Imágenes de páginas
PDF
EPUB

PRÉFACE

DE L'ÉDITEUR. (a)

ON doit accorder à l'Auteur de ce petit Théâtre, le mérite

(a) Cette Préface, qui n'eft point de

l'Auteur, eft celle qui fut faite pour la première édition. On avoit gravé à la tête de cette édition la devife de l'Auteur, qui eft une lampe avec ces mots : pour éclairer je me confume. Et comme c'étoit non l'Auteur, mais l'Éditeur qui parloit, on écrivit : pour éclairer tu te confumes. On a depuis écrit & répété fouvent, qu'il y avoit beaucoup d'orgueil dans sette devife, & il eft bien aifé de prouver l'injuftice de cette accufation. L'Auteur avoit vingt-trois ans quand elle a pris cette devise, qui fe rapportoit uniquement à ses enfans elle travailloit dès-lors pour eux, & pour écrire fans diftraction elle n'écrivoit que la nuit, ce qui lui donna l'idée de fa devifeElle étoit d'ailleurs très-décidée à ne jamais

[ocr errors]

d'avoir créé un genre de Pièces dont perfonne n'avoit encore conçu l'idée; ce genre peut fans doute être perfectionné, mais pourroiton refufer de l'indulgence aux premiers effais? Il falloit vaincre

rendre fes ouvrages publics, & il est bien certain qu'elle eût été fidelle à cette réfolution fans les motifs intéreffans qui devoientl'engager à y manquer. Ces motifs furent affez, connus dans le temps, ils n'étoient point fondés fur l'efpérance d'offrir un ouvrage véritablement utile & fait pour être accueilli, elle avoit trop de défiance de fes foibles ta lens, pour fe flatter d'obtenir, ou même pour defirer vivement des fuccès. Au refte, depuis qu'elle fait imprimer fes ouvrages, elle a quitté fon ancienne devise, parce qu'elle ne convient plus à fa fituation. Elle n'a pu fe refuser cette apologie: il y a mille critiques auxquelles elle ne fera jamais tentée de répondre, mais elle a un tel mépris pour l'orgueil, qu'elle ne fauroit fupporter une accufation de ce genre fans fe juftifier.

de grandes difficultés pour faire

des Drames intéreffans fans le fecours de l'intrigue, des paffions violentes, des contraftes des vices & des vertus, enfin quand on s'eft imposé la loi de ne point faire paroître d'hommes (b), & de ne pas dire un feul mot qui ne foit ou qui n'amène une leçon. Ces Pièces ne font que des Traités de morale mis en action, & l'on a pensé que les jeunes Perfonnes pourroient y trouver des leçons intéreffantes & perfuafives. D'ailleurs, en jouant ces Pièces, en les apprenant par cœur, elles y trouve

(b) L'Auteur n'a pu fuivre cette loi dans les Pièces tirées de l'Écriture Sainte. Les fujets n'étant point d'invention, il a fallu préfenter les perfonnages, hommes & femmes, qu'ils offroient.

[ocr errors]

αν

[ocr errors]

ront plufieurs avantages, ceux de graver dans leur fouvenir des principes excellens d'exercer leur mémoire, de former leur prononciation, & d'acquérir de la grace & un bon maintien. Apprendre par cœur des morceaux détachés de prose & de vers ne produiroit pas les mêmes effets, parce qu'il eft impoffible de déclamer feul dans une chambre avec autant d'émulation qu'en jouant la Comédie. Il n'y a guère de Pièces connues que des jeunes Perfonnes puiffent jouer fans danger, & elles font presque toutes au - deffus de leur conception. L'Auteur a évité, avec un foin extrême, d'introduire dans ces petites Comédies, aucun caractère véritablement odieux; on n'a

préfenté que des défauts naiffans, toujours accompagnés d'un bon cœur, & par conséquent fufceptibles de correction. Il n'y a que le feul caractère de Dorine dans l'Enfant gáté, qui foit réellement vicieux; mais on a cru devoir prévenir les jeunes Personnes fur la flatterie mercenaire qu'elles peuvent rencontrer quelquefois dans les domeftiques qui les entourent, & c'est la feule raison qui ait engagé à peindre ce personnage fi odieux à voir & fi défagréable à jouer. Enfin ces Effais, fruits des veilles d'un Auteur qui a confacré fá jeunesse & fa vie à ce genre de méditation, ont été dictés par les plus louables motifs. Puiffent tous les Enfans qui liront ces Pièces, être frappés des exemples

« AnteriorContinuar »