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Sur Baucis morte dans le lit nuptial, le jour même de fes

noces.

JE E fuis le tombeau de Baucis, nouvelle épouse. Vous qui paffez près de ce monument baigné de larmes, quand vous defcendrez chez Pluton, dites-lui: Dieu des enfers, que tu es jaloux de la beauté! Ces riches ornemens offrent à vos yeux le trifte deftin de cette infortunée; les flambeaux qui la conduifirent dans les bras d'un époux, ont allumé fon bûcher! Et toi, dieu d'hyménée, c'est en foupirs, c'eft en fanglots que tu as changé l'hymne nuptial & les chants harmonieux!

O DE

SUR LA FORCE.

SALUT, Force, fille de Mars, reine belliqueufe, dont le front eft orné d'un diadême d'or; toi qui habites, fur la terre, l'augufte Olympe toujours iné

branlable.

Le Deftin (1) vénérable n'a donné qu'à toi l'honneur glorieux d'un empire que rien ne peut brifer; il veut que tout foit foumis à ta volonté fouveraine.

Tu enchaînes à ton joug, & la terre robufte, & la mer écumeufe; tandis que,

(1) La Parque, ou le Deftin, étoit la même chofe chez les anciens. Les hommes & les dieux lui étoient foumis. Voyez. Lucien Jupiter confondu.

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tranquille, tu gouvernes à ton gré les villes peuplées de nombreux habitans,

Le temps qui détruit tout, & foumet la vie à tant de viciffitudes, s'arrêtant pour toi feule, ne fera point changer le vent favorable qui enfle les voiles de ton empire.

Toi feule enfantes généreufement les guerriers les plus braves: moiffon auffi abondante que celle de la blonde Cérès (1).

(1) La double application du mot páμn, qui fignifie, ou la force, ou Romę, a fait croire à quelques critiques, que cette ode avoit été compofée en l'honneur de cette ville. Il faudroit pour cela qu'elle fût d'une autre Erinne qui vivoit vers le temps de Pompée, & non de la notre, contemporaine de Tarquin l'ancien; épo que à laquelle la puiffance romaine, peu floriffante, ne méritoit pas ces éloges. J'ai fuivi, pour ma traduction, le sentiment de Wolf, & du plus grand nombre.

FRAGMENS

DE DIVERS AUTEURS

SUR ER INNE.

D'ANTIPATER *.

ERINNE a fait

a fait peu de choses; fes vers font peu nombreux; mais on y fent la présence des muses. Auffi fa mémoire eft immortelle, & la nuit obfcure du temps ne la couvrira pas de fes aîles

*Il étoit de Sidon, poète & philofophe stoïcien; il enseignoit à Utique Selon Plutarque, la fièvre lui prenoit tous les ans le jour de fa naiffance; il mourut, à cette époque, de cette maladie. Sa fécondité étoit prodigieufe; ce qui rend étonnant qu'il ait compofé cette épigramme, où il femble faire fi peu de cas de ce genre de

mérite.

noires; pendant que des myriades entières de poètes modernes, tels que nous, périffent dans l'oubli. C'est que le foible chant du cygne eft plus doux que le cri perçant des geais, qu'emportent les vents impétueux de l'hiver (1).

(1) Lucrèce n'a pas dédaigné d'imiter ce paf fage, 1. IV, v. 185.

Suavidicis potiùs, quàm multis verfibus edam, Parvus ut eft cygni melior canor, ille gruum quàm Clamor, in atheriis difperfus nubibus auftri.

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