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Qualitez qu'on remarquoit dans

neße.

Nicocles obfervait

Nicocles, après avoir regné quatre mois, pendant lefquels il fit plufieurs grands maux à sa ville, fe vit fur le point d'être dépoffedé par lés Etoliens qui lui avoient dreffé des embûches. Aratus commençoit alors à entrer dans l'âge d'homme, & il étoit déja en grande confidération tant à cause de sa naissance, que de fon courage où l'on ne remarquoit ni petiteffe, ni paresse, mais une gravité au-delà de fon âge, accompagnée de beaucoup d'ardeur & d'un fens ferme & raffis. Ces qualitez,qui étoient connuës, faifoient Aratus dès fa jeuque les bannis de Sicyone avoient particuliérement les yeux fur lui, le regardant comme leur reffource, & Nicocles de fon côté ne négligeoit point ses demarches & faifoit espier sous main & obferver tous fes mouvemens. Ce n'eft pas qu'il craignît de lui une action auffi audacieufe, ni une entreprise auffi hazardeuse & auffi témeraire que celle qu'il fit; il foupçonnoit feulement qu'il s'adrefferoit aux Rois, qui avoient été amis & hôtes de fon pere,& qu'il tâcheroit de les ameuter contre lui. En effet Aratus tâcha d'abord de prendre cette voye. Mais Antigonus, qui lui avoit promis,lui ayant manqué, & les efpérances, ja ville du Tyrane qu'il avoit conçûës de l'Egypte & de Ptolemée, traînant en longueur, il réfolut de fe défaire du Tyran par lui-même fans aucun fecours é- prend feul.

tranger.

Les premiers à qui il communiqua fon deffein, furent Ariftomaque & Ecdelus, Ariftomaque

foigneufement tou

tes fes démarches.

Voyes qu' Aratus tenta pour délivrer

Enfin il Pentre

s'ouvre à Ari

ftomaque & à Ec

d·lus, ou Eudemus banni de Sicyone, & Ecdelus Arcadien banni de felen Polybe. Megalopolis, homme fort appliqué à la philosophie, mais à la philofophie qui enfeigne à agir, Qui avoit été ayant été à Athènes difciple d'Arcefilas l'Acaavoit établi la démicien. Ces deux personnages ayant reçu de moyenne Académie. très-bon cœur cette ouverture, il parla aux autres

dijciple de Crantor

&

bannis. Les uns de honte d'abandonner & de trahir une fi grande esperance, se joignirent à lui, les autres, en plus grand nombre, bien loin d'approuver les vûës, tâcherent de l'en détourCar Aratus n'a- ner, lui difant que faute d'expérience & de connoiffance des affaires, il fe jettoit dans une entreprise témeraire, & fans aucune apparence de fuccès.

voit pas encore vingt ans.

Pendant qu'il cherchoit dans fa tête les moyens de s'emparer de quelque pofte dans le territoire de Sicyone,dont il feroit comme sa place d'armes pour faire la guerre au Tyran, il arriva à Argos un homme de Sicyone, qui s'étoit fauvé de la prifon. C'étoit le propre frere de Xenocles l'un des bannis. Xenocles le mena d'abord à Aratus. Rapport que fait Dès qu'il fut en fa prefence, après lui avoir fait Xenocles, de l'état en peu de mots le recit de fon avanture, il lui dit que l'endroit de la muraille, par où il s'étoit fauvé, étoit prefque de plein pied par dédans au terrein de la ville, qui de ce côté-là Le trouvoit fort élevé,fort efcarpé,& plein de rochers, & que par déhors la muraille n'étoit pas fi haute qu'on ne pût très-aifément l'efcalader.

à Aratus le frere de

de la muraille de Sicyone.

Aratus envoye

Sur ce rapport Aratus envoye avec Xenocles

avec Xenocles deux

de fes efclaves re

raille.

deux de fes esclaves, Seuthas & Technon, pour reconnoître la muraille, refolu pour peu qu'il vît connette la mude jour à entreprendre la chofe fécretement & à s'en tirer par un feul péril, de hazarder le tout pour le tout plûtôt que de prendre la voye d'une longue guerre & d'infinis combats contre le Tyran, lui qui n'étoit que fimple particulier.

forme à celui du

Ce qui rendait

Les deux efclaves,qui étoient partis avec Xe- Leur rapport connocles, étant revenus après avoir pris la hauteur frere de Xenocles. de la muraille, rapporterent que cet endroit n'étoit naturellement ni inacceffible, ni même difficile, mais que l'approche en étoit dangereufe difficile appreche parce qu'on ne pourroit fe cacher à caufe de quel de la muraille. ques chiens d'un jardinier du voisinage, qui étoient fort petits, mais très-courageux, très-ardens, & qu'on ne pouvoit adoucir, ni apprivoifer. Aratus mit d'abord la main à l'œuvre. Il leur fut aisé de faire provision d'armes fans donner aucun foupçon, car alors tout le monde marchoit armé donner du soupçon. à caufe des brigandages, & des pilleries qui fe commettoient dans le pays, & des courfes qu'on

Aratus fait previfion d'armes fans

faifoit les uns fur les autres. Et Euphranor put Euphranor charfaire auffi des échelles à la vûë de tout le monde, pentier fuit les é. fon métier de Charpentier lui en donnant le moyen fans le rendre fufpect, car il étoit auffi un des bannis. Tous fes amis d'Argos lui donnerent des hommes,ceux qui avoient le moins de domeftiques, en fournirent dix; il en arma trente des fiens, & il acheta de Xenophilus, qui étoit le premier Capitaine des bandits, une petite troupe Pitaine de bandits.

Xenophilus Ca

La tour de Poly

gnotus, entre Argos & Nemée.

Mefures que prend

Aratus pour le fuc-` cès de fon deßein.

de foldats aufquels il fit entendre qu'on les ménoit à Sicyone pour enlever les haras du Roi, & la plupart furent envoyez par differens chemins à la tour de Polygnotus, où ils eurent ordre de l'attendre. Il envoya auffi devant Caphefias en équipage de voïageur avec quatre de fes compagnons, qui devoient arriver de nuit chez le jardinier, comme gens qui paffoient leur chemin & que la nuit avoit furpris, & qui étant logez chez lui, devoient l'enfermer lui & les chiens, car il n'y avoit point d'autre chemin pour approcher de la Echelles bifées. muraille, & mettant dans des paniers les échelles qui étoient brifées, ils les chargerent fur des chariots & leur firent prendre aufli les devants.

Des efpions du Tyran Nicocles arrivent à Argos.

les abufa.

Sur ces entrefaites arriverent à Argos quelques éfpions, que le Tyran Nicocles y envoyoit, & le bruit fe répandit qu'ils fe promenoient par tout à la fourdine pour obferver Aratus. Le lendemain Comment Aratus au point du jour Aratus parut à la place & fut long-tems à s'entretenir avec fes amis; ensuite il entra dans le Gymnase, s'exerça, se fit frotter 'd'huile, & emmenant de la palestre quelques-uns des jeunes gens, qui avoient accoûtumé de boire & de fe divertir avec lui, il s'en retourna dans fa maison. Quelques momens après on vit de fes domeftiques traverfer la place; l'un portoit à la main des chapeaux de fleurs,celui-ci achetoit des flambeaux, & celui-là s'entretenoit avec des muficiennes, qui alloient ordinairement chez lui chanter & jouer des inftrumens pendant son

dîner,

dîner, ce que voyant ces efpions, ils étoient fort abufez, & en riant ils fe difoient les uns aux autres: Vrayment on voit bien qu'il n'y a rien de plus timi

Rien n'eft fi timis

qu'un 'un Tyran, puifque Nicocles même, qui eft Maître de qu'un Tyran. d'une fi grande ville, environné d'une fi grande puiffance, ne laiffe pas de redouter un jeune homme, qui dépense en voluptez en feftins en plein jour le peu de bien qui lui refte pour s'entretenir dans fon exil, & après ces faux raisonnemens ils fe retirerent.

cyone.

Mais Aratus au fortir de table partit d'Argos, & alla joindre les Soldats qui l'attendoient à la Tour de Polygnotus. Dès qu'il les eut joints, il les mena à Numée, où il déclara à la plûpart où il déclara à la plupart ville fur le che le deffein qu'il avoit formé. Il commença par les min d'Argos à Siexhorter & par leur faire de grandes promeffes, & après leur avoir donné pour mot, Apollon trèsfavorable, il les mena droit à Sicyone, hâtant le pas à mefure que la Lune penchoit vers son coucher, & s'arrêtant de même pour ne pas la devancer, pour joüir de fa clarté pendant fa marche, & pour n'arriver à la maison du Jardinier, qui étoit près de la muraille, qu'après qu'elle feroit couchée. Caphefias vint le rencontrer près de-là, & lui dit, qu'il n'avoit pû enfermer les chiens, parce que quand il étoit arrivé, ils étoient déja lâchez, mais qu'il avoit enfermé le Jardinier, Cela fit perdre courage à la plûpart de fes gens, jusques-là qu'ils le preffoient d'abandonner fon entreprise & de s'en retourner. Mais il les rasseura, leur promettant qu'il les remeneroit, fi les chiens

Ce qui fit perdre courage à la plis

part des Soldats Aratus.

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