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c'eft-à-dire fous le gouvernement de Romulus le premier de fes Rois, elle commença à fe faire craindre & à fe faire admirer par le courage indomtable de ce Prince, & par les fages réglemens qu'il établit dès lors foit pour

,

la Religion, foit pour la guerre & la police. Les autres Rois fes fucceffeurs, prefque tous d'un carac tére different, mais affortis merveilleufement entr'eux pour concourir à la même oeuvre par des voies différentés, fuivirent tous, fi l'on en excepte le dernier, le plan que Romulus leur avoit tracé, & y ajoutant chacun quelque partie effentielle, en avancérent beaucoup la perfection. Car a

a Cùm à primo ur bis ortu, regiis inftitutis, partim etiam legibus, aufpicia, cæremoniæ, comitia, patrum confilium, equitum peditumque defcriptio, tota res mili

eft

taris divinitus effet conftituta; tum progreffio admirabilis incredibilifque curfus ad omnem excellentiam factus eft dominatu regio rep. liberata, Tuf cul. Quæft, lib. 4. n. 1,

eft remarquable que prefque tous les principes de la politique Romaine furent établis fous les Rois & que ces principes ne firent dans la fuite que fe déveloper avec plus de force & d'étendue.

Les progrès du Peuple Romain au dehors dans ces commencemens furent très-lents. Il a luta pendant près de deux cens cinquante ans autour de Rome fa mére contre les peuples voifins, qui l'attaquant les uns après les autres, le tinrent toujours en haleine, & l'auroient forcé à fe ren-. dre habile dans l'art militaire quand même il n'y auroit pas été porté par fon inclination naturelle.. Il ne vint à bout de les foumettre que par la patience & les ména gemens, moins attentif à les domter par la force, qu'à les gagner

a Prima ætas fub Regibus fuit,propè ducentos quinquaginta per annos, quibus circum

4 2.

par ipfam matrem fuam cum finitimis luctatus eft, Flor. in Prol

par

la douceur; cherchant a à s'en faire des amis, non des efclaves; à fe les attacher pour toujours par une foumiffion non forcée, mais volontaire; & fe fefant une régle de n'ôter pour l'ordinaire aux vaincus que le pouvoir de lui nuire.

Le fecond âge de Rome, de même durée à peu près que le premier, c'est-à-dire de deux cens. cinquante ans, riche en grandes vertus & en grands hommes, fait voir des prodiges de courage,, de fermeté, de fageffe, de defintéreffement, & fur tout d'amour de la patrie. C'eft avec de telles armes qu'elle apprit à méprifer tous les dangers & à furmonter tous les obftacles qui s'oppofoient à fa grandeur; & qu'après avoir foumis enfin toute l'Italie, elle fe vit en

état

a Ad hoc populo Ro- imperitare. Salluft. in mano, à principio ino-bello Jugurt. pi, melius vifum amicos, quam fervos quærere; tutiufque rati volentibus, quam coactis,

Neque victis quidquam, præter injuriæ licentiam eripiebant, Idem in bello Çatilin.

état de s'étendre au loin, & de porter fes armes au dehors.

Quelle foule de victoires & de conquêtes se présente dans le troifiéme & dernier âge de la République Romaine, qui ne dure qu'un peu plus de deux cens ans? Ici commencent les guerres Puniques, qui fe font avec un acharnement fi opiniâtre, que chacun des deux peuples jaloux croit ne pouvoir fubfifter que par la ruine de l'autre. Rome prête à fuccomber, fe foutint principalement, durant fes malheurs, par la conftance & la fageffe du Sénat. A la fin la patience Romaine l'emporte, & Carthage eft fubjuguée. Sa ruine fut comme le fignal de la défaite des autres peuples, qui tous, chacun à leur rang, vinrent fubir le joug, & fe foumettre aux Maîtres de l'U nivers.

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A CONSIDERER de près le fil & l'enchaînement des entrepria 3

fes

fes & des conquêtes de Rome, it est aisé de reconnoitre qu'elles ont été le fruit d'un deffein & d'un plan formé dès le commencement, fuivi dans tous les tems avec une conftance admirable, & conduit à La fin par des routes qui ne fe font jamais écartées du but: ouvrage certainement au deffus de la prudence humaine, comme on le verra dans la fuite. Cette ville, fous fes Rois, n'avoit point fans doute formé le deffein de conquérir l'Univers. Mais un même efprit a toujours animé Rome toujours elle a voulu conquérir, dominer: toujours elle a fuivi les mêmes principes pour arriver à cette fin. Il faut avouer cependant que fes espérances & fes deffeins ne fe font aggrandis & étendus qu'avec les forces.

C'eft cet objet qui doit faire une des principales parties de l'étude de l'Hiftoire Romaine, parce qu'elle en eft l'ame; & que la vûe des

dar

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