AN. 1264. reconnoître le trefor de l'église, les reliques, les vases facrez, les ornemens & les livres, afin qu'on ne m'accuse pas encore de l'avoir pillé. Adieu, mes enfans, je remporte du palais patriarcal ce que j'y ai apporté, mon habit, mes tablettes, & trois piéces d'argent que j'ai gagnées à transcrire un pfeautier fuivant la regle monaftique. Ayant ainfi parlé, il les renvoya en paix, & demeura affis attendant tranquillement l'ordre de l'empereur. Or ces circonftances font rapportées par l'hiftorien Pachymere qui étoit prefent, & fut un de ceux qui verifierent le trefor de l'églife. L'empereur fit enlever Arfene la nuit même, & le lendemain on l'emmena à l'ifle de Proconefe, prés la côte de Natolie, où on l'enferma dans un petit monaftere, avec des gardes qui ne le laiffoient pas voir à ceux qui le fouhaitoient : il fut ainfi exilé à la fin du mois de Mai 1264. : Mais fa dépofition caufa un schisme entre les Grecs, & plufieurs le reconnoiffoient toujours pour patriarche à quoi l'empereur voulant remedier, il affembla le peuple devant fon palais, & lui parla d'une fenêtre de fa chambre au travers d'une grille. Il reprefenta les raifons de la dépofition d'Arfene, & les inconveniens du fchifme, & menaça ceux qui s'y laifferoient entrainer. I laiffa aux évêques la liberté d'élire pour patriarche celui qu'ils en jugeroient le plus digne, & s'étant af femblez dans l'église de Blaquernes, ils élurent Germain metropolitain d'Andrinople. C'étoit un homme franc dans fes manieres, & qui s'acquittoit . de bonne grace des fonctions de fon miniftere: AN. 1264. curieux & inftruit autant qu'aucun autre, non feulement des preceptes de la vertu, mais du maniement des affaires. Il n'étoit pas éloquent, mais il aimoit ceux qui l'étoient, & prenoit plaifir à les entendre parler ; il étoit fociable, & ne faifoit pas confifter la vertu dans l'aufterité exterieure, & le mépris des autres. 4. L'empereur approuva volontiers ce choix, aïant depuis long-tems pris Germain en affection. Car forfqu'étant tombé dans la difgrace de l'empereur Theodore Lafcaris, il fe retira chez le fultan d'Icone: Germain menoit la vie monaftique fur la mon- Sup: tagne Noire à la frontiere de l'empire Grec. Il vint Gregoras r au devant de Michel Paleologue, le reçut magnifiquement, & lui donna dequoi faire fon voïage: Auffi quand Michel fut empereur, Germain l'étanť venu trouver, ce prince lui rendit de grands honneurs, puis le plaça fur le fiege d'Andrinople, & enfin fur celui de C.P. Germain y fut transferé le jour de la Pentecôte huitiéme de Juin 1264. Urbain IV. avoit demeuré deux ans à Orviette, d'où la plûpart de fes lettres font datées; mais Mort d'Urbain cette année les Orviettans s'étant declarez contre lui, & aïant pris une fortereffe appartenant à l'égli- Rain. n. 31. 70% fe, il fe fit porter en litiere à Perouse, où il mourut le jeudi fecond jour d'Octobre 1264. aïant tenu le faint fiége trois ans un mois & quatre jours. Il fut enterré dans l'église cathedrale dediée à faint Laurent. On voit dans fes lettres un exemple remarquable de bonté. Du temps qu'il étoit archidiacre AN. 1264. Id. n. 30. XXXIV. Clement IV.pape. 397.384. pape de Liege le Innocent IV. étant à Lyon l'envoïa en Allemagne pour quelques affaires de l'églife Romaine. Là trois gentilshommes du diocese de Treves le firent prendre & le retinrent quelque tems prifonnier, aprés lui avoir ôté des chevaux, de l'argent & d'autres meubles. Lorsqu'il fut pape ces gentilshommes offrirent de lui reftituer ce qu'ils avoient pris, & lui faire fatisfaction pour l'infulte demandant feulement dispense d'aller en perfonne recevoir l'abfolution de l'excommunication qu'ils avoient encouruë, attendu les perils du chemin & les ennemis qu'ils avoient. Le pape donna commission au prieur des freres Prêcheurs de Coblents de les abfoudre, & de leur declarer enfuite, qu'il leur remettoit liberalement en vue de Dieu tout le tort & l'injure qu'ils lui avoient fait leur enjoignant feulement de s'abstenir deformais de pareilles violences. La lettre eft du neuviéme de Juillet 1264. Aprés la mort d'Urbain le faint fiége vaqua quatre mois. Cependant Gui Fulcodi cardinal évêque de Sabine, qu'il avoit envoié légat en Angleterre, ne put y entrer à caufe de l'oppofition des barons & Matth.Vueft. des évêques revoltés contre leur roi. Car ils ne s'en tinrent pas au jugement de faint Louis, & la guerre civile recommença pire qu'auparavant. Le 10. 11. come p. 830. légat fut donc obligé de s'arrêter à Boulogne fur Matth. Par. p. mer, où il fejourna long-temps & y affembla quelques évêques d'Angleterre, qui fe trouverent deça la mer. Alors par l'autorité du pape il prononça 854. an. 1265. : AN. 1265 Papebr. const. p excommunication contre tous ceux qui faifoient la guerre à leur roi, avec interdit fur la ville de Londres, & les cinq portes d'Angleterre qu'on lui tenoit fermés. Il commit aux évêques Anglois qu'il avoit appellés, l'execution de ces cenfures, & fe mit en chemin pour retourner à la cour de Rome. Mais pendant le voïage, il aprit qu'il avoit été Rain. 1265 n. 1.17 élû pape à Perouse, & s'y rendit deguisé en frere 53. mendiant pour éviter les embufcades de Mainfroi. Etant arrivé il fit tous fes efforts pour refuser le pontificat mais enfin il l'accepta le fixiéme do Fevrier 1265. & fut couronné le vingt-deuxième du même mois, jour de la chaire de faint Pierre & premier dimanche de carême. Il prit le nom de Clement IV. parce qu'il étoit né le jour de faint Clement, & avoir reçû de Dieu plufieurs graces fingulieres ce même jour, & il donna part à tous les évêques de fa promotion felon la coutume par une lettre circulaire du vingt-sixiéme Fevrier. On voit fes fentimens fur la nouvelle dignité dans les réponfes qu'il fit aux princes qui l'en felicitoient; & encore mieux dans la lettre à Pierre le Gros fon neveu, où il parle ainfi : Plufieurs fe rejoüiffent de notre promotion, mais nous n'y trouvons matiere que de crainte & de larmes, étant le feul qui fentons le poids immenfe de nôtre charge. Afin donc que vous fachiez comment vous devez vous conduire en cette occa fion, apprenez que vous en devez être plus humble. Nous ne voulons point que vous ni vôtre frere, ni aucun autre des nôtres vienne vers nous, fans Rain-a : AN. 1265. 190. nôtre ordre particulier; autrement fruftrés de leurs efperances, ils s'en retourneroient confus. Ne cherchés pas à marier votre four plus avantageufément à caufe de nous; nous ne le trouverions pas bon & ne vous aiderions pas. Toutefois fi vous la mariée au fils d'un fimple chevalier, nous nous propofons de donner trois cens tournois d'argent. Leblanc. mon. C'étoit environ cent cinquante livres de nôtre monoye. Le pape continue: Si vous afpirez plus haut n'efperez pas un denier de nous; encore voulons nous que ceci foit trés-fecret, & qu'il n'y ait que vous & vôtre mere qui le fache. Nous ne voulons point qu'aucun de nos parens s'enfle fous pretexte de nôtre élevation, mais que Mabile & Cecile prennent les maris qu'elles prendroient fi nous étions dans la fimple clericature, voyez Gilie, & lui dites qu'elle ne change point de place; mais qu'elle demeure à Sufe, & qu'elle garde toute la gravité & la modeftie poffible dans fes habits. Qu'elle ne fe charge de recommandations pour perfonne, elles feroient inutiles à celui pour qui on les feroit, & nuifibles à elle-même. Si on lui offre des prefens pour ce fujet, qu'elle les refuse, si elle veut avoir nos bonnes graces. Saluez votre mere & vos freres; nous ne vous écrivons point avec la bulle, ni à ceux de nôtre famille, mais avec le feau du pêcheur, dont les papes fe servent dans leurs affaires fecrettes. Donné à Peroufe le jour de fainte Perpetuë & fainte Felicité, c'est-à-dire, le Royaume de Sici feptiéme de Mars. XXXI. Conceffion du le à Charles d'An- Le pape Clement donna fes premiers foins à jou. l'affaire |