MANUEL

DE

PIETE

PREMIERE PARTIE

POUR ENTRER DANS des fentimens de pénitence, & fe difpofer à en recevoir la grace dans le Sacrement.

CHAPITRE PREMIER.

Ne point diférer à fe convertir, & à fe fantifier..

I. PART.

defefpoir. Et qui fçait fi ce moment n'eft pas proche ?.

II.

Que votre justice, ô mon Dieu, eft terrible aux plus juftes! Que deviendra celui que vous jugerez la rigueur ? Qui n'a point travaillé avant fa mort à changer la juftice en miféricorde par une fincere pénitence, ne fortira jamais de fes mains,

III.

Craignons le Juge qui voit le fond du cœur mieux que nous ne le voions nous-mêmes. Veillons fur notre efprit ; & prévenons en nous jugeant & nous corrigeant, le jugement & la manifestation que Dieu en fera un jour.

IV.

Seigneur, humiliez-nous préfentement, plûtôt que de nous réferver à l'humiliation éternelle des réprouvés.

IV.

La vigilance néceffaire à la mort E au jugement, n'eft pas une vis

I

gilance offive, mais une vigilance d'examen fur nos défauts, d'aten- CHAP tion à nos devoirs, d'aplication aux bonnes œuvres, à la priere, à la pénitence.

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VI.

C'est une voix terrible, que cel le qui apelle une créature à paroître devant fon Créateur lorfqu'elle y penfe le moins. Heurenfe celle à qui il viendra comme un époux aimable & défirable, & non pas comme un Juge inexorable & fans miféricorde Travaillons à nous le rendre tel que nous défirons de le

trouver.

!

VII.

Dieu ne reconnoîtra perfonne; qui n'ait la reflemblance de fon Fils; & cette reffemblance ne s'a quiert que par l'humilité, la pureté, la mortification du vieil-homme; la pénitence, la charité, &c. Travaillons donc pendant que nous

en avons le tems.

VITI.

Le pécheur a beau fuir la pré

I.

fence de fon Dieu; il faudra enfin paroître un jour devant fon Tribu

PART nal. Quel objet pour notre foi!

Que de fujets de réflexions & de méditations, en confidérant Jefus Christ comme un Dieu dans fa Majefté, un Roi fur fon Trône, un Juge fur fon Tribunal, un Pasteur au milieu de fon troupeau, où les boucs font mêlés avec les brebis jufqu'à ce jour ! Eforçons-nous d'être du nombre des Brebis par la douceur, l'humilité, la docilité & l'innocence de notre vie.

I X.

Qu'il eft à craindre de laifler ve nir le tems de la moiffon avant la maturité, la mort avant la converfion du cœur, le Jugement avant les bonnes œuvres ! Mon Dieu donnez vous-même la maturité votre fruit; rendez-moi digne d'ê tre de ce froment, qui yous doit être ofert comme le fruit de l'E ternité.

X.

Combien y a-t-il d'années que

Dieu atend de nous le fruit de fes

I.

myfteres & de fes Graces, & que CHAP. nous ne le païons que de promeffes fans éfets & de réfolutions ftériles? La vie ne nous eft donnée que pour fervir Dieu, pour faire pénitence, & pour travailler à notre falut. Qui ne fait rien de tout cela, mêrite qu'elle lui fort arrachée.

XI.

On ne peut échaper à la juftice de Dieu, quand le tems de la fléchir eft paffé. Hâtons-nous donc de la féchir.

XII.

Quel regret à la mort & au Jugement, de voir tant d'œuvres perdues, pour avoir cherché la gloire des hommes! Quelle bonté de Dieu de ne nous pas rejetter malgré un nombre infini de défauts ! Craignons: car qui peut bien difcerner ce qui pourra être purifié par le feu paffager, d'avec ce qui eft digne d'être puni par le feu éternel Prévenons l'un & l'autre par celui de la Charité, & du zele de