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elle devint furieufe, & voulut s'écrier: » Miférable, voilà du nouveau ! Qu'a»vance-tu là? Quand, où cela t'eft-il » arivé?» Mais elle n'eut pas plutôt ouvert la bouche pour dire ces mots, que le renard étoit déja bien loin.

Si de douces paroles ne peuvent vous tirer des mains de l'ennemi, effayez les injures. Si la douceur ne vous fait pas ouvrir la porte, prenez des pierres pour la brifer.

NOTICE

SUR

ALGAROT T I. FRANÇOIS ALGAROTTI naquit à Venife en 1712. Il étudia à Rome & à Bologne. Il acquit des connoiffances très-variées dans les arts, les fciences & les lettres, & voyagea de bonne heure pour perfectionner fes talens. Il vint à Paris en 1733, & y compofa la plus grande partie de fon Newtonianifme pour les dames. Cet ouvrage a été traduit en françois par M. du Perron de Castera, Algarotti vit l'Angleterre & l'Allemagne. Les rois de Pruffe & de Pologne cherchèrent à fe l'attacher par des honneurs & des bienfaits. Fréderic le fit chevalier de l'Ordre du Mérite, lui donna le titre de comte, & lenomma fon chambellan. Staniflas le fit confeiller intime pour les affaires de la guerre. Algarotti voulut enfin revoir fa patrie, & mou rut à Pife en 1764. Il vit 1a.is effroi les

approches de la mort, s'érigea un maufolée, & compofa son épitaphe: H jacet Algarottus, fed non omnis. Il étoit grand connoiffeur en peinture, en fculpture & en architecture. Ses écrits décèlent le littérateur profond & le philofophe aimable. On les a réunis en quatre volumes in-octavo.

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LÉONCE

A ÉROTIQUE

SON AM I.

TRADUCTION D'ALGAROTTI,

Par M. LEVRIER DE CHAMPRION, de la bibliothèque du Roi,

Je ne fais trop, mon cher ami, quel

avantage tu penfes retirer de mes avis. Si je te les donne, c'eft uniquement pour ne pas te refuser; car vouloir réduire en principes une paffion telle que l'amour, c'eft extravaguer raifonnablement. Quoi qu'il en foit, je vais effayer de te mettre dans la bonne voie, en te faifant part de ce que j'ai pu obferver en général & apprendre dans le monde; je n'ai jamais eu d'autre école.

Choifir celle en qui tu placeras ton cœur, n'eft pas en ta puiffance. A l'inftant même où tu y fongeras le moins, l'amour te la montrera, & tu ne pourras pas empêcher qu'elle ne te plaife. La danfe la plus légère le fera moins que fa démarche; la plus tendre mélodie n'approchera pas de fon doux parler; & la majefté de Junon, et les graces de Vénus....

Elle aura tout dès qu'elle faura plaire.

fon arc,

Ce qui dépendra de toi, ce fera de choifir les moyens de la captiver. Et comme il arrive fouvent que l'amour, en perçant le cœur de l'un des deux amans, ne fait que menacer l'autre de il eft de toute néceffité que l'art y fupplée adroitement. Or, avant tout, il faudra étudier ta belle avec la plus grande attention. T'appercois-tu qu'elle fe pique d'être femme d'efprit? appelle-la une feconde Mélanite: de cultiver les letrres? fais-en tout auffitôt

une

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