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SCÈNE II.

JÉPHONE, BOOZ, dans le fond du Théâtre ; il marche lentement en regardant avec attention toutes les jeunes Glaneuses.

JÉPHONE.

Booz ne me voit pas ; il paroît cher

cher quelqu'un ; c'est moi sans doute..... ( Il s'avance vers Booz.)

Booz.

Jéphoné?.....

JÉPHONE.

Me voici, mon maître.

Booz, d'un air distrait & rêveur.

Elle n'est pas ici!.....

JÉPHONE.

Qui donc ?

Booz.

Je ne te parle pas.

JÉPHONE.

Vous m'avez appelé ?

Booz s'arrête.

Dis-moi ?

J ÉPHON É.

Eh bien ? .... j'écoute.

Booz.

Jéphoné, ,.... sais-tu le nom de toutes les glaneuses...... qui viennent ordinai rement dans ce champ?

JÉPHONÉ.

Mais oui, à peu près; si vous le desirez je vais vous nommer toutes celles que vous voyez là bas ?

Booz.

Ét celles.... qui n'y sont pas aujour d'hui.... & qui, ces jours passés, s'y rendoient matin & soir?.... Par exemple..... je voudrois savoir le nom de cette jeune fille à laquelle j'ai parlé

hier?

JÉPHONE.

Je n'ai pas pris garde à cela; mais désignez-la moi cette jeune fille; qu'a-t-elle de remarquable?

Booz.

Sa beauté, un air de modestie, de can

deur....

JÉPHONÉ.

Oh sûrement c'est Ruth, la Moabite.

Booz.

Elle est étrangère ?

JÉPHONE.

Oui, & depuis peu à Béthléem.

Booz.

C'est pour sa mère qu'elle glanoit!... Ecoute, Jéphoné, quand tu la verras.... si elle revient.... sème des épis sur son passage, mais adroitement, sans qu'elle s'en apperçoive.....

JÉPHONE.

Oui, j'entends, comme vous m'avez

ordonné de faire pour tous les pauvres vieillards qui viennent glaner ici. O mon maître, il est juste que vos champs fructifient; le ciel les bénira toujours, les malheureux y trouvent leur subsis

tance!

Booz.

Je ne fais qu'obéir aux commandemens du Seigneur. Pour former l'homme à son image, le Créateur lui donna la pitié; pour le rendre heureux, il lui fit un devoir de céder à ce mouvement si doux sa loi juste & sainte nous ordonne d'être compatissans, & sa main divine mit au fond de tous les cœurs le senti

.....

ment qui nous y porte. Mais, Jéphoné!.... tourne les yeux vers cette colline....vois-tu cette jeune fille qui defcend de la montagne ?

JÉPHONE.

Eh quoi, ne la reconnoissez-vous pas? C'est Ruth, dont nous parlions tout-àl'heure.

Booz.

Il faut que je l'interroge sur sa famille, sur sa situation.

JÉPHONE.

Les moissonneurs s'éloignent & passent dans le champ voisin; Ruth, pour glaner, va s'arrêter dans celui-ci; voulez-vous que je l'appelle?

rien

Booz.

Oui, cours la chercher. Dis-lui.... que je lui demande un moment d'entre... &, pendant que je lui parlerai, répands de l'orge auprès de l'endroit où elle laissera son panier. Tu peux même y mettre une javelle toute entière. Elle aura bien la force de porter à sa maison une javelle & son panier rempli d'orge; qu'en penses-tu ?

9

JÉPHON É.

Oh, oui, d'autant qu'elle n'apporte qu'une corbeille légère & fort petite.

Booz.

Si cette corbeille est si petite ru

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