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lettre, où il lui déclaroit la fomme qu'il étoit AN. 1299.. condamné de payer à l'archevêque : le menaçant, s'il n'y fatisfaifoit, de perdre fa couronne, qui feroit donnée à un autre. Cette lettre n'opera qu'un fauf conduit à l'archevêque pour venir à Copenhague & tenter de terminer l'affaire à l'amiable; mais le prelat demeura dans l'ifle de Bornholm, & fe contenta d'envoyer à la conference un chanoine de Rofchild pour agir en fon nom.

Rain. 1299. n. 10..

Le roi Eric & le duc Chriftofle fon frere avoient: cependant fait prier le pape Boniface de lever les cenfures, offrant de fatisfaire l'archevêque, fur quoi le pape écrivit au nonce Ifarn de lever les cenfures à cette condition; la lettre eft du dixhuitiéme de Mars 1299. En même tems le pape: lui donna pouvoir de confirmer le mariage du roi avoit Ingeburge fœur du roi de Suede, quoi que contracté au quatrième degré de parenté, & de lui accorder quelques autres graces; le tout aprés qu'il auroit été abfous de l'excommunication en- ' Pont. p. 382, 383. Couruë par la capture de l'archevêque. La conference de Copenhague dura long-tems; & enfin le nonce Ifarn donna sa sentence, par laquelle il adjugea à l'archevêque le tiers de la ville de Lunden,& de la fabrique de la monoye, & les domaines qu'avoit le roi dans l'ifle de Bornholm & dans le diocéfe: de Lunden. Mais le roi apella au pape de ce jugement; & le nonce ne leva point l'interdit; enforte que l'office divin ceffoit par tout où le roi & la reine le trouvoient..

La même année Tyco évêque de Ripen en

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Jutlande étant mort l'archidiacre Chriftierne AN. 1300.
lui fucceda, & fonda dans la ville des biens de fon
patrimoine un college avec des revenus fuffifans
pour vingt pauvres écoliers.

LXIX. Inftitution du

Jac. Stefanefe.

card. ap Rain.

an. 1300.n. 1.2.

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Il se répandit alors un bruit à Rome que l'année fuivante 1300. tous les Romains qui vifiteroient Jubilé. l'église de saint Pierre gagneroient une indulgence pleniere de tous leurs pechez, & que chaque centiéme année avoit cette vertu. Če difcours étant venu jufqu'au pape Boniface, il fit chercher dans les anciens livres, mais on n'y trouva rien de clair pour l'autorifer. Le premier jour de Janvier fe paffa prefque entier fans qu'on vît rien d'extraordinaire, mais le foir & jufqu'à minuit il fe fit à faint Pierre un concours prodigieux de peuple, qui s'empreffoit d'y venir, comme fi l'indulgence devoit finir avec cette journée. Ce concours dura prés de deux mois Les uns difant que le premier jour de la centiéme année on gagnoit l'indulgence pleniere, les autres que c'étoit feulement une indulgence de cent ans. La preffe fut grande le jour où l'on montroit la Veronique, c'eft-à-dire, la fainte face de N. S. C'étoit le dimanche aprés l'octave de l'Epiphanie, sup. liv. zxxvá lequel fe rencontroit cette année le dix-feptiéme de Janvier.

Le pape qui refidoit au palais de Latran, obfervoit attentivement cette devotion du peuple, & la favorifoit. Il fit venir devant lui un vieillard qui difoit avoir cent fept ans, & qui dit en prefence de plufieurs témoins appellez exprés : Je Nnnn ij

n. 11.

du

AN. 1300.. me fouviens qu'à l'autre centiéme année mon pere qui étoit un laboureur vint à Rome, & y demeura pour gagner l'indulgence autant que rerent les vivres qu'il avoit apportez; il m'avertit de ne pas manquer d'y venir à la prochaine cen-tiéme année, fi je vivois encore, ce qu'il ne croyoit pas. Quelques-uns des affiftans ayant demandé à ce vieillard ce qui l'avoit fait venir à Rome, il dit que l'on pouvoit gagner cent ans d'indulgence chaque jour de cette année. On avoit en France la même opinion de l'indulgence qu'on gagnoit à Rome, comme témoignoient deux hommes du diocefe de Beauvais, âgez de.: plus de cent ans, & plufieurs Italiens parloient de

Rain. n. 47 Extrav. comm. de pœnit.c. 1.

même.

Aprés ces informations le pape confulta les cardinaux, & fuivant leur avis il fit dreffer une bulle, où il dit: Selon le rapport fidele des anciens, il y a de grandes indulgences accordées à ceux qui vifitent l'églife du prince des apôtres. Nous les confirmons & les renouvellons toutes; mais afin que faint Pierre & faint Paul foient plus honorez, & leurs églifes plus frequentées, nous accordons indulgence pleniere à tous ceux, qui étant vrayement repentans & s'étant confef-fés vifiteront refpectueufement lesdites églifes durant la presente année 1300. commencée à Noël dernier, & toutes les centiémes années fui-vantes. Ordonnant que ceux qui voudront participer à cette indulgence, s'ils font Romains, vifiteront ces églifes pendant trente jours de fui

,

te ou interrompus, & au moins, une fois le jour : s'ils font de dehors ils les vifiteront de même pendant quinze jours. Mais plus ils y viendront fouvent & devotement, plus l'indulgence fera efficace. La date est du vingt-deuxième de Février fête de la chaire de faint Pierre, & la bulle fut publiée le même jour. Remarquez qu'il n'y est point parlé de Jubilé, ni de l'exemple de l'ancienne loi..

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AN. 1300.

Cette bulle fut reçûë avec une extrême joye des Rain. u. 3. peuples. Les Romains les premiers fans diftinction d'âge & de fexe, vifitoient les églises des apôtres pendant le nombre de jours prefcrits. Enfuite ont y vint de toute l'Italie, de Sicile, de Sardaigne, de Corfe, de France, d'Espagne, d'Angleterre, d'Allemagne, de Hongrie. Non feulement les jeunes gens & les hommes vigoureux y venoient mais les vieillards de foixante & dix ans, & des infirmes portez dans des litieres. On remarqua entre autres un Savoyard âgé de plus de cent ans, que fes enfans portoient, & qui fe fouvenoit d'avoir affifté à la ceremonie de l'autre centiéme année. Ces circonftances font rapportées par le cardinal Jaques Stefanefchi, qui étoit alors à Rome, & avoit part aux confeils du pape. L'historien Flo- J. Will. v111. rentin Jean Villani rend le même témoignage, & dit, que la plus grande merveille qu'on y eut jamais vûë, fut que pendant toute l'année il y eut continuellement à Rome deux cens mille pelerins, outre le peuple Romain, fans compter ceux qui étoient par les chemins ; & tous furent pourNnnn iij

c. 36.

A N. 1300.

vûs fuffifamment de vivres, tant les hommes que
les chevaux. Je puis, ajoûte-t-il, en rendre témoi-
gnage, puisque j'y fus present; & des offrandes
des pelerins vint un grand tréfor à l'églife, & les
Romains s'enrichirent tous par le debit de leurs
denrées.

Fin du dix-huitiéme Volume.

!

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