Elle pleuroit de joie en m'écoutant, & s'est écriée: Rien ne manque plus à mon bonheur ce jour sera donc le plus beau jour de ma vie !.... SÉLIMA. Ne croyois-tu pas entendre parler Sélima? Ève exprimoit tout ce que je sens. SUNIM. ..... .. Chère Sélima! juge donc de ce que je dois éprouver.... & quand j'ai vu le Bosquer nuptial!. Ève & les mères y sont encore. Elles forment les guirlandes & les couronnes de fleurs dont il sera paré.... Avec quel attendrissement, quel transport j'ai vu ces apprêts! Je me suis prosterné devant l'Autel : jamais, non jamais je n'ai prié avec tant de ferveur & de joie ! Quelles actions de graces n'aije pas rendues au Tout-puissant dans ce lieu sacré, où dans quelques heures ma destinée sera pour toujours unie à celle de Sélima, THIRSA. Mon frère, c'est Éliel qui portera le flambeau nuptial, & moi je porterai la couronne de roses de Sélima. Nous marcherons en avant pour aller au Bosquet, & je serai à côté d'Éliel.... On vient.... c'est notre père, peut être.... SÉLIMA. J'apperçois Seth; mais Adam n'est point avec lui. SCÈNE III. SÉLIMA, THIRSA, SUNIM, SETH. SETH, à part dans le fond du Théâtre. SÉLIMA, Thirsa!.... Il faut se taire. SUNIM. Seth, as-tu vu Adam? SETH. Oui, je l'ai trouvé affis à l'entrée de la forêt. SÉLIMA. Qu'a-t-il dit en apprenant l'heureuse nouvelle que tu lui portois? Ah, je me représente aisément l'excès de sa joie! Où est il maintenant? SETH. Il va revenir dans sa cabane.... THIRSA. Ma sœur, allons ici-près, dans la prairie, cueillir des violettes; nous en parfemerons le siége de verdure sur lequel notre père se repose en revenant des champs. SETH. Allez, mes sœurs; je vous appellerai si mon père revient avant vous. SÉLIMA. Tu nous le promets?.... Allons, viens, Thirsa. ( Sélima & Thirsa sortent en courant.) Juge toi-même fi mes craintes sont fondées.... J'ai trouvé mon père assis au pied d'un arbre. Aussi-tôt que je l'ap perçois, je m'écrie que nous avons l'espérance de revoir Éliel aujourd'hui même. Cependant mon père ne m'entend pas; le nom d'Éliel retentit en vain dans les airs, Adam reste immobile & plongé dans une sombre rêverie!... Je m'approche; alors Adam lève sa tête appesantie & tressaille en me voyant. . . . Une pâleur affreuse défiguroit ses trais.... Je le regarde avec un saifillementinexprimable; je l'interroge en tremblant, il ne répond que par des mots entre-coupés.... Je lui parle d'Éliel.... Il soupire, ses yeux se remplissent de larmes.... enfin il me dit qu'il va se rendre dans sa cabane, & il m'ordonne de le quitter & de ve nir l'attendre ici. SUNIM. De quel trouble secret, de quel chagrin peut-il être agité? SETH. Hélas, je l'ignore. Mais sans connoître ce chagrin, tout mon cœur déjà le partage... |