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AN. 1290.

nons

donc que s'il fe trouve dans vos diocefes de ces fortes de gens, vous les contraigniez par cenfures à quitter leur habit, & à répondre sur les articles de la foi, fur lefquels nous voulons qu'ils foient foigneufement examinez par les inquifiteurs des provinces ; le tout du confentement des prélats de ces vagabonds. Et vous ne fouffrirez point qu'ils courent par le monde, qu'ils prêchent ou entendent les confeffions, ni qu'on les nomme apôtres. Ces prétendus Apoftoliques avoient aussi 6. 39. 10. 11. conc. été condamnez en Angleterre dans le fynode tenu à Chichestre par l'évêque Gilbert l'année précedente 1289

8.1352.

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On compte pour auteur de cette fecte un nommé Gerard Segarelle natif de Parme de baffe condition, fans lettre & de peu de fens, qui vers l'an 1246. étant encore jeune demanda à être reçû chez les freres Mineurs. N'étant pas écouté, il ne laissoit pas de demeurer dans leur églife autant qu'il pouvoit, & regardoit attentivement une peinture où les apôtres étoient reprefentez envelopez de manteaux avec des fandales aux pieds, comme on ks peint ordinairement. Sur cette peinture ce pauvre idiot fe mit en tête d'imiter la vie des apôtres. Il laiffa croître fa barbe & fes cheveux, se fit faire un habit de bifet avec un manteau blanc d'une groffe étamine; prit une corde pour ceinture & des fandales comme les freres Mineurs. Puis il vendit fa petite maifon, & en ayant reçû le prix monta fur une pierre, d'où le podesta de Parme haranguoit autrefois, il appella quelques canailles

qui jouoient aux dés là auprés dans la place & leur jetta fon argent, en criant: Prenne qui voudra, c'est pour lui. Les joueurs le ramafferent promptement & retournerent à leur jeu qu'ils continuerent, blafphêmant le nom de Dieu en prefence de Gerard.

Aprés qu'il eût demeuré quelque tems feul à Parme, un nommé Robert qui avoit fervi les freres Mineurs, fe joignit à lui; & bien- tôt il eût jufques à trente compagnons. Mais comme il vouloit toûjours demeurer oifif, fans prendre aucun foin de fes fectateurs, un d'eux nommé Gui Putage auffi Parmesan fe mit à leur tête, puis, ne le pouvant fouffrir, ils choiffrent pour chef un nommé Mathieu. Ils étoient déja répandus en plufieurs villes d'Italie, & cette premiere divifion arriva à Fayence, où fe trouvoit alors Gerard Segarelle, qui y commit de grandes infâmies. Ses difciples à fon imitation s'abandonnoient à toutes fortes d'impuretez, ce qui contribua à multiplier la fecte; & elle s'étendit prefque par toute l'Europe; mais Segarelle demeura à Parme. L'évêque de cette ville étoit alors Opizon de faint Vital neveu du pape Innocent IV. qui fit prendre Segarelle vers l'an 1280. & le tint quelque tems en prifon; mais il contrefit l'infenfé, & l'évêque l'ayant tiré de prifon le retint dans fon palais, ou il fut le jouet de tout le monde. Mais enfuite l'évêque étant bien informé de fes crimes & de ceux des autres faux apôtres, les chafla de Parme & de tout le diocese en 1286. Enfin quatorze ans aprés Segarelle fut repris par ordre du même évêque &

Y y y iij

AN. 1290.

Vanding. 1190. n.

11

Bzou. n. 4.

XIII.

Concile de Nou

garot.

Gall chr. to. 1. p.

110.

2444.

de l'Inquifiteur Mainfroi, & fut condamné & brûlé le dix huitiéme de Juillet 1300.

Vers le même-tems où le pape Nicolas IV. condamna les faux Apoftoliques, il ordonna à Raimond Goffredi general des freres Mineurs, de proceder contre quelque religieux du même ordre dans la province de Narbone, qui étant fectateurs de Pierre-Jean d'Olive, condamnoient l'état des autres freres Mineurs, & prétendoient avoir beaucoup plus d'accés & de familiarité avec Dieu. Toutefois on trouva qu'ils excitoient dans les provinces du fcandale & des féditions, & qu'ils répandoient des erreurs contre la faine doctrine. Raimond donna la commiffion d'informer contre eux à Bertrand de Cigotere Inquifiteur dans le comté Venaiffin, pour en faire fon rapport au general, qui en feroit le fien au chapitre qu'on alloit tenir à Paris. On trouva que quelques-uns de ces prétendus fpirituels avoient effectivement donné dans des erreurs; ce qui nuifit à l'observance reguliere, car dés que quelqu'un parloit de la rétablir, on l'accufoit d'être de cette fecte.

Amanieu frere de Gerard V. comte d'Armagnac, étoit archevêque d'Auch depuis vingt-huit ans, quand il tint un concile provincial à Nougato. 11. conc. p.1353. rot en Armagnac le famedi aprés l'Affomption, c'est-à-dire, le dix-neuviéme d'Aouft 1290. fix des évêques fes fuffragans y affifterent; favoir, ceux de Couferans, d'Oleron, de Tarbe, de Lefcar, d'Aire & de Bafas, avec les députez de Cominge le fiege vacant. Ce concile fit dix canons, dont le

Marca. hift de Bearn. p. 678.

792.

premier porte que le comte de Foix & fa femme AN. 1290. feront admoneftés par les évêques de Tarbe & d'Oleron, de reftituer dans quinze jours à l'évêque de Lefcar fa ville, les châteaux & les autres places exprimées dans la monition, autrement ils feront excommuniés Le comte de Foix étoit Roger-Bernard, qui avoit épousé Marguerite fille & heritiere de Gafton VII. vicomte de Bearn, decedé la même année 1290.le vingt-fix d'Avril.Or Gerard comte d'Armagnac frere de l'archevêque d'Auchavoit épousé Mate de Bearn foeur de Marguerite, qui ne voulut point executer le teftament de Gafton leur pere: ce qui caufa une longue guerre entre les maifons de Foix & d'Armagnac.

En ces guerres particulieres on n'épargnoit pas les biens & les perfonnes des ecclefiaftiques & des évêques mêmes auffi dans ce concile on renouvelle, & on accumule toutes les peines contre ceux qui faifoient quelques violences aux évêques, l'excom- c.6, munication, l'interdit, la privation de fepulture ecclefiaftique : l'exclufion de la tonfure & de l'entrée en religion pour leurs enfans: la perte des fiefs & autres droits dépendans de l'églife. On 7. prononce les mêmes peines à proportion pour la fûreté des abbés, des prieurs, des archidiacres & des autres ecclefiaftiques, & en general contre 10. tous les infracteurs des libertés de l'églife. Ce même concile défend de poursuivre les lepreux devant le juge laïque pour les actions perfonnelles: apparemment comme étans fous la protection de l'églife, qui les féparoit du refte du peu

c. S.

A N. 1290. ple par une ceremonie que nous lifons encore Ritual: paris el dans les rituels.

16;4 P512

XIV.

royaume de Hon

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Jo. Thurocz 6.8 1.

V11. c. 134.

Ladiflas roi de Hongrie, toûjours abandonné Piétendas au à fes débauches, & livré aux Comains, fut enfin tué par ces barbares le lundi avant la fainte Marguerite, c'est-à-dire, le dix-feptiéme de Juillet 1290. Comme il ne laiffoit point d'enfans, il fe trouva trois pretendans au royaume de Hongrie : Charles Martel fils de Charles II. roi de Sicile & de Marie de Hongrie, foeur de Ladiflas : André le Venitien ou Andreaffe, petit-fils du roi André II. & l'empereur Rodolfe, qui prétendoit que la HonJ. Villani. lib grie étoit un fief de l'empire. Charles Martel étoit âgé de dix-huit ans, & le roi fon pere le fit couronner folemnellement à Naples par le legat du pape en presence de plufieurs prelats le jour de la nativité de N, Dame, huitiéme Septembre 1290. comme heritier par fa mere du roïaume de Hongrie. André étoit fils d'Eftienne fils pofthume du roi André II. furnommé de Jerufalem,mort en 1235. & de la fille du marquis d'Este. Eftienne s'établit à Venife, où il époufa la fille d'un Morofini & y mourut, laissant son fils André, qui par les secours de fes oncles riches Venitiens vint s'établir en Hongrie du vivant de Ladiflas, & en fut couronné roi incontinent aprés la mort, & partie de gré partie de force, fe rendit maître de la plus grande partie du royaume.

Le pape Nicolas avoit deftiné pour le legat en Rain. 1290. . 42. Hongrie, du vivant de Ladiflas, Bienvenu évêque d'Eugubio, & lui avoit fait expedier fes lettres :

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