le cardinal la confera à Jean de Villier-le-fec. Le AN. 1266. XLV. Reproches au Jacques le conquerant roi d'Arragon, demandoit au pape Clement la diffolution de fon mariage Roi d'Arragon. avee la reine Therefe fa femme, prétendant qu'elle étoit infectée de lépre ; & vouloit époufer Be- Rain. m. 27′′ rengere, qu'il entretenoit depuis long-tems. Sur quoi le pape lui répondit : Comment le vicaire de Dieu, feparera-t-il ceux que Dieu a conjoint? qu'il nous préferve de violer fes loix pour plaire aux hommes. Quand vous ne feriez pas marié avec la reine, vous n'avez pas dû croire que nous vous accordaffions difpenfe pour époufer cette concu bine, que vous avouez être bâtarde. Si vous demandez ce que vous devez faire, ne pouvant habiter avec la reine fans mettre vôtre perfonne en pe ril; la réponse eft facile, fouffrez cet accident que Dieu vous a envoïé, fans vous en prendre à celle qu en fouffre la premiere. Si toutes les reines du monde devenoient lepreufes, & que les rois nous demandaffent permillion de fe marier à d'autres, nous la refuferions à tous : quand toutes les mai fons roïales devroient perir faute d'enfans. ConAN. 1266. fiderés le roi de France avec lequel vous avés fait amitié, confiderés vôtre âge avancé ; & ne dites point que vous ne pouvés vous contenir, Dieu ne commande point l'impoffible, mais les pecheurs difent toujours qu'ils ne peuvent ce qu'en effet ils ne veulent pas. La lettre eft du dix-feptiéme Fevrier 1266, Sup. Enfuite le pape aïant feu que le roi d'Arragon avoit pris fur les Mores la ville de Murcie, lui La..25. écrivit pour le feliciter de cette victoire.Mais, ajoûte-t'il, nous sommes affligés de voir en même tems le vainqueur de tels ennemis fuccomber à sa pasfion, & mener fcandaleufement à fa fuite une femme avec laquelle il continue de commettre un adultere mêlé d'incefte. Confiderés que vous aprochés de la fin inévitable de la vie, & que fi vous ne vous purifiés auparavant, vous n'arriverés point au roïaume où il n'entre rien d'impur. La lettre eft du cinquiéme de Juillet. Jacques étoit roi d'Arragon depuis cinquante-trois ans, & en avoit foixante-deux. Par une autre lettre le pape l'exhorte à chaffer les Sarrafins des terres de fon obéïffance, lui reprefentant combien leur fejour y eft dangereux pour le temporel & pour le spirituel. Quoi qu'ils cachent, dit-il, leurs mauvais deffeins pour un tems par contrainte, ils cherchent ardemment l'occafion de les decouvrir : c'eft nourrir un for pent dans fon fein, que de garder chés foi de tels ennemis. Un petit avantage qui vous en revient ne doit pas l'emporter fur la honte de les voir au Rain. n. 29. Indic: Arrag. p. $0,1 milieu des Chrétiens exalter tous les jours à cer- AN. 1266, taines heures le nom de Mahomet ; & vous donnés lieu de foupçonner qu'en leur faisant la guerre dés vôtre jeunesse, vous avez moins cherché la gloire de la religion, que vôtre interêt particulier. Rain. 1267.n.33 Quelque tems aprés le roi d'Arragon manda au pape qu'il fe propofoit d'aller au fecours de la terre fainte: fur quoi le pape lui repondit: Vous devez favoir que J. C. ne peut agréer le fervice de celui qui le crucifie de nouveau, par un concubinage incestueux. Quittez donc Berengere & l'éloignez de vous abfolument: autrement nous vous y contraindrons par les cenfures ecclefiaftiques. La lettre Chr. Barcito. 10: est du feizième de Janvier 1267. Le roi fut choqué Spicil p. 6 23. de ces avertissemens ; & ne laissa pas de partir en fuite pour la croifade: mais fans effet. XLVI. Germain quitte Pachym. iv. a13i. A Conftantinople le patriarche Germain dés le commencement de fon pontificat s'appliqua à lege de C. P. honorer les hommes diftinguez par leur vertu ou par leur doctrine: leur donnant des dignitez, des prefens & toutes les marques d'amitié. Car il avoit un fouverain mépris pour l'argent, jufques là qu'il n'avoit point de bourse: mais il faifoit mettre ce qu'on lui apportoit fur la natte qui lui fervoit de lict, pour l'avoir plus en main afin de le diftribuer. Ceux qui ne l'aimoient, pas tournoient en mal ces bonnes qualitez. Ils traitoient fa fimplicité d'indifference; fon refpect & fon menagement avec l'empereur, de flaterie & de foibleffe; & ceux qui n'obtenoient pas par fon moïen ce qu'il leur faifoit efperer, croioient qu'il les amufoit de paroles, AN. 1266. Or il avoit grand nombre d'ennemis, comme aïant ufurpé le fiege du patriarche Arfene; & aïant quitté la fille pour la mere, c'eft-à-dire, l'église d'Andrinople pour celle de C. P. Entre les gens de merite avancez par le patriarche Germain, on remarque Manuel Holobole, jeune homme d'un grand efprit & d'une grande litterature; mais qui étoit tombé dans la difgrace de l'empereur Paleologue', pour avoir temoigné un B.111.1 grand reffentiment de l'aveuglement du jeune empereur Jean Lafcaris. Paleologue en fut tellement irrité, que fous d'autres pretextes inventez, il fit couper le nez & les levres à Holobole : qui aussitôt s'alla cacher au monaftere du Precurfeur, & y prit l'habit monaftique. Le patriarche Germain voulant donc rendre utiles à l'églife les grands talens de ce jeune homme, parla ainsi à l'empereur. 7.6.14. George Acropolite le grand logothete, qui par votre ordre enfeigne depuis long-tems les sciences, ne peut plus fuffire à ce travail; & il eft neceffaire de lui donner un fucceffeur, particulierement pour l'instruction des ecclefiaftiques. Accordez donc à mes prieres & au befoin de l'églife, de faire ceffer vôtre indignation contre Holobole, pour le mettre à cette place. L'empereur l'accorda aussi-tôt, défirant de fon côté de rétablir C. P. en fon ancienne fplendeur. Et dans cette vûë il mit un clergé avec une retribution convenable à l'églife des apôtres, & une autre à celle de Blaquernes. De plus à l'ancien hôpital de faint Paul deftiné pour les or felins, il établit une école de grammaire avec des AN. 1266. penfions annuelles pour le maître & pour les enfans. Hy alloit même quelquefois pour les connoître & voir le progrés qu'ils faifoient, & leur donnoit pour les exciter des prix ou des congés. C'est ainsi qu'Holobole étant forti du monaftere, reçût du patriarche Germain les provisions de reteur, & ouvrit fon école à tout le monde. Cependant l'empereur découvrit une confpiration contre fa vie, à laquelle on pretendoit que le .15. patriarche Arfene avoit eu part. L'empereur prit l'affaire chaudement, défera Arfene au concile & en demanda justice avec grand empreffement. Le concile deputa vers Arfene quatre commissaires; deux évêques, celui de Néocefarée & celui de Protonese; deux clercs, le fecretaire Galien & George . 16. Pachymere, qui a écrit l'histoire du tems. Ils partirent de C. P. le vingt-cinquième de Juillet; & étant arrivez à l'ifle de Proconefe, ils declarerent à Arfene leur commiffion. Dés les premiers mots il fut outré de douleur & de colere, & dit : Quel mal ai-je fait à l'empereur ? je l'ai trouvé simple particulier, & je l'ai élevé à l'empire; il m'a trouvé patriarche & m'a deshonoré pour de mauvaises raiCons; & maintenant je fuis dans ce défert comme un malheureux exilé, reduit à attendre de jour en jour la charité des Chrétiens. Toutefois je fuis content du paffé, & Dieu beniffe fon patriarche. Mais quand on déplia la plainte pour la lire, Arfene fachant d'ailleurs ce qu'elle contenoit, fit tous les efforts pour l'empêcher, comme on en Tome XVIII. M |