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dit notre Auteur, les hommes ont trop d'efprit pour rire des fottifes qu'on diroit crûment de leurs confréres ; leur folie eft de rire avec honneur, pour ne pas devoir tout leur plaifir à leur malignité. M. R.D.S.M. fouhaiteroit que Defpreaux fût quelquefois plus délicat, & il ne paroît pas le trouver toujours affez fimple & affez naïf. Peut s'en faut, dit-il, que je n'aime autant Regnier! Quel homme, s'écrie-t'il, que ce Regnier; s'il étoit moins libertin je l'adorerois; fon grand naturel me charme? Lizez, pour voir la Satyre à B.

L'Auteur expofe fur l'Ode des pen. fées qui femblent l'emporter fur les hautes idées que nous en ont voulu donner ou renouveller plufieurs Ecrivains depuis un tems, par rapport à ce qu'on appelle dans l'Ode le fublime, le merveilleux & les grandes images, qu'il n'appartient qu'aux grands génies de fentir, & qu'on ne sçauroit guére définir; il y faut proceder par voye d'exemples; en voici un : Jupidonne à Thétis pour gage de fa un figne de tête, il dit; & du

mouvement de fa tête immortelle l'Olympe eft ébranlé; voilà pour le fublime des images. Mais l'Auteur admet un autre fublime qui eft celui des tours, il en cite des exemples du grand Corneille. Ce qui lui eft plus particulier, eft fa définition du fublime des tours. Selon lui, c'est un grand fentiment que nous fommes fûrs avoir été éprouvé par un grand Homme, à la place duquel nous nous met tons. Le fublime des tours n'a t'il lieu que dans le fentiment d'un grand Homme Peut-être fe trouvera-t'il auffi dans la notion que l'Auteur donne en général du fublime, en difant que c'eft l'expreffion courte & vive de tout ce qu'il y a dans une ame de plus grand, de plus magnifique & de plus fuperbe. Quoiqu'il en foit, il femble attribuer le fentiment que nous avons du fublime à notre orgueil, qui eft fouvent fort fot & fort ridicule; nous mettant tacitement à la place d'un grand Homme qui a éprouvé un grand fentiment. Ainfi, nous fommes touchés du fentiment d'Ajax, qui dansul'a deur de fe battre & dans l'obfe

'du jour s'écrie: grand Dieu, rendsnous le jour & combats contre nous. Le genre humain qui goûte une pensée fi gafconne, eft charmé de voir fon maître appellé en duel par un mortel. Un autre trait tiré du Suréna de Corneille, n'eft pas moins beau, quoiqu'il paroiffe avoir peu de rapport avec nôtre orgueil. Dans un reproche qu'on fait à Euridice maîtreffe de Suréna, on dit, vous caufez sa mort, & vous ne la pleurez point? Euridice répond, non, je ne pleure point, Madame,mais je meurs; & au même tems elle tombe expirante. Il y a, dit nôtre Auteur, furieufement de fublime dans l'action d'Euridice & dans fa réponse.

En faisant l'Eloge de l'Entousiasme, qui fait le principal appanage de l'Ode, il en fort des chofes fuperbes, dit l'Auteur, & telles, que je défie la raifon avec fon orgueil d'en produire de pareilles. C'eft pour cela qu'il aime Pindare à la folie; au lieu qu'un efprit de précision, une fureur de Logique qui regne depuis peu en France, fait de modes raisonneurs, & nous en fom

upportables. Ainfi, l'Auteur par

le avec dédain de deux Odes qu'il rapporte de M. de la Motte, dans lefquelles il entre beaucoup de raifon. Le fublime de l'Art, ajoûte-t'il, eft de varier un fujet, fans qu'il foit découfu, & fans que l'idée principale en fouffre. D'ailleurs, il ne trouve pas que cela foit difficile, il en dit même les moyens, il ne s'agit que de les pratiquer. Du refte, il demande de l'enthousiasme jufques dans les Odes anacreontiques; ce qu'il appelle ici enthousiasme, eft apparemment la vivacité avec laquelle nous parlons que nous aimons. A cette occafion il rapporte une chanfon à boire qu'on l'avoit chargé de faire ; & comme il n'aime pas le vin, il prend à témoin fon Leur qu'elle eft miférable, & il en fait lui-même la critique: Il veut une chanfon qui diftile la joye, la volupté, la tendresse... paffions qu'il adore. L'hommage eft un peu fort, ne feroit-il pas bon de le tempérer Du refte il étend l'enthousiasme à tout, & il en trouve l'yvreffe, jufques dans les Ouvrages même de Pafcal, de Montagne

de ce

'du P. Malbranche; c'eft la porter bien loin, fuppófé qu'il n'y ait point ici d'équivoque; cat l'enthoufiafme pourroit bien fignifier ici, ce qu'on appelle d'ordinaire vivacité d'imagination & d'expreffion.

M. D. S. M. dans un dernier Chapitre porte fes réflexions fur le Sonnet, fur le Rondeau, fur l'Epigramme & le Madrigal. Il commence par le Sonnet dont il fait l'éloge; mais c'est une efpece de Poëme dont on ne fait guéres aujourd'hui d'ufage. D'ailleurs quelque peu confidérable que paroiffent ces fortes de petits Poëmes, les parties en font, dit-il, plus délicates & plus difficiles à manier.

Ce qui fait leur principal mérite, eft un air facile au milieu de la contrainte, principalement dans le Rondeau. On conçoit une petite admiration de voir des graces fortir du sein de la contrainte, & de voir les mêmes mots du refrein s'ajufter en divers endroits à des idées différentes, avec autant de facilité que s'ils avoient d'abord été choifis pour chacune d'el

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