Imágenes de páginas
PDF
EPUB

et qu'il imita des Guépes d'Aristophane. Il y désigne et il y tourne en ridicule plusieurs personnes alors trèsconnues. La manie du juge qui veut toujours, juger fait allusion à un président qui exerçait son métier jusque dans son domestique. La dispute entre la comtesse et Chicaneau s'était réellement passée entre la comtesse de Crissé et un fameux plaideur, chez Boileau le greffier. Le discours de l'Intimé, qui, dans la cause du chapon, commence par cet exorde de Cicéron: Quæ res duæ plurimùm possunt..... gratia et eloquentia, désigne un avocat qui s'était servi du même exorde dans la cause d'un pâtissier contre un boulanger, et ainsi de plusieurs autres traits. La comédie des Plaideurs fut suivie de Britannicus, Bérénice, Bajazet, Mithridate, Iphigénie et Phèdre, tragédies qui eurent toutes le plus brillant succès. Il fut reçu de l'académie française en 1673, et Louis XIV le choisit pour travailler à s son histoire, conjointement avec Boileau, en 1677. Sa Phèdre, qui parut cette année, fut la dernière de ses pièces profanes. Les grands sentimens de religion dont il avait été rempli dès son enfance se réveillèrent alors, et il prit le parti de renoncer pour toujours au théâtre, quoiqu'il n'eût qu'environ 38 ans : sa ferveur alla même jusqu'à vouloir se faire chartreux; mais son directeur trouvant cé parti trop violent et trop peu conforme à son caractère, lui conseilla prudemment de rester dans le monde, et de se marier à quelque personne vertueuse. Racine, docile à cet avis, épousa Catherine de Romanet, fille d'un trésorier de France. M. de Colbert lui fit avoir une charge de trésorier de France au bureau des fi nances d'Amiens, qui était tombée aux parties casuelles. En 1690, il eut une charge de gentilhomme ordinaire du roi, à laquelle il en joignit une de secrétaire du roi. Aussitôt après son mariage, désirant se réconcilier avec MM. de Port-Royal, il alla d'abord faire sa paix avec M. Nicole, qui le reçut à bras ouverts; et peu après Boileau le conduisit chez M. Arnauld, qui devait être le plus irrité à cause des plaisanteries piquantes que le poète avait écrites sur la mère Angélique, sœur de ce célèbre docteur. M. Ar

nauld était en nombreuse compagnie, lorsque Racine, humble et confus, alla se jeter à ses pieds : le docteur se jeta aux siens, et tous deux s'étant embrassés, se jurèrent une amitié éternelle. Quoique Racine se fût fait un devoir de religion de ne plus penser à la poésie, il s'y vit néanmoins rappelé par madame de Maintenon, qui le força en quelque sorte de travailler pour les demoiselles de Saint-Cyr. C'est à cette condescendance que l'on doit la tragédie d'Esther, qui fut représentée en présence de toute la cour par les demoiselles de Saint-Cyr, que l'auteur avait formées lui-même à la déclamation. Elle eut un applaudissement universel. D'ailleurs, le sujet était heureusement choisi, et assorti au lieu et aux circonstances où se trouvait la cour. Les jeunes et tendres fleurs transplantées ressemblaient aux demoiselles de Saint-Cyr; Vasti, à la marquise de Montespan; Esther était madame de Maintenon. Ces sortes d'applications particulières contribuèrent encore au succès de cette pièce, qui parut en 1689. Racine fit la même année, pour la maison de Saint-Cyr, quatre cantiques spirituels, pleins de beauté et d'onction. Le roi les fit exé- • cuter plusieurs fois devant lui; et lors qu'il entendit chanter ces paroles :

Mon Dieu! quelle guerre cruelle ! Je trouve deux hommes en moi. il se tourna vers madame de Maintenon en lui disant : « Madame, voilà deux hommes que je connais bien. » Le succès d'Esther si bien mérité n'empêcha pas Racine de reconnaitre qu'elle était défectueuse. Il entreprit donc de traiter un autre sujet tiré de l'Ecriture sainte, et de faire une tragédie plus. parfaite. Racine fit Athalie, et cette pièce, qui parut en 1691, est peutêtre la plus belle tragédie française que nous ayons. Cette pièce admirable eut néanmoins d'abord peu de succès, et le poète,craignant d'avoir manqué son sujet, s'en plaignit à son ami Boileau, qui lui soutint au contraire qu'Athalie était son chef-d'œuvre «Je m'y connais, lui disait-il, et le public y reviendra. » Il y revint en effet, mais ce ne fut que sous la régence de M. le duc d'Orléans, et Racine n'eut pas le plaisir de voir accomplir la prédiction

de son ami. Après la composition d'A thalie il ne songea plus qu'à écrire l'histoire du roi. Sa Majesté lui fit communiquer tous les mémoires néces saires, et voulut encore qu'il l'accompagnât dans ses campagnes pour être témoin lui-même des choses qu'il de vait transmettre à la postérité. Lors que Racine avait fait quelque morceau intéressant, il allait le lire au roi, qui avait pris beaucoup de goût pour luiet qui aimait à l'entendre lire, parce. qu'il avait un talent singulier pour faire sentir les beautés de ce qu'il lisait; mais il n'eut pas le temps d'achever cette histoire, sa trop grande sensibilité ayant abrégé ses jours. Témoin de la misère du peuple, il composa un mémoire solide et bien raisonné sur les moyens de le soulager. Madame de Maintenon, à qui il l'avait communiqué, le lisait, lorsque le roi entra chez elle, le prit et en voulut savoir l'auteur, quoique la marquise eût promis le secret. Ce prince loua le zèle de Racine, mais il trouva mauvais qu'il se mêlát de choses qui ne le regardaient pas, et ajouta d'un air fàché : « Parce qu'il sait faire parfaitement des vers, croit-il tout savoir? et parce qu'il est grand poète, veut-il être ministre? » Ces paroles furent un coup de foudre pour Racine. Il ne s'occupa plus que d'idées tristes, ct mourut peu de temps après à Paris, le 21 avril 1699, à 60 ans. Il voulut être enterré à PortRoyal-des-Champs, où il avait été élevé. On a donné une magnifique édi tion de ses ouvrages, Paris, 1765, 3 vol. in-4°. Il y en avait déjà une de Londres, 1723, 2 vol. in-4o; il y en a une édition avec des commentaires, Paris, 7 vol. in-8°. Les éditions ordinaires ont 2 ou 3 vol, in-12. On a encore de lui l'Histoire de Port-Royal, 1767, 2 parties in-12, et d'autres ouvrages donnés au public par son fils en 1747, en 2 vol. in-12, sous le titre de Mémoires de la vie et lettres de Jean Racine. L'histoire de Port-Royal, selon M. l'abbé d'Olivet, et à notre avis les deux lettres qu'il écrivit contre MM. de Port-Royal, sont des chefsd'œuvre; et nous n'avons aucun ouvrage en prose écrit avec plus d'esprit, de pureté et d'élégance. Les morceaux qu'il avait composés de l'histoire de Louis XIV périrent dans l'incendie de

la maison de M. de Valincourt à Saint Cloud, à qui Boileau les avait remis en manuscrit.Madame de Romanet, sa veuve,mourut à Paris au mois de novembre 1732, ayant eu de Racine deux fils et cinq filles. L'aîné eut la charge de gentilhomme ordinaire chez le roi qu'avait son père. Boileau fit les quatre vers suivans pour être mis au bas de son portrait :

Du théâtre français l'honneur et la mer-
veille,

Il sut ressusciter Sophocle en ses écrits,
Et dans l'art d'enchanter les cœurs et les
esprits,

Surpasser Euripide et balancer Corneille,

RACINE (LOUIS), fils du précédent, naquit à Paris en 1692. Contre l'avis de Boileau, ami de son père, il s'occupa de la poésie, et fit paraître en 1710 son poëme de la Grdee. Le car dinal de Fleury, qui avait connu le père, procura au fils un emploi dans les finances, qui lui donna les moyens de couler des jours tranquilles et heureux avec une épouse qu'il chérissait Leur fils unique périt à Cadix lors du tremblement de terre de Lisbonne, en 1755. M. Racine ne mena plus qu'une vie triste, qui fut terminée en 1763. Son poëme sur la religion a eu un grand succès; il a été imprimé in-80 et in-12. Il y a trois autres volumes de ses œuvres diverses, des Mémoires sur la vie de Jean Racine, et ses Lettres, chacun un volume; des Remarques sur les tragédies de son père, 3 vol. in-12, et une Traduction de Milton, 3 vol. in-8°, moins estimée que celle de M. Dupré de Saint-Maur.

RACINE (BONAVENTURE), né à Chauny le 25 novembre 1708, vint achever ses études à Paris au collége Mazarin. Il se rendit habile dans les langues latine, grecque et hébraïque, et dans les sciences ecclésiastiques. M. de la Croix Castries, archevêque d'Albi, l'appela en 1729, 9 pour rétablir le collége de Rabastens, dont les habitans demandaient la restauration. M. Racine fit fleurir dans ce collége les lettres et la piété pendant deux ans; mais il en fut ensuite exilé à cause de son attachement aux anti-constitutionnaires, et se retira à Montpellier auprès de M. Colbert, qui le chargea de la direction du collège de Lunel. Il en sortit secrètement peu de temps après,

pour éviter des ordres rigoureux, passa ala Chaise Dien pour y voir M. de Senez, puis à Clermont, où il vit ha fameuse nièce de M. Pascal, et vint à Paris, où il se chargea de l'éducation de quelques jeunes gens au college d'Harcourt. Il fut encore obligé d'en sortir en 1734, par ordre de M. le cardinal de Fleury, et depuis ce temps il se renferma et vécut dans la retraite, uniquement occupé de l'étude et de la prière.M.de Caylus, évêque d'Auxerre, résolu de se l'attacher, lui donna un canonicat d'Auxerre, et lui conféra tous les ordres sacrés; mais ces nouveaux titres n'apportèrent aucun changement dans la manière de vivre de M. Racine, qui mourut à Paris, épuisé par le travail, le 15 mai 1755, 47 ans. Il fut enterré à Saint-Severin. On a de lui 1° quatre Ecrits sur la dispute qui s'était élevée touchant la crainte et la confiance, qui plurent à tous les contendans, à cause de la modération avec laquelle ils sont composés; 20 un Abrégé de l'Histoire ecclésiastique, en 13 vol. in-12, et 13 in-4°. Cet ouvrage a eu le plus grand succès, surtout auprès de ceux qui sont opposés à la bulle Unigenitus, et qui n'aiment pas les jésuites, lesquels y sont fort maltraités. L'auteur se proposait de pousser cet abrégé au moins jusqu'en 1750, mais la mort ne lui en a pas donné le temps. Un de ses amis a donné l'Histoire des 33 premières années du 18e siècle, en 2 vol. in-12. On a imprimé des Réflexions de M. Ra cine sur l'Histoire ecclésiastique, 2 vol. in-12, qui sont un Abrégé de son abrégé.

RACONIS (GHARLES-FRANÇOIS D'ABRADE), né en 1580 au château de Raconis, dans le diocèse de Chartres, après avoir professé, la philosophie au college du Plessis, et la théologie à celui de Navarre, devint évêque de Lavaur en 1637, et mourut en 1646. On a de lui Conférences avec les hérétiques, 1618, in-12; une Théologie et une Philosophie latines; Vie de la duchesse de Mercœur; Oraison funèbre du maréchal de Schomberg; Réponse à la tradition de l'Eglise de M. Arnaud.

RADCLIFFE (ALEXANDRE), officier d'armée, et partisan du Parnasse, de Ja joie et du plaisir, a publié en 1682,

in-80, la Course, poëme antihéroïque en anglais,avec des Hymnes terrestres et des Ejaculations charnelles ; et en 1680, l'Óvide travesti.

RADCLIFFE (JEAN), célèbre médecin anglais, né à Wakefield, prit ses degrés dans l'université d'Oxford, et vint s'établir à Londres en 1684. La reine Anne l'avait choisi pour son médecin dès 1686. Le bourg de Buckingham le nomma son représentant au parlement en 1713, et il mourut le 1er novembre 1714. Il fut transporté à Oxford, où il est enterré dans l'église de Sainte-Marie.

RADEGONDE (SAINTE), reine de France, célèbre par sa beauté et par sa vertu, était fille de Berthaire, roi de Thuringe, et naquit en 519. Elle fut élevée dans le paganisme jusqu'à l'âge de 10 ans, que le roi Clotaire Ier l'emmena et la lit instruire dans la religion chrétienne. Ce prince l'épousa lorsqu'elle eut atteint l'âge nubile; et l'on dit qu'il lui permit six ans après de se faire religieuse. Elle prit le voile à Noyon, de la main de saint Médard, d'où elle alla à Tours honorer le tombeau de saint Martin. Elle fixa ensuite sa demeure à Poitiers, où elle mourut saintement le 13 août 587, à 68 ans, dans l'abbaye de Sainte-Croix, qu'elle avait fait bâtir. Nous avons sa Vie, Poitiers, 1527, in-4°, traduite du latin par Jean Bouchet, il y en a une plus moderne, par le père de Monteil, Rhodez, 1627, in-12, et son Testament dans le Recueil des conciles.

RADEMAKER, habile peintre hollandais qui a excellé dans le paysage. Ses dessins sont rares et très-recherchés des connaisseurs.

RADERUS (MATHIEU), habile jésuite, natif du Tyrol, dont on a Ba varia sancta et Bavaria pia, 4 vol. in-fol.; Viridarium sanctorum, et un grand nombre d'autres ouvrages remplis d'érudition. C'est lui qui publia en 1615 la Chronique d'Alexandrie, in-4°, qui est curieuse et estimée. Il mourut le 22 décembre 1634, à 74

ans.

RADULPHE ou RAOUL. Voy. Ro

DOLPHE.

RADZIWIL (NICOLAS), palatin de Wilna, grand-maréchal et chancelier de Lithuanie, était d'une des plus illustres maisons de Pologne. Dans sa

jeunesse il voyagea dans la plupart des pays de l'Europe, et s'acquit à son retour l'estime et l'amitié de Sigismond Auguste, roi de Pologne, qui le fit capitaine de ses gardes. Il devint ensuite un des plus grands généraux de son temps, et commanda trois fois les armées polonaises dans la Livonic. Il soumit cette province à la Pologne après avoir remporté une victoire complète sur les Allemands, où l'archevêque de Riga et le grand-maitre des chevaliers de Livonie furent faits prisonniers. Quelque temps après, ayant embrassé publiquement la religion protestante, à la persuasion de sa femme, il fit prêcher des ministres dans Wilna, et les chargea de traduire la Bible en langue polonaise. Radziwil fit imprimer cette Traduction à ses dépens en 1563, in-fol., et mourut en 1567, laissant quatre fils, qui embrassèrent dans la suite la religion catholique.

RAGOTSKI (FRANÇOIS-LÉOPOLD), seigneur hongrois, accusé d'avoir voulu soulever la Hongrie contre l'empereur, fut mis en prison en 1701. Il trouva le moyen d'enivrer les gardes et de s'évader à deux heures après midi avec un habit de soldat qu'un capitaine lui avait donné. Ce malheureux capitaine eut le poing coupé, la tête tranchée, et fut écartelé. La femme du prince Ragotski fut enfermée dans un couvent; ses enfans furent remis à la garde du maître-d'hôtel de l'évêque de Raab; tous leurs domestiques emprisonnés. Le prince se mit à la tête des mécontens de Hongrie; mais ce royaume étant pacifié, il vint en France et de là en Turquie, où il finit ses jours à Rodosto en 1735, à 56 ans. On a donné sous son nom un Testament politique, 2 vol. in-12. Son cœur est enterré aux Camadules de Grosbois, où il avait demeuré long-temps pendant son séjour en France.

RAGUEAU (FRANÇOIS), habile professeur en droit dans l'université de Bourges, est auteur d'un Commentaire fort étendu sur les coutumes de Berry, 1615, in-fol.; d'un Indice des droits royaux,que Laurière a fait réimprimer en 1704, 2 vol. in-4°, et d'autres ouvrages estimés. Il mourut en 1605.

Rouen, embrassa l'état ecclésiastique, et s'appliqua à l'étude des belles-lettres et de l'histoire. Il remporta le prix de l'académie française en 1689, et mourut à Paris en 1722. Ses principaux ouvrages sont les Monumens de Rome, Paris, 1700 et 1702, in-12: ce petit› ouvrage valut à l'auteur des lettres de citoyen romain, dont il prit le titre depuis ce temps-là; 29. le Farallèle: des Français avec les Italiens dans la musique et dans les opéras, avec une défense de ce parallèle contre ceux qui avaient attaqué cet ouvrage parce qu'il y donnait la préférence aux Ita liens, in-12; l'Histoire d'Olivier Cromwel, 1671, in-4°, point estimée; 4° Histoire de l'ancien Testament; 5o Histoire du vicomte de Turenne, imprimée à la Haie en 1738, 2 vol. in-12, mauvais ouvrage. On attribue encore à l'abbé Raguenet les Voyages et aventures (imaginaires) de Jacques Sadeur dans la découverte de la terre australe; mais il est de Gabriel Frogny, cordelier apostat.

RAGUSE (JEAN DE). Voy. JEAN DE RAGUSE.

RAHAB, femme de la ville de Jéri-, cho, réfugia chez elle les deux espions que Josué avait envoyés pour reconnaitre le pays. A la prise de cette ville, 1451 avant J.-C.,Josué épargna Rahab avec tout ce qui était dans sa maison, selon le serment que les espions lui en avaient fait lorsqu'elle les tint cachés et leur sauva la vie. Rahab épousa ensuite Salmon, prince de la tribu de Juda, dont elle eut Booz, l'un des ancêtres de Notre-Seigneur. Les savans ne conviennent pas tous que Rahab ait été une femme de mauvaise vie. Pagnin, Arias Montanus et plusieurs autres soutiennent que le mot hébreu zonab attribué à Rahab dans Josué, ne signifie pas en cet endroit une femme de mauvaise vie, mais seulement une hotesse

ou une aubergiste. Ils disent qu'il n'y a aucune apparence que les espions de Josué se soient retirés chez une femme publique, ni que Salmon, prince de la tribù de Judà, eût voulu l'épouser.

RAIMOND DE PEGNAFORT ou DE ROCHEFORT (SAINT), né au chấteau de Pegnafort, près de Barcelone, RAGUEL. Voy. TOBIE. en 1175, enseigna le droit canon à BoRAGUENET (FRANÇOIS), natif de logne avec réputation. Il devint cn-.

[ocr errors]

suite chanoine et prévôt de l'église de Barcelone, et se fit dominicain en 1222. Le pape Grégoire IX le fit ensuite son chapelain et son pénitencier, et l'employa à la compilation des décrétales; il voulut même lui donner l'archevêché de Tarragone: mais saint Raimond le refusa, et obtint la permission de se retirer dans la maison de son ordre à Barcelone, pour y vaquer à l'étude et à la prière avec plus de tranquillité. Il fut élu général de son ordre le 24 mai 1238, et se démit de cette dignité le 3 juin 1240, préférant la vie douce et tranquille qu'il menait auparavant dans sa retraite aux fonctions du généralat. Il eut beaucoup de part à l'établissement de l'ordre de la Mercy. Ce fut par son crédit que l'inquisition fut établie dans le royaume d'Aragon et dans le pays de Languedoc. Les papes lui donnèrent l'autorité de pourvoir aux offices de ce redoutable tribunal. Il mourut à Barcelone le 6 janvier 1275, à 99 ans accomplis. Le pape Clémene VIII le canonisa le 29 avril 1601. Outre la compilation des décrétales, nous avons de saint Raimond de Pegnefort une excellente somme des cas de conscience, dont la meilleure édition est celle du P. Laget, Lyon, 1718, in-fol.

RAIMOND (PIERRE), lou prou, c'està-dire le preux et le vaillant, naquit à Toulouse, et fut aussi grand guerrier que bon poète en langue proven çale. Il suivit l'empereur Frédéric dans l'expédition de la Terre-Sainte, où il se distingua: emétier des armes ne l'empêcha pas de faire en Syrie plusieurs pièces de vers, qu'il adressait à Josserande de Puech, de noble et ancienne maison de Toulouse. A son retour, il choisit pour objet de ses vers une dame de la maison de Cadolet, et mourut en 1225, à la guerre des comtes de Provence contre les Albigeois. Il avait fait un poëme contre les erreurs des ariens, et un autre où il blâmait les rois et les empereurs d'avoir laissé prendre trop de pouvoir aux ecclésiastiques. Pétrarque l'a imité en plusieurs choses.

RAIMONDI. Voy. MARC-ANTOINE. RAINALDI (JEROME), architecte, né en 1570, était d'une famille qui a produit grand nombre d'architectes. Il a achevé le Capitole, construit la maison

professe des jésuites à Rome, leur collége de Saint-Louis à Milan, le palais du duc de Parme, le palais Pamphile à Rome, la belle église des carmes déchaussés à Captarole, etc. Il est mort en 1655. Son fils Charles, né en 1611, fut aussi architecte, et mourut en 1641; l'église de Sainte-Agnès, sur la place Navonne, et le palais de l'académie de France, qui a appartenu au duc de Nevers, sont de lui. Il reçut la croix de Saint-Maurice, pour des dessins qu'il avoit envoyés au duc de Savoie, un portrait de Louis XIV, enrichi de diamans, pour un dessin du Louvre. Voy. RAYNALDI.

RAINIER, habile dominicain, natif de Pise, vice-chancelier de l'église romaine, et évêque de Maguelone, mort le 13 janvier 1249, est auteur de plusieurs ouvrages. Le plus considérable de tous est un dictionnaire théologique, qu'il a intitulé Pantheologia, et dans lequel il a rangé les matières théologiques par ordre alphabétique. La meilleure édition de cet ouvrage est avec les Additions du père Nicolaï, dominicain, Lyon, 1655, 3 vol. infol., réimprimées en 1670.

RAIS (le maréchal de). Voy. Laval. RAISIN (JEAN-BAPTISTE), fameux acteur français dans le comique, naquit en 1656, d'un organiste de Troyes. Il n'était pas moins agréable dans la société que sur le théatre; mais pour plaire il faut souvent faire des excès qui nuisent à la santé. Il mourut le 5 septembre 1693, à l'âge de 40 ans. Son frère aîné, Jacques Raisin, jouait les seconds rôles dans le tragique, et les amoureux dans le comique. Il est auteur de quatre comédies, qui ont été jouées, mais non imprimées. Il s'est retiré en 1694, et est mort quelques années après. Les titres de ses pièces sont Le Niais de Sologne, 1686; Le petit homme de la foire, 1687; Le Faux Gascon. 1688; Merlin, Gascon, 1690,

toutes en un acte.

RALEGH. Voy. RAWLEGH.

RALPH (JACQUES), maître d'école à Philadelphie dans l'Amérique septentrionale, vint en Angleterre sous le rè gne de Georges II, et s'y fit des protecteurs pa on talent pour la poésie. Il a publié un poëme de la Nuit, une pièce satirique intitulée Saweney contre Swift, Gay et Pope, qui lui a

« AnteriorContinuar »