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& font d'autant plus efficaces, qu'il eft plus indifpenfable d'imiter fes peres, & de fonger à heriter de leur gloire, comme on herite déja de leurs titres. L'Auteur nous pardonnera, fi nous ne donnons pas à fes pensées toute la fuite qu'il leur a donnée luimême. Mais outre que l'Ouvrage eft trop étendu; les citations nombreufes & les digreffions fréquentes dont il eft chargé, ne conviennent guéres à la fimplicité d'un extrait. On peut pourtant affurer que M. de Wilhelm méritera l'approbation des Lecteurs judicieux, bien plus encore par la fageffe de fes réflexions, que par la beauté de l'impreffion du Livre, & la délicateffe des figures & des devifes qui font à la tête & à la fin de chaque Difcours.

I. DISCOURS OU TRAITE'. Le premier eft employé par M. de Wilhelm à prouver cette belle Sentence de Lactance, que le Prince ne trouve de folide bonheur que dans le zele pour défendre la Religion & pour l'étendre. C'eft la Religion qui eft la fource de toutes les vertus. C'eft elle:

qui les annoblit, qui les épure, qui les dégage des foibleffes infèparables de l'humanité, & des paffions qui nous environnent. Plus un Prince a de devoirs à remplir, plus il eft exposé aux préjugés funeftes d'une grandeur dans laquelle il eft né, & plus il a befoin d'une lumiere vive qui diffipe le nuage épais qu'amaffent autour de lui l'orgueil, l'indépendance, la flatterie. Ce flambeau Tera la Religion. Elle lui répétera jufques fur le Trône qu'il eft mortel lui-même & foûmis à Dieu comme le dernier de fes fujets; elle lui apprendra à regler fes defirs fur la juf tice & non fur la puiffance, à mefurer fes avantages par les bienfaits dont il eft le difpenfateur, plus que par les plaifirs qu'il peut fe procurer, à gouverner en pere ceux qui lui obéiffent comme à leur Maître, à confacrer à leur sûreté fes tréfors, fon repos, jufqu'à fa vie même; dans ces idées, il honorera Dieu, & il le fera honorer dans fes Etats. Ses exemples feront pour fes fujets des leçons qu'ils s'emprefferont de fuivre.

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Quelle gloire dès-lors pour lui-même, quel bonheur pour fon Royaume! Réveré de fes peuples, il trouvera dans leur cœur des reffources inépuifables, & de ces fecours même qui ont échappé aux recherches avides des Princes les plus durs & les plus voluptueux. Sa parole fera un oracle dont on attendra l'effet avec confiance. Prévenu que fes vûës ne fe rapportent qu'au bien public, on ne fe permettra feulement pas. d'examiner dans la fimple fpéculation ce qu'il aura regle; on combattra en foule fous fes enfeignes 3 on fe précipitera avec affurance au milieu des dangers, on fe croira d'autant plus sûr de vaincre, qu'on croira ne combattre que pour la juftice & la vertu. Mais non, on n'éprouvera que rarement fous un Prince religieux les malheurs de la guerre. Sa modération empêche fes voifins de s'allarmer fur fa puiffance, & fa fermeté contient leurs inquiétudes. On n'appréhende point de fa part des invafions injuftes,on ofe encore moins l'attaquer. C'eft fur ces fages prin

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cipes que l'augufte Maifon de Baviere a paru fe conduire prefque également dans tous les tems. M. de Wilhelm montre que la plupart de ces Princes, ont toujours mis à la tête de leurs devoirs de pratiquer la Religion, & d'employer leur autorité & leur vie même à la protéger & à l'étendre. Il nous rappelle leurs exploits fameux au tems des Croifades, & leurs combats dans la Palestine. Il s'étend affez au long fur le zéle d'Albert le fage, pour réprimer les fureurs de Luther, pour remédier au défordre, & à la confufion que les dogmes de ce fougueux héréfiarque apportoient dans l'Empire & dans la Religion, pour hâter la conclufion du Concile de Trente. Il nous repréfente Maximilien I fervant la Religion encore plus que le reffentiment de l'Empereur Ferdinand fecond, & triomphant de l'héréfie à la journée de Prague. Ces Princes n'entrent pourtant ici qu'indirectement dans le deffein de l'Auteur. Il les réferve pour la fuite de fon Ouvrage, & il les propofera pour mo

déles au jeune Prince, mais en d'autres genres de vertus. C'eft Charlemagne que M. de Wilhelm choifit pour fon Héros, ou plutôt pour celui de la Religion. Il eft, felon l'Auteur, la tige certaine de la Maifon de Baviere. N'eft-il pas heureux pour un Prince de trouver dans le premier de fes ayeuls connus un exemple parfait du plus important de tous les devoirs? On retrouve donc ici dans la feconde partie de ce Difcours les principaux faits qui rendent la mémoire de ce grand Empereur fi refpectable dans la Religion. Que de combats n'eut-il pas à foûtenir contre les Saxons & les autres Peuples du Nord ? Le défir d'augmenter fa domination, eut la moindre part aux guerres fréquentes qu'il eut avec eux. Il falloit mettre fes Etats en sûreté contre les excurfions continuelles de ces redoutables ennemis. Charlemagne fçut profiter de la néceffité où il fe trouvoit de les combattre pour les foûmettre à l'Evangile. Il triompha de leur férocité par fa valeur; il diffipa leur aveuglement &

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