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Soixante ans ou environ avant la AN. M. guerre de Troie, Evandre, banni du 2760. Av. J.C. Péloponnefe,arriva avec fes Arcadiens 1244. en Italie. Faunus, qui régnoit alors fur les Aborigénes dans la petite contrée d'Italie apellée Latium, les reçut avec bonté, & leur donna autant de terrain qu'ils en voulurent: ils étoient en petit nombre. Ils y formérent un petit village, auquel ils donnérent le nom de Palantium, en mémoire de leur ancienne patrie qui portoit ce nom dans l'Arcadie. Les Romains l'appellérent depuis Palatium, d'où fut nommé le mont Palatin. Evandre fuccéda à Faunus.

Quelques années après l'arrivée de ces Arcadiens en Italie, Hercule y ar riva à la tête d'une armée confidérable, pour fe rendre maître de ce pays, après avoir déja fubjugué l'Ibérie. Il avoit vaincu & tué Geryon, à qui les Poétes ont donné trois corps, parce qu'il étoit maître de trois grands Roiaumes en Espagne. Il amena avec lui les beufs de ce Prince, qui étoient d'une beauté finguliére. Tout le monde connoit l'audace & la mort funefte de Cacus; avanture fi bien chantée par A. 4 Virgile,

Virgile, & que Tite-Live n'a pas dédaigné d'inférer dans fon Hiftoire. Ce fameux brigand vola à Hercule une partie des beufs de Geryon, & fut affommé par ce Héros. Evandre commandoit alors en ces lieux, plutôt honoré comme un homme rare, qu'obéi comme un Souverain. L'art * d'écrire, prodige inouï pour des peuples à qui tous les arts étoient inconnus, le fefoit refpecter. Mais rien ne lui attiroit davantage la vénération de ces peuples groffiers, que la réputation de ** Carmenta fa mere, qui paffoit pour ane divinité. Elle avoit été l'oracle de ces nations, avant que la Sibylle arrivât en Italie. Evandre, qui prétendoit avoir entendu lontems auparavant de la bouche de Carmenta qu'il étoit dans les destinées, qu'un Hercule fils de Jupiter & d'Alcméne feroit mis au nombre des dieux, n'eut pas plutôt entendu le nom de celui qui venoit de tuer Cacus, qu'il voulut être le premier à lui rendre les honneurs divins, & à méri

*Il apprit à ces peuples l'ufage des lettres Grecques, qui font les premiers caractéres

dont fe fervirent les
anciens Latins.
**Les Grecs l'appel-
loient Thémis.

mériter par là fa protection. Il lui é-
rigea un autel à la hâte, & après lui
avoir fait
part des prédictions de l'O-
racle, il immola à fon honneur un
jeune taureau.

Il fut arrété, fur la prière d'Hercu-
le, & par le confentement de toute la
nation, qu'on célébreroit à perpétuité
tous les ans une pareille folennité fe-
lon les rits Grecs, qu'il prit foin lui-
même de leur apprendre, aiant choifi
dans cette vûe deux des plus nobles
familles, celle des Potitiens & celle
des Pinariens, pour préfider à cette
cérémonie. Nous verrons dans la fui-
te comment les Potitiens périrent,
pour
avoir, dit-on, voulu fe déchar-
ger de ces cérémonies fur des efclaves
publics. Les Pinariens fubfistoient en-
core du tems de Cicéron. Hercule, en
quittant l'Italie, y laiffa quelques-uns
des peuples Grecs qu'il avoit amenés
avec lui,qui s'unirent avec les Aborigé-
nes,& vécurent avec eux dans la même
ville en fi bonne intelligence, qu'on les
eût pris pour une même nation.

2822.

Environ cinquante-cinq ans après AN. M. la retraite d'Hercule, Latinus, qui Av. J.C. paffoit pour fils de Faunus quoiqu'il 1182.

A S

fût

2823. Av. J.C. 1181.

fût fils d'Hercule, étoit Roi des Abo rigénes, & dans la trente-cinquiéme AN. M.année de fon régne. Ce fut de fon nom que les peuples furent appellés Latins, & le pays* Latium, qui avoit pour lors fort peu d'étendue. Vers ce tems làles Troiens, qui s'étoient fauvés de l'embrafement de la ville d'Ilion avec Enée, abordérent à Laurente fur les côtes de la Tyrrhénie, proche l'embouchure du Tibre, dans le pays des Aborigénes. Denys d'Halicarnaffe prétend & prouve que les Troiens étoient originaires de Gréce. Enée apportoit avec lui les ftatues des grands dieux, & le Palladium, qui fut depuis déposé dans le temple de Vesta, & confié à la garde des Veftales, fans ** qu'il fût permis à perfonne de le voir. Les Aborigénes d'abord s'affemblérent fous les ordres de Latinus leur Roi, pour s'opposer à ces étrangers. Mais Latinus s'étant in

for

* D'autres croient que temple de Vefta aiant été Ge pays fut ainfi appellé brulé, les Vierges Vestadepuis que Saturne,fui-les fauvérent le Pallaant de Créte four évi-dium de l'incendie,& le ter la perfecution de fon portérent par le milieu fils Jujiter, s'y fur réfu- de la voie facrée au pa gié. à latendo. lais de l'Empereur. He**Du tems de l'Em-rodian. in vit. Com pereur Commode le mod. pag. 32

>

formé du motif qui les amenoit dans fes Etats, apprit que c'étoient les Troiens, qui fous la conduite d'Enée fils d'Anchise & de Vénus,cherchoient depuis l'embrafement de Troie un endroit pour s'établir,& pour fonder une ville. Voiant avec un étonnement mélé de refpect, & cette nation illuftre, & le Héros qui la commandoit, également prêts à foutenir la guerre ou à faire la paix,il donna la main à Enée en figne d'amitié. Les deux armées fe félicitérent mutuellement. Latinus reçut Enée dans fon palais; & pour ferrer par des nœuds plus étroits l'alliance des deux nations, ce Roi, en préfence de fes dieux domestiques, lui fit époufer Lavinie fa fille. Enée bâtit une ville, qu'il nomma Lavinium du nom de fa nouvelle épouse, dont il eut bientôt un fils appellé Afcagne.

*

Ce mariage attira aux Troiens & aux Aborigénes un ennemi commun. Turnus Roi des Rutules, à qui Lavinie avoit été promife avant l'arrivée du Prince Troien, indigné de voir que Latinus lui préféroit un étranger,déclara

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* Ils habitoient la partie maritime de là Campagne de Rome,

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