affurant qu'il en envoïoit alors, c'est-à-dire, pendant le carême de cette année 1286. C'eft pourquoi le pape declara le jeudi faint qu'il fufpendoit jufques à l'Ascension les procedures commencées contre lui. Le pape prorogea enfuite ce terme, & les Ambaffadeurs étant arrivez, il leur donna fauf conduit pour leur retour: mais il ne reçût pas les excufes d'Alfonfe, & ne ceffa pas de foûtenir Charles de Valois : au contraire il donna de nouveaux ordres au cardinal Jean Cholet legat en France, de proceder

par cenfures & privation de revenus des benefi- AN. 1286. ces contre les ecciefiaftiques qui favoriferoient

Alfonfe.

Abfolutions aux

Sous le pontificat de Martin IV. Bernard car- XXX. dinal évêque de Porto & legat du faint fiege Venitiens vint à Venise pour faire armer une flote contre Ra•1285.n.63. les Siciliens revoltez & les ramener à l'obéïffance -du roi Charles: mais les Venitiens le refuserent fous pretexte d'une ancienne loi, qui deffendoit à aucun d'entre-eux d: marcher en armes contre aucun feigneur ou aucune republique fans la permiffion du doge, du petit & du grand confeil; & ils renouvellerent cette loi en prefence du legat. Il le prit à injure, & prétendit que les Venitiens refufant ce fecours au roi Charles prenoient le parti des Siciliens & de Pierre d'Arragon, & que par confequent ils avoient encouru les cenfures prononcées contre leurs fauteurs ; c'eft pourquoi il mit la ville de Venise en interdit. Honorius étant monté fur le faint fiege, les venitiens lui envoïerent trois ambaffadeurs, qui lui reprefenterent que cet ancien ftatut n'avoit point été fait au mépris de l'église Romaine; mais pour la confervation de leur état & pour éviter les guerres. Surquoi le pape donna la commission à l'évêque de Venise de lever l'interdit, à condition que les Venitiens ne prendroient aucune part à l'affaire de Sicile contre les interefts de l'église Romaine & des Heritiers du roi Charles. La lettre eft du cinquième d'Aoust 1285.

Rain. 1286. no

Mais le pape aprit depuis que le doge & la 17.

AN. 1286. republique de Venise avoient procedé rigoureufement contre ceux de leurs citoïens, qui à la requifition du legat, mais fans leur permiffion, étoient allez au fecours du roi Charles. C'eft pour quoi il écrivit une autre lettre à l'évêque de Venife par laquelle il luy manda, qu'avant de lever l'interdit, il admoneftât le doge & le confeil, de declarer qu'ils n'avoient publié le ftatut en queftion ni au préjudice de l'église & du roi Charles, ni en faveur de P. d'Arragon : qu'ils inferassent cette declaration dans le livre de leurs ftatuts ; & qu'ils revoquaffent les procedures faites contre ceux qui avoient pris le parti du roi Charles & leur remiffent les peines. Les Venitiens obéïrent & envoïerent au pape deux freres Prêcheurs & deux freres Mineurs pour l'affurer qu'ils avoient executé fes ordres. Sur quoi il manda à l'évêque de Venise de lever l'interdit. La lettre eft du dixhuitiéme de Mars 1286.

m. 18.

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Le pape Honorius ufa auffi d'indulgence envers Henri de Caftille fils du roi Ferdinand & oncle du roi Sanche, qui regnoit alors. Henri avoit fuivi le parti de Conradin & commis plufieurs violences dans Rome lorfqu'il en étoit fenateur en 1286. Ce qui luy avoit attiré l'excommunication du pape Clement IV. Maintenant fes affaires aïant changé de face, humilié par l'adverfité & la pauvreté, il témoignoit se repentir de ses crimes fe & demandoit mifericorde au pape Honorius : qui donna la commiffion de l'abfoudre à Gerard de Parme legat en Poüille par fa lettre du huit

de

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