Imágenes de páginas
PDF
EPUB

d'une maniere digne de luy ; auffi bien que de ne pas croire feulement, qu'il peut faire & qu'il fait effectivement des miracles.

Mais de le prier encore, qu'il en faffe fur nous-mêmes, en détruifant ce que nous avons du vieil homme, en nous rendant de nouvelles créatures, & en nous ôtant notre cœur de pierre pour nous en donner un de chair, felon l'expreffion du prophete; c'est-àdire un cœur doux & tendre, flexible à toutes les volontez, & fufceptible de toutes les impreffions de fa

grace.

[blocks in formation]

554

*

IL FAUT PREFERER fes devoirs aux attraits de devotion,

L

I.

[ocr errors]

A felicité du ciel confiste à être affujetti à la volonté de Dieu, dont la lumiere de la gloire nous fera voir clairement & fans voile, la juftice & la fainteté ; mais la vertu de la juftice confifte à aimer cette volonté connue par la lumiere de la foy, à la fuivre & à l'executer par une obeiffance exacte & fidele à toutes les loix de Dieu,

II.

C'eft dans la vûe de cette exactitude que Dieu demande dans l'execution de fes volontez,& dans l'obfervation de fes préceptes, que David s'écrie: Vous avez commandé, Seigneur, qu'on obfervât vos commandemens avec un ex

tréme foin: Tu mandafti mandata tua cuftodiri nimis. Ce faint prophete ne P ouvoit fe fatisfaire dans ce foin ; & il voyoit toujours que quelque grand que fût celuy qu'il y apportoit, il étoit en core beaucoup au deffous de celuy auquel il fe fentoit obligé.

III.

La pieté veritable & folide confiftant donc dans cette fidelité à accomplir la loy de Dieu, il en faut tirer la regle fur laquelle il faut examiner tout état interieur, toute maniere de devotion & toute forme de vie; car tous les états, toutes les devotions, toutes les pratiques qui nous éloigent de l'obfervance de nos devoirs font mauvaises. C'est Dieu même qui le décide expreffément dans l'apôtre faint Jean : Celuy, dit-il, qui fe vante de me connoître, & qui n'obferve point mes commandemens, eft un menteur, & la verité n'eft point en luy. La charité de Dieu, dit encore cet apôtre, c'eft d'obferver les commandemens: Hac enim caritas Dei ut mandata ejus cuftodia

mus.

IV.

C'est pourquoy ce faint ne dit pas, que celuy qui eft bien recueilli, bien confolé, bien appliqué & qui a de grands fentimens de devotion est juste ; il dit que c'eft celuy qui accomplit la la juftice. De même l'apôtre faint Pier re ne nous renvoye point pour affurer notre vocation, c'est - à - dire, pour nous affurer que nous fommes folidement à Dieu, au fentiment de devotion, au recueillement que nous avons dans nos prieres; mais il nous renvoye à nos bonnes œuvres : Ayez foin, ditil, de rendre votre vocation certaine par vas bonnes œuvres.

V.

Enfin, Jefus-Chrift en nous avertif fant dans fon Evangile, qu'il n'y aura que ceux qui auront accompli la volonté de fon Pere, qui entreront dans le royaume de Dieu; & qu'il y en aura plufieurs qui luy diront, Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophetifé, chaffé les démons & fait des miracles en votre nom; à qui il répon

dra, qu'il ne les connoît pas; nous

donne lieu de conclure le même de toutes les autres graces, qui peuvent être feparées de cette fidelité & de cette exacte obeiffance à fes loix, & nous oblige ainfi à ne juger que par là du veritable état de notre ame.

V I.

Il s'enfuit de là, qu'on ne doit jamais oppofer, ni mettre en balance ce qu'on appelle attrait,avec ce qui eft de devoir; & lorfqu'ils font contraires, il faut renoncer à l'attrait pour fuivre le devoir Cela ne fe doit pas feulement obferver à l'égard des devoirs generaux & des commandemens communs de Dieu ou de l'Eglise, mais auffi à l'égard des devoirs particuliers qui naiffent de notre conduite & de notre état. Une femme mariée doit préferer ce qu'elle doit à fon mary à tous fes attraits, inftincts, & fentimens. Une mere de famille doit faire de même à l'égard de ce qu'elle doit à fes enfans & à fes domeftiques.

VII.

Cela n'a pas lieu seulement quand A a a iij

« AnteriorContinuar »