Avec quelle paf firoit de se rendre qui avoient fecouru maitre des Grecs fen frere. Retraite des dis l'état où se trouvoient fes affaires domeftiques. Le Roi n'avoit rien oublié pour se rendre maître des Grecs, qui étoient venus avec Cyrus lui faire la guerre jusques fous les murs de fa capi-ion Artaxerxe detale, & il le désiroit avec plus de passion qu'il n'avoit défiré de vaincre Cyrus lui-même, & de conferver fes Etats. Et il n'en avoit pu venir à bout, car les Grecs, après avoir perdu Cyrus leur Général, & tous leurs capitaines, ne laifferent pas de fe fauver du fond de fon Royaume, & pour ainfi dire, des portes de fon Palais, en montrant & faifant connoître par experience que tout le fait du Roi Artaxerxe & des Perfes n'étoit qu'or, argent, luxe, délices, belles femmes, & du refte fafte & vaine oftentation. Cela infpira à toute la Grece une merveilleufe confiance en fes fit propres forces, & lui donna un très-grand mépris pour les Barbares, jufques-là que les Lacedémoniens trouverent qu'il leur feroit honteux de ne pas profiter de la conjoncture pour délivrer de la fervitude de ces Barbares les Grecs d'Afie, & pour faire ceffer les infolences & les outrages dont il les accabloit continuellement. Ils· Ï'avoient déja tenté par le moyen de leur Capitaine Et faifant connoitre par experience que tout le fait du Roy Artaxerxe & des Perfes n'étoit qu'or, argent, luxe, délices, belles femmes, & du refte fafte & vaine oftentation. ] Cela parut évidemment, car toutes les forces de ce Roi ne purent empêcher ces dix mille Grecs de fe fau- Ils l'avoient déja tenté par le mille Grecs,quelle honte pour la Perfe. effet que cila fur la Grecen C. L'annnée fuivan Thimbron, enfuite par le moyen de Dercyllidas te, l'an 398. avant & tous les efforts ayant été inutiles, enfin ils reLa naisance de o mirent cette guerre entre les mains d'Agefilas. Ce Quatre ans après Général paffa en Afie avec une groffe flotte, fit d'abord de grands exploits, & acquit beaucoup de réputation, car il défit en bataille rangée Tifapherne Lieutenant du Roi, & fit révolter contre lui la plûpart des villes. Artaxerxe com prend que c'eji avec attaquer les Grecs. Il envoye en Grece Hermocrate ou Tim crate avec de großes fommes, pour faire revolter les villes. Ces grands exploits firent concevoir à Artal'argent qu'il doit xerxe la maniere dont il devoit faire la guerre aux Grecs. Il envoya en Grece Hermocrate de Rhodes avec beaucoup d'or & d'argent, & lui ordonna de s'en servir pour corrompre ceux qui avoient beaucoup de crédit & d'autorité dans les villes, & pour faire foulever toute la Grece contre Lacedémone. Hermocrate s'acquitta fort bien de fa commiffion, toutes les plus grandes Les plus grandes villes fe liguerent contre Lacedémone, & tout le contre Lacedemone. Peloponese en fut ébranlé, de sorte le Confeil de Lacedémone, fut contraint de rappeler Agefilas d'Afie. Et l'on rapporte qu'Agefilas en fe rembarquant dit à fes amis qui étoient auprès La monnoye de de lui, que le Roy le chaffoit d'Afie avec trente mille Archers. Car la monnoye de Perse a un Archer Comment Arta- pour empreinte. villes fe liguent Agefilas eft rappelLé d' Afie. Perfe avoit pour empreinte un ar cher. xerxe ôta l'empire de la mer aux Lacedémoniens. que Le Roi Artaxerxe ôta l'empire de la mer aux Lacedémoniens par le moyen de Conon Général bron.) Ils l'avoient envoyé d'a- qui revenoient de Perse à la fin bord après la bataille d'Artaxerxe de l'hyver, enleva quelques villes contre Cyrus, & Thimbron à Tisapherne. ayant re û le renfort des Grecs, des per La riviere de la Conon retiré à Cypre après la dé faite à la bataille la riviere de la de des Athéniens qui fe joignit à Artabase, car Conon après la bataille navale, qu'il avoit perdue à Egos Potamos, se tenoit dans l'Isle de Cypre, non feulement pour y être en fûreté de sa fonne, mais aufli pour y attendre un changement dans les affaires, comme un homme attend le retour de la marée pour s'embarquer. Voyant donc que les deffeins, qu'il méditoit, avoient besoin d'une grande puiffance, & que la grande puiffance du Roi avoit befoin d'un Capitaine fage & expérimenté, il écrivit à ce Prince pour lui expliquer fes projets, & commanda à celui qu'il chargea de la lettre, de la faire rendre en main propre par Zenon de Crete, ou par Polycrite de Mendes, dont le premier étoit un baladin du Roi, & l'autre fon Medecin, ou s'ils étoient tous deux absens, de la remettre au Medecin Crefias. On dit que cette lettre fut remise à Ctefias en l'absence des deux autres, & qu'à ce que Conon écrivoit, il ajoûta, qu'il le prioit de lui envoyer Ctefias comme un homme très-utile a fon fervice, fur tout pour les affaires de la marine. Ctefias dit pour ajoute par vanité à tant que ce fut le Roi qui l'envoya de fon propre mouvement, & qui le chargea de cet emploi. Après qu'Artaxerxe par la grande bataille navale, que fes Lieutenants Conon & Pharnabase gagnerent près de Gnide, eut dépoffedé les Lacedemoniens de l'empire de la mer, il attira à lui toute la Grece, de forte qu'il donna aux Grecs aux conditions qu'il voulut cette paix cé Conon écrit à Arpliquer fes projets. taxerxe pour lui ex Ce que Ctefias la lettre de Conon. Grecs. Elle fut fai Polymp. XCVIII. l'an 385. avant J. C. Antalcidas Spar rêts d'Artaxerxe. Une paix honteuse pellée paix. Paix & Antalci- lébre, qui fut appellée la paix d'Antalcidas. Cet das honteufe aux Antalcidas étoit Spartiate, fils de Leon, & fi te la 11. année de fort dans les interêts du Roi, qu'il fit en forte que par les articles de cette paix les Lacedemoniens abandonnerent au Roi toutes les villes tiate dans les inte- Grecques d'Afie, & toutes les Ifles qui en dépendoient, afin qu'il en jouît tranquillement & qu'il en tirât tous les tributs comme de fes propres Provinces, fi l'on peut appeller paix, une paix qui fut la honte & l'opprobre de la ne doit pas être ap- Grece, une paix dont la fin fut plus ignominieuse que n'auroit été celle de la plus cruelle guerre après une entiere défaite. C'est pourquoi Artaxerxe, qui avoit toûjours eu en abomination tous les autres Spartiates, & qui, selon le rapdez par Artaxerse port de Dinon, les regardoit comme les plus ponens des plus im impudens de tous les hommes, aima fingulierement cet Antalcidas quand il fut à fa Cour. Un jour il prit une couronne de fleurs, la trempa dans une effence de très-grand prix, dont il s'étoit ferGrande faveur vi à fa table, & l'envoya à Antalcidas. Tous les courtifans furent fort étonnez de cette grande careffe & de cette faveur infigne. Et véritablement il paroît que cet Antalcidas étoit digne de Spartiates regar comme que le Roi fait à Antalcidas. Que n'auroit été celle de la plus cruelle guerre.) Le Grec dit, que n'avoit jamais été. Mais cela eft bien fort. Je croi qu'il manque au texte un '. Et véritablement il paroit que set Antalcidas étoit digne de vivre dans ce luxe, & dans ces délices,& de recevoir une telle couronne.) C'est un beau trait que Plu tarque lâche ici contre Antalcidas. En effet il méritoit de recevoir une telle couronne, qui étoit la marque du luxe & de la molleffe des Perfes, puifqu'il avoit eu la lâcheté de fe mocquer en public de la féverité de Sparte, & de fouler aux pieds la décence & l'honnêteté. vivre dans ce luxe, & dans ces délices, & de recevoir une telle couronne, lui qui avoit dansé au milieu des Perfes, en contrefaisant Leonidas & Callicratidas, deux des plus grands perfonnages de Sparte. Surquoi quelqu'un ayant dit devant Agefilas, Ah la malheureufe Grece où les Lacedemoniens Perfifent! Ne dis point que les Lacedemoniens Perfifent, répondit vivement Agefilas, dit plûtôt que les Medes Laconifent. Mais la fierté de cette réponse n'effaça point la honte de cette action, car bientôt après ils perdirent la Seigneurie de toute la Grece par leur défaite à la bataille de Leuctres où ils firent fort mal, & toute la gloire de Sparte fut perduë par les articles de cette paix, Lui qui avoit dansé au milieu des Perfes, en contrefaifant Leonidas &Callicratidas. ] C'eft le fens des paroles du texte, qui dit en danfant Leonidas & Callicratidas. Antalcidas en danfant imitoit la féverité de ces grands perfonnages, pour les tourner en ridicule, ce qui ne pouvoit pas manquer de faire un très-grand plaifir aux Perfes, qui voyoient un Spartiate fe moquer de tout ce qu'il y avoit de plus refpectable dans fon pays, & expofer à la rifée publique deux hommes confidérables, qui étoient les plus grands ennemis des Barbares & de leur fafte. Dis plutôt que les Medes Laconifent.) Par cette réponse Agefilas veut éloigner l'idée d'inferiorité que le mot de cet inconnu donnoit de Lacedemone, car ce Car bien-tôt après ils perdirent Lâcheté infigne d'Antalcidas. Vive & fiére répartie d'Agefilas à un mot qui fut dit devant lui. Les Lacedemo miens perdivent la Seigneurie de la Gréce par leur défaite à Leutres, la 11. année de l'Olymp. 11 quatorze ans après la paix d'Antalcidas. |