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DES ÊTRES SENSIBLES:

OU

COURS COMPLET
DE PHYSIQUE,
SPECULATIVE, EXPÉRIMENTALE;
SYSTÉMATIQUE ET GÉOMÉTRIQUE,
MISE A LA PORTÉE DE TOUT LE MONDE :

AVEC une Table alphabétique des Matieres, qui en
fait un vrai DICTIONNAIRE DE PHYSIQUE.
Nouvelle Edition

rectifiée, perfectionnée, affortie
aux modernes Découvertes, & augmentée d'un
cinquieme Volume.

Par M. l'Abbé PARA DU PHANJAS.

TOME

TROISIEME.

LES MÉTÉORES, LA LUMIERE, LE FLUID 3
IGNÉ, LE FLUIDE ÉLECTRIQUE.

A PARIS,

Chez BARROIS l'aîné, fucceffeur de MM. CH. ANT.
JOMBERT pere & CELLOT, Libraires pour l'Artillerie
& le Génie, Rue des Grands Auguftins: la troifieme Porte
cochere à gauche en entrant par le Quai.

1.7 8 6.

Avec Approbation, & Privilège du Roi.
FOR LIBRAR

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SUITE DE LA THEORIE DE L'AIR.

LA NATURE DES MÉTÉORES.

784. DÉFINITION. ON Homme Météores (*);

certains phénomenes, certains effets naturels, qui naiffent & qui fe montrent dans le corps de l'Atmofphere; c'est-à-dire, dans cette immenfe couche de Fluide aérien qui nous enveloppe de toutes parts audeffus de nos têtes.

On les divife communément en Météores aqueux, en Météores lumineux, en Météores ignés, en Météores aériens; & telle eft la divifion que nous allons fuivre & développer.

Mais n'oublions pas d'avertir ici nos. Lecteurs

(*) ETYMOLOGIE. Météore: de preopws, altus, fublimis, haur, élevé.. Effet qui eft produit ou Spectacle qui fe montre dans un lieu élevé, dans une région placée au-deffus de nos têtes.

qu'ils ne doivent point s'attendre, dans cette partie de la Phyfique, à des démonftrations toujours bien fenfibles & bien triomphantes. Les Météores préfentent prefque toujours, dans leur conftitution & dans leur formation, quelque partie obfcure, quelques myfteres impénétrables; que toute la fagacité des plus grands Phyficiens & des plus profonds Naturaliftes, ne viendra jamais à bout de concevoir & de faifir dans tout leur enfemble de caufes & d'effets.

ASCENSION

DES VAPEURS

ET DES EXHALAISONS.

785. OBSERVATION. L'Atmosphere terreftre, ce Fluide invifible qui enveloppe notre Globe, qui participe à fon Mouvement diurne & annuel, n'eft jamais une substance purement aériene. Tout ce qui fermente & pourrit, tout ce qui végete & tranfpire, tout ce que l'action de l'Air & du Feu peut exalter & volatilifer, les fubftances aqueufes, les fubftances huileuses, les fubstances gafeufes, s'y rendent de toutes parts en imperceptibles torrens; s'y combinent ou s'y mêlént avec la maffe aériene, jufqu'à une certaine hauteur; & y donnent naiffance aux différentes efpeces de Météores. (685).

L'Atmosphere terreftre, comme nous l'avons déjà obfervé dans le Volume précédent, eft donc ce mélange & cet ensemble d'Air, de Vapeurs, d'Exhalaifons, qui forme autour de la Terre, une Couche ellipfoïdale d'environ quinze lieues de hauteur : couche dont l'Air fait la partie principale, & dont les Vapeurs & les Exhalaisons ne font que la partie acceffoire & accidentelle. (685 & 743).

L'afcenfion des Vapeurs & des Exhalaifons dans la maffe de l'Air, dans l'Atmosphere, eft un fait certain & connu de tout le monde. Mais quelle en eft la caufe? Quel en eft le mécanifme phyfique? C'eft ce

dont il n'eft pas facile de donner une raifon bien dé cifive & bien fatisfaifante..

1o. Il paroît que la Chaleur eft une des principales. caufes de ce phénomene: mais elle n'eft pas la feule; puifque l'exaltation des Vapeurs & des Exhalaifons n'eft pas proportionnelle à la chaleur; & que fou vent, dans un très-grand froid, la neige difparoît, la glace diminue; la glace & la neige s'exaltent en va peurs.

II°. Il eft certain que l'action de l'Air, contribue pour beaucoup à l'exaltation des Vapeurs & des Exhalaifons. Mais comment & de quelle maniere s'opere ce phénomene?

On répond communément que les Vapeurs & les Exhalaifons font exaltées par la preffion de l'Air, qui fe trouve spécifiquement plus pefant que ces corpufcules immenfement dilatés ou divifés par la chaleur.

Mais cette raifon n'eft pas fuffifante, Car, pour qu'un Volume d'eau, par exemple, devienne fpécifi quement plus léger qu'un égal Volume d'air; il lui faut une dilatation qui rende fon volume au moins huit cent fois plus grand : dilatation qui exige une chaleur incomparablement plus grande que celle que nous avons dans les tems où nous voyons les Vapeurs s'élever avec la plus grande abondance.

III. Ne pourroit-on pas foupçonner une Affinité ou une Auraction Spéciale, entre l'Air & les Corpuf cules qu'il exalte & qu'il éleve : attraction affez femblable à celle qu'a l'eau pour les Sels qu'elle divife & avec lesquels elle fe combine? (105).

Dans cette hypothefe fi naturelle, l'action de la Chaleur & l'action de l'Air, concourant tantôt conjointement & tantôt féparément à l'afcenfion des Vapeurs & des Exhalaisons, rendroient raifon de ce grand phénomene, caufe certaine & indubitable de tous les Météores.

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