par la profondeur de leurs recher- J. BE R ches; mais il fçavoit admirablement NA R D. bien en expliquer les principes. Il. n'avoit eu, quand il alla en Hollande, gueres d'autrejidée de Philofophie, , que celle qu'on peut puifer dans Defcartes & fes difciples; mais il s'appliqua depuis à la lecture des Philofophes Anglois, & profita de leurs lumieres.

Quoiqu'habitué dès l'âge de vingt & un an à prêcher, il ne laiffoit pas d'écrire fes fermons & de les appren dre par cœur, perfuadé que les fermons écrits font toûjours plus exacts, & pour le fond des chofes, & pour l'expreffion, que ceux qu'on prononce de l'abondance du cœur. L'expres fion étoit cependant ce à quoi il s'attachoit le moins; son stile même péchoit fouvent par des expreffions baffes, qu'on eût à peine fouffert dans la converfation. Mais une grande force de raifonnement, beaucoup d'ordre, des explications claires, & à la portée de tout le monde, une morale fort détaillée, dédommageoient avantageusement l'Auditeur du peu de choix des termes. Le foin

NARD,

J. BB R- qu'il avoit de s'informer de ce qui fe paffoit parmi fon troupeau, le rendoit quelquefois incommode; mais par là il rendoit fes exhortations plus juftes & plus utiles. Il n'a fait imprimer aucun de fes Sermons, mais on en peut juger, par deux Ouvrages de Morale qu'il a publiez, & qui font proprement des Traitez compofez de Sermons, qu'il avoit prononcez fur

ces matieres.

Il s'occupoit encore à dreffer à l'Eloquence plufieurs jeunes Theologiens, & leur donnoit des Leçons fur l'Art de prêcher. Il leur expliquoit l'Orator Sacer de Saldenus mais pour l'ordre feulement, car il le réfutoit prefque par tout.

Quoique d'un bon temperament, il n'a pu réfifter long-temps à tant de travaux & d'occupations. Il fut attaqué au mois de Mars 1718. d'une inflammation de poitrine, dont il. avoit été men acé depuis long-temps. Il crut d'abord que ce ne feroit rien, mais après quelques jours de maladie, fon mal augmenta confiderablement, & l'emporta le 27. Avril 1718. \dans fa foix antiéme année. Il a laiffé

fa veuve avec trois enfans, un fils & J. BERT deux filles.

Ouvrages qu'il a donnez au Public. 1. En 1691. M. le Clerc, qui avoit fait jufqu'alors la Bibliotheque univerfelle, ayant abandonné eet Ouvrage, pour s'appliquer à la compofition du volume qu'il donna trois ans après fur la Genese, M. Bernard fe chargea de la continuation; il fit la plus grande partie du tome 20. & les fuivans jufqu'au 25. qui parut à la fin de l'année 1693. & qui fut le dernier, la mort du Libraire ayant fait discontinuer cet Ouvrage.

NARD.

2. En Janvier 1699. il entreprit de continuer la Republique des Lettres interrompue depuis dix ans, & y travailla jusqu'au mois de Decembre 1710. Le Libraire s'étant défait des exemplaires qui lui reftoient, & M. Bernard n'ayant pû s'accommoder avec celui qui les avoit achetez, l'Ouvrage ceffa de paroître jusqu'à 1716. M.E 1.Bernard le reprit de nouveau; il l'a continué jufqu'au mois de Mars & Avril 1718. c'e'ft-à dire jufqu'à fa mort. Il eft conftant qu'il avoit tous les talens neceffaires pour une telle

que

J. BER- entreprise, il ne lui manquoit que NARD, du temps pour y réuffir parfaitement. 3. Recueil de Traitez de Paix, de Treve, de Neutralité, de fufpenfions d'Armes, Alliances, d'autres

Alles publics, &c. faits entre les Empereurs, Rois, Republiques, Princes autres Puiffances de l Europe, & des autres parties du monde, depuis l'an de J. C. $36. jufqu'à prefent: le tout redigé par ordre chronologique, & accompagné de notes. La Haye 1700. 4. vol. in-fol. C'eft M. Bernard qui a eu foin de cette édition. Ila traduit quelques-unes des Pieces qui compofent ce Recueil, & a fait la Preface qui eft

à la tête.

4.

Theatre des Etats de S. A. R. le Duc de Savoye, traduit du Latin en François. La Haye 1700. in-fol. 2. vol. Cet Ouvrage parut en Latin en 1682. & en Flamand en 1697. M. Bernard a cru devoir le traduire en François.

5. Traité de la repentance tardive. Amfterdam 1712. in-12. Les Journaliftes de Leipfic ayant fait un extrait de cet Ouvrage dans le mois de May 1713., dont M. Bernard fut choqué

choqué, il leur répondit par une J. BE R Lettre aux Journalistes de la Haye, N AR D. inferée dans le Journal Litteraire

tom. 3. p. 413.

6. De l'Excellence de la Religion, à quoi l'on a joint quatre difcours (fur differens fujets.) Amfterdam 1714. in8°. 2. tomes. Il prétend faire voir dans cet Ouvrage, que la Religion n'a rien que de doux & d'aimable.

7. Supplément au Dictionaire de Morery. M. Bernard avoit travaillé depuis quelques années à faire un Supplément au Dictionaire de Morery des éditions de Hollande. Il avoit fait pour cela un grand amas de materiaux qui demeurerent dans fon cabiner jufqu'en 1714. qu'une 4. éditionqui fe faifoit de ceDictionaire,engagea les Libraires à le prier de leur donner ce qu'il avoit de prêt, pour le joindre au Supplément imprimé àParis en 1714. Il le fit, & le tout joint enfemble a fait deux volumes in fol. qui parurent en 1716. à Amfterdam.

8. Remarques fur les differentes éditions des Livres. Elles font inferées dans la Republique des Lettres du mois de Novembre 1703.