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il se destina à la chirurgie, et vint à Paris à l'âge de 20 ans pour s'y rendre habile; mais il poussa ensuite ses vues plus loin, et prit des degrés en médecine. Il mourut vers 1640. Ses principaux ouvrages sont 1° un Discours sur les médailles antiques, 1627, in-4°, estimé; 20 l'Architecture française des batimens particuliers, dont la meilleure édition est celle de Paris, avec les notes de François Blondel, en 1684, in-8°; 3o le livre de Galien, de l'Art de guérir par la saignée, traduit du grec, avec un discours préliminaire sur la saignée, in-8°; 4° Nova, seu Verius, nova antiqua de causis colorum sententia, 1609, in-8°.

SAXE. Voyez ALBERT.

SAXE (MAURICE, comte de), né à Dresde le 19 octobre 1696, était fils naturel de Frédéric-Auguste II, élec-teur de Saxe, roi de Pologne, et de la comtesse Aurore de Konismarc. Il donna dès son enfance des marques décidées de son inclination pour les armes. On eut même toutes les peines du monde à lui faire apprendre à lire et à écrire, et ce n'était qu'en lui promettant qu'il monterait à cheval l'après-midi qu'on le faisait consentir à étudier quelques heures le matin. 11 aimait à avoir des Français auprès de lui, et c'est pour cette raison que la langue française fut la seule étrangère qu'il voulut bien apprendre par principes. Le comte de Saxe suivit ensuite l'électeur dans toutes ses expéditions militaires. Il se trouva au siége de Lille en 1708, à l'âge de 12 ans, et monta plusieurs fois à la tranchée, tant à la ville qu'à la citadelle, sous les yeux du roi son père, qui admirait son intrépidité. Il n'en marqua pas moins au siége de Tournai l'année suivante, où il manqua de périr deux fois, et à la sanglante bataille de Malplaquet; loin d'être rebuté par l'horrible carnage de ce combat, il dit le soir « qu'il était content de sa journée. » Il suivit, en 1711, le roi de Pologne à Stralsund, où il passa la rivière à la nage à la vue des ennemis, le pistolet à la main ; il vit tomber à ses côtés, pendant ce passage, trois officiers et plus de vingt soldats sans en paraitre ému. De retour à Dresde, le roi, qui avait été témoin de son expérience et de sa capacité, lui fit lever un régiment de cavalerie,

Le comte de Saxe passa tout l'biver à faire exécuter par son régiment les nouvelles évolutions qu'il avait imaginées, et le mena l'année suivante contre les Suédois. Il se trouva, le 20 décembre 1712, à la sanglante bataille de Gadelsbush, où son régiment, qu'il avait ramené trois fois à la charge, souffrit beaucoup. Après cette campagne madame de Konismarc lui fit épouser la jeune comtesse de Loben, demoiselle riche et fort aimable qui avait le nom de Victoire. Le comte de Saxe a dit depuis que ce nom avait autant contribué à le décider pour la comtesse de -Loben, que sa beauté et ses gros revenus. Il en eut un fils qui mourut jeune; dans la suite, s'étant brouillé avec elle, il fit dissoudre son mariage en 1721. Il promit à la comtesse de ne jamais se remarier, et il lui a tenu parole. A l'égard de la comtesse, elle épousa peu après un officier saxon dont elle eut trois enfans, et avec lequel elle vécut en bonne intelligence. La comtesse de Loben ne consentit à la dissolution de son mariage qu'avec beaucoup de répugnance, car elle aimait le comte de Saxe; celuici s'est repenti plusieurs fois dans la suite d'avoir fait une telle démarche. Il continua de se signaler dans la guerre contre les Suédois. Il se trouva, au mois de décembre 1715, au siége de Stralsund, où Charles XII était renfermé. Il eut la satisfaction de le voir au milieu de ses grenadiers. La manière dont se comportait ce fameux guerrier fit concevoir au comte de Saxe une grande vénération qu'il a toujours conservée depuis pour sa mémoire. Il alla servir en Hongrie contre les Turcs en 1717. De retour en Pologne, en 1718, le roi le décora de l'ordre de l'AigleBlanc. Il vint en France en 1720, et le duc d'Orléans, régent du royaume, lui fit expédier un brevet de maréchal de camp. Le comte de Saxe obtint ensuite de sa majesté polonaise la permission de servir en France. Il y acheta en 1722 un régiment allemand qui a depuis porté son nom. Il fit changer à ce régiment son ancien excrcice pour lui en faire prendre un nouveau qu'il avait imaginé. Le chevalier Folard, témoin de cet exercice, prédit dès lors, dans son Commentaire sur Polybe, tom. 3, liv. 2, chap. 14, que le

comte de Saxe deviendrait un grand général. Pendant son séjour en France, il apprit avec une facilité étonnante le génie, les fortifications et les mathématiques jusqu'à l'année 1725. Le prince Ferdinand, duc de Courlande et de Sémigale, étant tombé dangereusement malade, au mois de décembre de cette même année 1725, le comte de Saxe pensa alors à la souveraineté de la Courlande. Il fit dans ce dessein un voyage à Mittaw, où il arriva le 18 mai 1726. Il y fut reçu à bras ouverts par les états, et il eut plusieurs entrevues secrètes avec la duchesse douairière de Courlande, qui y résidait depuis la mort de son mari. Il lui fit confidence de son dessein et la mit bientôt dans ses intérêts. C'était Anne Iwanowa, seconde fille du czar Iwan Alexiowits, frère de Pierre-le-Grand. Elle agit avec tant d'ardeur et conduisit si bien cette affaire, que le comte de Saxe fat unanimement élu duc de Courlande et de Sémigale le 5 juillet 1726. Les Moscovites et les Polonais s'étant opposés à cette élection, la duchesse de Courlande soutint le comte de Saxe de tout son crédit. Elle alla même à Riga et à Saint-Pétersbourg où elle redoubla ses sollicitations en faveur de l'élection ́qui avait été faite : il paraît certain que si ce comte avait voulu répondre à la passion de la duchesse, non-seulement il se serait soutenu en Courlande, mais il aurait encore partagé avec elle le trône de Moscovie, sur lequel cette princesse monta dans la suite; mais pendant son séjour à Mittaw une intrigue galante qu'il eut avec une des demoiselles de la duchesse rompit ce mariage et fit prendre à cette princesse le parti de l'abandonner. Depuis ce moment les affaires du comte allèrent en décadence, et il fut enfin obligé de revenir à Paris en 1729. Une particularité assez remarquable sur cette entreprise c'est que le comte de Saxe ayant écrit de Courlande en France pour avoir un secours d'hommes et d'argent, mademoiselle Le Couvreur, célèbre co médienne, qui pour lors lui était attachée, mit ses bijoux et sa vaisselle en 'gage et lui envoya une somme de quarante mille livres. Le comte de Saxe, - de retour à Paris, s'appliqua à se perfectionner dans les mathématiques, et -prit du goût pour les mécaniques. Il

refusa en 1733 le commandement de l'armée polonaise, que le roi son frère lui offrit, et se signala sur le Rhin sous les ordres du maréchal de Berwick, surtout aux lignes d'Etlingen et au siége de Philisbourg, après lequel il fut fait lieutenant-général le 1er août 1734. La guerre s'étant rallumée après la mort de l'empereur Charles VI,le comte de Saxe prit d'assaut la ville de Prague le 26 novembre 1741, puis Egra et Ellebogen. Il leva ensuite un régiment de hulans, et ramena l'armée du maréchal de Broglie sur le Rhin, où il éta blit différens postes et s'empara des lignes de Lauterbourg. Il fut fait maréchal de France le 26 mars 1744, et commanda en chef un corps d'armée en Flandre. Il observa si exactement les ennemis qui étaient supérieurs en nombre, ct fit de si belles manœuvres, qu'il les réduisit dans l'inaction et qu'ils n'osèrent rien entreprendre. Cette campagne de Flandre fit beaucoup d'honneur au maréchal de Saxe, et passa en France pour un chef-d'œuvre militaire. Il gagna, sous les ordres du roi, la fameuse bataille de Fontenoi, le 11 mai 1745, où, quoique malade et languissant, il donna ses ordres avec une présence d'esprit, une vigilance, un courage et une capacité qui le firent admirer de toute l'armée. Cette victoire fut suivie de la prise de Tournai, dont les Français faisaient le siége; de Gand, 'de Bruges, d'Oudenarde, d'Ostende, d'Ath, etc; et dans le temps que l'on croyait la campagne finie il se rendit maître de Bruxelles le 28 février 1746. La campagne suivante fut aussi trèsglorieuse au comte de Saxe. Il gagna la bataille de Raucoux le 11 octobre de cette même année 1746. Sa majesté, pour le récompenser d'une suite si constante de glorieux services, le déclara maréchal - général de ses camps et armées le 12 janvier 1747. Le maréchal de Saxe fit entrer des troupes en Zélande, gagna la bataille de Lawfeldt le 2 juillet suivant, approuva le siége de Berg-op-Zoom, dont M. de Lovendal se rendit maître, et prit la ville de Maëstricht le 7 mai 1748. Ces succès furent suivis de la paix, laquelle fut conclue à Aix-la-Chapelle le 18 octobre de cette même année 1748. Le maréchal de Saxe alla ensuite à Chambord, que sa majesté lui avait

donné. Il y fit venir son régiment de hulans, et y entretint un haras de chevaux sauvages, plus propres pour les troupes légères que ceux dont nous nous servons. Quelque temps après il fit un voyage à Berlin, où le roi de Prusse lui fit un accueil magnifique et passa plusieurs nuits à s'entretenir avec lui. De retour à Paris il projeta l'établissement d'une colonie dans l'ile de Tabago; mais l'Angleterre et la Hollande s'étant opposées à cet établissement, le maréchal de Saxe n'y pensa plus. Enfin, comblé de biens et d'honneurs, et jouissant de la plus haute réputation, il mourut à Chambord,après neuf jours de maladie, le 30 novembre 1750, 54 ans. Son corps fut transporté à Strasbourg avec une magnificence royale, et déposé dans le temple neuf de Saint-Thomas, où le roi lui fit ériger un monument superbe par les nains de Pigalle. Peu de temps avant sa mort, pensant à la gloire dont il avait joui, il se tourna vers son uédecin et lui dit : « M. Senac, j'ai fait un beau songe. » Il avait été élevé et il mourut dans la religion luthérienne; ce qui fit dire à une princesse vertueuse et catholique, « qu'il était bien fàcheux qu'on ne put dire un De profundis pour un homme qui avait fait chanter tant de Te Deum. Il avait composé un livre sur la guerre, qu'il intitula Mes rêveries; il le légua à M. le comte de Frise son neveu, et on en a donné en 1757 vne magnifique édition en 2 vol. in-4°, avec un abrégé de sa vie. Sa Vie a été imprimée en 1752, en 3 vol. in-12; et en 1774 M. d'Espagnac en a donné une nouvelle, 2 vol. in-12, et 2 vol. in-4°.

SAXI (PAMPHILE), poète latin, était de Modène, et vivait à la fin du 15e siècle. Ses Poésies sont imprimées à Bresse, 1499, in-4°, et ne sont pas

communes.

SAXON, le Grammairien, a écrit une Histoire de Danemarck, depuis les temps fabuleux jusqu'à l'an 1 186. Cette histoire ne mérite de confiance que pour les derniers règnes; elle est écrite en latin, d'un style élégant et trop poétique, mais qui est une espèce de prodige pour le siècle barbare où elle a été composée. On croit que Saxon est

enterré dans l'église cathédrale.de Roschild.

SAY (SAMUEL), co-pasteur d'Ipswich, mort le 12 avril 1743, est auteur d'un Essai sur l'harmonie, et de quelques Poésies, dans la collection de Nichols. SBIEK, célèbre peintre hollandais, dont les tableaux sont très-rares et très-estimés.

SCACCHI. Voyez SCHACCHI.

SCALA (BARTHÉLEMI), homme d'état de Florence, fat employé en diverses négociations par Come ct Pierre de Médicis. Il contribua aussi beaucoup à la renaissance des lettres en Italie, et mourut à Florence en 1497. On a de lui, Apologia Florentiæ, 1496, in-fol; Historia Florentina, Romæ, 1677, in-4°. Voy. DUBRAW.

SCALCKEN (GODEFROY), peintre hollandais, naquit à Dordrecht en 1643, et fut disciple du célèbre Gérard Dou. Il excella dans les portraits en petit, et dans les sujets de caprice. Ses tableaux sont ordinairement éclairés par la lumière d'un flambeau ou d'une lampe. Personne ne l'a surpassé dans le talent d'exprimer les reflets de lumière et le clair - obscur. Il était d'une humeur bizarre et capricieuse, et mourut à la Haie en 1706.

SCALIGER (JULES-CÉSAR ), critique, poète, médecin, philosophe, et l'un des plus savans hommes du 16e siècle, naquit en 1484, au château de Ripa, dans le territoire de Vérone. Il se disait descendu des princes de l'Escale, souverains de Vérone; mais par les lettres de neutralité qu'il obtint en France en 1528, on voit que c'était une vanité ridicule. Il porta les armes avec honneur dans sa jeunesse, et s'acquit ensuite une grande réputation dans les belles-lettres et dans les sciences. Il exerça long-temps la médecine avec succès dans la Guienne, et mourut à Agen, le 21 octobre 1558, à 74 ans. On a de lui 1o un Traité de l'art poétique, 1561, in-fol.; un livre des Causes de la langue latine, 1540, in-4o, et des Exercitations contre Cardan, 1557, in-4°: ces trois ouvrages sont très-estimés; 3o des Commentaires sur l'histoire des animaux d'Aristote, sur les livres des plantes de Théophraste; des Problèmes sur Aulu-Gèle; quelques Traités de physique; des Lettres, Lugd. Bat., 1600, in-8°; des Ha

rangues, des Poésies, 1600, in-8°, et d'autres ouvrages en latin. On remarque dans tous les écrits de Jules-César Scaliger beaucoup d'esprit, de critique et d'érudition; mais comme il était peu habile dans la poésie grecque, on ne doit faire aucun fond sur les jugemens qu'il porte d'Homère et des autres poètes grecs. Son goût bisarre le fait souvent juger très-mal des poètes latins. Sa vanité et son esprit satirique lui attirèrent un grand nombre d'adversaires, surtout Cardan.

SCALIGER (JOSEPH-JUSTE), fils du précédent et l'un des plus savans critiques et des plus érudits écrivains de son siècle, naquit à Agen le 4 août 1540. Il embrassa le calvinisme à l'âge de 22 ans, et vint achever ses études dans l'université de Paris, où il apprit le grec sous Turnèbe. Il se rendit aussi très-habile dans la langue hébraïque, dans la chronologie et dans les belleslettres. Dans la suite il fut appelé à Leyde, où il fut professeur pendant 16 ans, et où il mourut le 21 janvier 1609, à 69 ans. On a de lui un grand nombre d'ouvrages remplis d'érudition et d'une impertinence outrée, de termes injurieux contre les autres savans, que sa vanité lui suggérait. Scioppius crut l'humilier en publiant les bassesses de sa famille. Il y eut plusieurs libelles à ce sujet. Les principaux de ses ouvrages sont 10 des Notes sur les tragédies de Sénèque, sur Varron, sur Ausone, sur Pompéius Festus, etc. ; 2o des Poésies, 1607, in-12; 3° un traité De emendatione temporum, dont la meil jeure édition est celle de Genève, 1609, in-fol. C'est le premier ouvrage où la chronologie soit bien traitée; et quoi que le père Petau en fasse partout une critique amère, il n'est pas moins d'une érudition immense. Il y a même tout lieu de croire que sans cet ouvrage nous n'aurions peut-être pas celui de ce savant jésuite sur la même matière. De tribus sectis Judæorum, Delft, 1703, 2 vol. in-4; 4° la Chronique d'Eusèbe, avec des notes, Amsterdam, 1658, 2 vol. in-fol.; 5° De origine gen tis Scaligeræ, 1594, in-40, ct divers autres ouvrages, dans lesquels on voit qu'il avait beaucoup plus d'étude, de critique et d'érudition, que Jules-César Scaliger son père, mais moins d'esprit et de génie. Les recueils inti

tulés Scaligeriana ont été recueillis des conversations de Joseph Scaliger. Ce n'est point lui qui en est l'auteur. Il est joint à d'autres ana, 1740, 2 vol,

in-12.

SCALIGER (CAMILLE), poète italien burlesque du 16e siècle, est auteur de Il furto amoroso, comedia onesta, Venise, 1613, in-12; Bertoldo con Bertoldino, poema, Bologne, 1736, in-4, fig.

SCAMOZZI, célèbre architecte, qui le premier a perfectionné le chapiteau ionique. Ses ouvrages sur l'architecture, traduits en français, sont imprimés à Leyde, 1736, in-fol. figures,

SCANDERBEG, c'est-à-dire Alexandre Seigneur, est le surnom de Georges Castriot, roi d'Albanie, l'un des plus grands héros des chrétiens. Il naquit en 1404, et fut donné en otage, par Jean Castriot son père, au sultan Amurat II, avec ses trois frères, Repose, Stanise et Constantin. Ces trois jeunes princes périrent d'un poison lent que le sultan leur fit donner; mais Georges Castriot fut conservé, à cause de son extrême jeunesse. Amurat le fit circoncire, l'éleva avec soin, et lui donna ensuite le commandement de quelques troupes, avec le titre de Sangiac. Scanderbeg s'acquit aussitôt une grande réputation par sa valeur et par sa prudence; ce qui le mit en grand crédit à la cour du sultan; mais son père étant mort en 1432, voyant l'Albanie au pouvoir des Turcs, il sut dissimuler avec tant d'habileté le dessein qu'il · avait de recouvrer ses états, que les Turcs n'en conçurent aucun soupçon. Il se servit du trouble que causait dans l'armée turque la victoire que venait de remporter sur eux Huniade, pour contraindre le secrétaire du grand visir d'écrire et de sceller un ordre au gouverneur de Croye de la lui remettre. Il le tua ensuite et l'enterra dans sa tente. Arrivé à Croye, il y entra sans diffi culté avec ses fausses lettres, en 1443. Il remporta plusieurs victoires sur les Turcs, et leur fit lever le siége de Croye en 1450, après la mort d'Amurat, qui y commandait en personne. Scanderbeg fit la paix avec les Turcs en 1461, et passa ensuite en Italie au secours de Ferdinand d'Aragon, assiégé dans Barri. Il fit lever le siége de cette ville te contribua beaucoup à la vic

toire que ce prince remporta contre le comte d'Anjou et le général Picinini. Ferdinand lui donna pour récompense les villes de Trani, de Siponte et de Saint-Jean-le-Rond. Quelque temps après, les Turcs ayant recommencé la guerre, Scanderbeg leur fit lever deux fois le siége de Croye, et les battit en diverses rencontres. Il mourut à Lisse, ville des états de Venise, le 17 janvier 1467, à 63 ans, après avoir gagné vingt-deux batailles. Il laissa un fils nommé Jean, qui devait lui succéder dans le royaume d'Albanie, mais qui fut dépouillé de ses états par les Turcs, et qui ne posséda que les places du royaume de Naples que Ferdinand avait données à son père. Scanderbeg faisait paraître une force si extraordinaire dans les combats, que l'on attri

buait à son cimeterre une vertu surnaturelle; ce qui engagea, dit-on, le sultan Mahomet II à le lui demander; mais l'ayant reçu, et voyant qu'il n'avait rien de particulier, il le renvoya, en disant qu'il en avait de bien meilleurs, avec lesquels néanmoins personne ne pouvait faire de si grandes choses. On ajoute que Scanderbeg lui fit réponse « qu'en lui envoyant son cimeterre il ne lui avait point envoyé son bras. » Le père du Poncet, jésuite, publia en 1709 la Vie de ce héros chrétien, in-12.

SCAPULA (JEAN), après avoir fait ses études à Lausanne, fut employé dans l'imprimerie de Henri Etienne. Pendant que ce grand homme imprimait son excellent Trésor de la langue grecque, Scapula en faisait en secret un abrégé, sans en rien communiquer à Henri Etienne, afin d'en retirer un gain particulier. Il prit du Trésor ce qu'il jugea être de plus grand usage et plus à portée des étudians, et en composa un Lexicon, ou dictionnaire grec, qu'il publia en 1580, in-fol., et que les Elzévirs ont fait réimprimer à Leyde, 1652, in-fol. Ce Lexicon étant beaucoup moins cher que celui de Henri Etienne, fut par conséquent d'un plus grand débit; il empêcha la vente du grand Trésor, et causa la ruine de Henri Etienne, qui fut réduit par là à une extrême pauvreté. Ainsi Scapula s'enrichit et s'acquit beaucoup de réputation par son Lexicon; mais il s'est couvert d'un opprobre éternel par

son infidélité envers son maître, qui se plaint de sa mauvaise fortune dans les vers suivans :

Thesauri momento alii ditantque beantque,
Et faciunt Cræsum qui prior Irus erat.
At Thesaurus me hic ex divite fecit egenum,
Et facit ut juvenem ruga senilis aret.
Sed mihi opum levis est, levis et jact ura ju-

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SCARELLA (JEAN-BAPTISTE), né à Brescia, entra chez les théatins 1728; il fut un des premiers qui fit connaître à l'Italie Locke, Newton, Keil, Musschembroeck, Wolff et les physiciens modernes; ce qui lui fit naitre des adversaires auxquels il se fit un devoir de répondre avec autant de politesse qu'il était attaqué avec aigreur. Il mourut le 26 février 1779. On a de lui Physica generalis methodo mathematicá tractata, Brescia, 1754 à 1757, 3 vol. in-4°; De Magnete, lib. IV, 1759, in-40; Commentarii XII, de rebus ad scientiam nuturalem pertinentibus, 1766, 2 vol. in-40; Hydrodinamica, 1769, in-4°, 2 parties; des Elémens de logique, d'ontologie, de psycologie et de théologie naturelle, 4 vol. in-4°, 1762 et 1763; des Opuscules, dans différens recueils, entre autres dans le tome 5 de l'académie de Bologne; un Mémoire sur la vision, où il n'est pas de l'avis de M. Dalembert; un Traité du baptême des enfans dans le sein de leur mère, Udine, 1769, in-4°, dans lequel l'opinion ordinaire, concernant le baptême des enfans avant leur naissance, est attaquée.

SCARGA (PIERRE), docte et pieux jésuite polonais, né en 1536, fut recteur du collège de Wilna et prédica~ teur aulique de Sigismond III. Il mourut à Cracovie en 1612. On a de lui un Abrégé des Annales de Baronius, et un grand nombre d'ouvrages théologiques, imprimés en 4 vol. in-fol.

SCARRON (PAUL), fameux poète dans le genre burlesque, né à Paris en 1610, était fils de Paul Scarron, conseiller au parlement de Paris, d'une famille noble et ancienne. Il embrassa l'état ecclésiastique, et devint chanoine du Mans. Son état ne l'empê chait pas de prendre toute sorte de divertissemens. Au carnaval de 1638, il

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