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Sup. 1. LXI.

n. 5. 6.

4. refl.

les ôtant de l'église patriarcale de Latran, pour AN. 1299. leur fubftituer des chanoines feculiers. Il y avoit deux cens trente ans que le pape Alexandre II. avoit établi ces chanoines reguliers, en confe quence du concile qu'il tint à Rome en 1063. où Monzin. antig. il fut ordonné que les prêtres & les diacres vivroient en commun & fans propre. Pour commencer par fa propre églife, il y mit des chanoines reguliers qu'il fit venir de faint Frigdien de Luques dont il avoit été évêque ; & cette institution cut tant de fuccez, qu'elle s'étendit à plufieurs villes d'Italie, où s'établirent des communautez de chanoines reguliers unis en congregation, dont le chef étoit celle de Latran.

Toutesfois Boniface VIII. donna le fecond jour de Septembre 1299. une bulle, où il dit : Nous avons confideré la vie dereglée des chanoines reguliers de cette églife, & leur impuiffance pour la défenfe de fes droits ; & nous avons jugé qu'el le ne pouvoit étre retablie que par des clercs feculiers' parce que l'engagement de la vie religieufe empêchoit de trouver des hommes puiffans & lettrés, capables de défendre les biens & les droits de cette églife, & de la remettre dans fa fplendeur. C'est pourquoi aprés en avoir déliberé avec nos freres, nous avons ordonné par leur confeil, que l'églife de Latran feroit défervie à perpetuité par des clercs féculiers; & ayant ôté les chanoines reguliers qui y demeuroient nous y avons établi quinze perfonnes choifies en qualité de chanoines. Or cette fupreffion des Mmm m iij

Rain. 1299. n. 33,

AN. 1299.

LXVII.
Concile de

Reuen

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11. conc. p.

e. 3. 4. 5.

chanoines réguliers dans l'églife de Latran fit bientôt tomber la congregation entiere.

Le nouvel évêque de Lizieux Jean de Samois affifta au concile de Rouen, celebré cette année par l'archevêque Guillaume de Flavacourt au prieuré de Notre-Dame du Pré, aujourd'hui de Bonne-Nouvelle, le Jeudy d'aprés l'octave de la Pentecôte, c'eft-à-dire le dix-huitiéme de Juin. On y fit un décret divifé en fept articles, dont le premier montre le déreglement du clergé. Des curez & d'autres beneficiers paroiffoient en public avec des habits courts & l'épée au côté : ils tenoient chez eux des concubines ou d'autres femmes fufpectes: ils exerçoient des charges dans les justices féculieres, prenoient à usure & vivoient dans la débauche & les excés de la table. Pour les retenir par la crainte des peines temporelles, aufquelles ils étoient plus fenfibles qu'aux fpirituelles, le concile ordonne que pour chacun de ces excés ils perdront les fruits de leurs benefices pendant une année, & s'ils continuent un an fans fe corriger, ils perdront les benefices mêmes.

La plupart des autres articles de ce décret regardent la jurisdiction ecclefiaftique ; que les féculiers s'efforçoient toûjours de reftraindre. Enfin il eft défendu aux prélats de confier à l'a6. venir aux freres Prêcheurs, aux freres Mineurs ou a quelqu'autres religieux que ce foit, le pouvoir d'abfoudre des cas qui leur font refervez: fi ce n'eft à quelques religieux, dont ils con

noiffent en particulier la capacité; & fans que ces AN. 1299. commiffions donnent atteinte au devoir de la con

feffion annuelle au curé.

Cette même année le pape Bonificace donna Rain. n. 39. des pouvoirs trés-amples à des freres Prêcheurs qu'il envoya chez les Grecs, les Bulgares, les Ruffes, les Iberiens, les Sarrafins, les Tartares, les Indiens & les autres nations Septentrionales & Orientales. Il leur permet de communiquer avec les excommuniez, de les abfoudre, de rehabiliter les clercs, de donner des difpenfes pour la validité des mariages, donner des indulgences & commuer les vœux, & ce qui paroît le plus fingulier de donner aux Neophites la clericature & l'ordre d'Acolyte. Ea bulle eft du dixième d'Avril 1299.

IXVIII. Eglife de Dene

Pontan. lib. VII.

p. 377.

Depuis prés de dix ans le roi de Danemarc étoit en differend avec l'archevêque de Lunden. marc. L'archevêque Jean Droffe étant mort en 1289. on élût à fa place d'un confentement unanime Jean Grandt évêque, ou felon d'autres, prevôt de Rofchild; mais cette élection ne plût pas au roi Eric VII. ni à la reine fa mere, qui avoit la principale autorité fous ce prince, âgé feulement de quinze ans. La raifon de leur mécontentement étoit la liaison de parenté qu'avoit ce prélat avec Jacques comte de Halland & quelques autres rebelles. Il ne laiffa pas d'aller à Rome malgré le roi poursuivre la confirmation de fon élection, & l'obtint. Etant de retour il tint un concile à Rof- p. 378. child en 1291. ou 1292. dans lequel il travailla

AN. 1299.

p.379.

.380.

principalement à la confervation des droits & des privileges de l'églife, qu'il prétendoit avoir reçû des atteintes confiderables fous les deux derniers rois Chriftofle & Eric VI.

En 1294. on mit en prifon Rannon qui avoit été chambellan du même roi Eric pere du roi regnant, & qui étoit un des conjurez qui avoient P-373- affaffiné ce prince en 1286. Il était neveu de l'archevêque de Lunden; & ayant été mis à la ques tion, il confeffa fon crime & fut executé à mort. Peu de tems aprés Chriftofle frere du jeune roi fit emprisonner par fon ordre l'archevêque même & Jaque Lang prevôt de l'églife de Lunden: comme ayant été l'un & l'autre d'intelligence avec les conjurez, & leur ayant donné fecours. Mais afin que l'absence du pasteur ne nuifit point au troupeau, le roi par fes lettres du quinziéme de Juillet, déclara qu'il prenoit sous fa protection le chapitre de Lunden & tout le clergé du diocéfe. Le prevôt Lang fe fauva de prifon quelques femaines aprés fa détention, s'en alla à Rome, & fit de grandes plaintes au pape de la maniere dont on l'avoit traité & l'archevêque auffi.

Rain. 1295 n. 50,

Le pape Boniface envoya en Danemarc Ifarn archiprêtre de Carcaffonne, avec une lettre au roi, où il lui reproche d'avoir fuivi de mauvais confeils en faifant emprisonner l'archevêque de Lunden. En quoi, dit-il, vous avez notablement offenfé la majefté divine, méprise le faint fiege & bleffé la liberté ecclefiaftique, C'est pour

quoi nous vous prions & vous ordonnons de
mettre en liberté l'archevêque, & lui permettre
de venir librement en nôtre prefence avec nôtre
nonce Ifarn. Nous voulons auffi que vous nous
envoyez au plûtôt des ambaffadeurs, qui puiffent
nous inftruire pleinement de l'état de vôtre royau-
me; afin que nous puiffions travailler efficacement
à y rétablir la paix. La lettre eft datée d'Anagni le
ày
vingt-troifiéme d'Aoust 1295.

Cependant l'archevêque de Lunden étoit gar

AN. 1300.

dé dans une tour les fers aux piés, & toutefois il Pontan. p. 3801 fit fi bien qu'il s'en tira par le moyen d'une lime & d'une échelle de corde qu'on lui porta enfermées dans un pain. Il paffa d'abord dans l'ifle de Bornholm, & enfuite en cour de Rome, où le roi de Danemarc envoya des ambassadeurs au desir du pape favoir Martin fon chancelier & Gui p. 388, prevôt de Ripen. Le pape nomma quelques cardinaux pour commiffaires; & aprés que l'affaire eut été long-tems examinée & à grands frais, le pape excommunia le roi, le condamna à quarante-neuf mille marcs d'argent envers l'archevêque, & mit le royaume en interdit. Le nonce Ifarn fut p. 38 envoyé en 1298. pour faire executer cette fentence; & comme il étoit à Lubec, où il s'arrêta quelque tems, Jaques Lange prevôt de Lunden mourut. Au mois de Janvier de l'année fuivante 1299. le nonce entra nonce entra en Danemarc, & fit publier l'interdit à Odenzée dans l'ifle de Funen. Enfuite vers le carême, qui cette année commençoit le quatriéme de Mars, il écrivit au roi une Tome XVIII. Nnnn

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