Imágenes de páginas
PDF
EPUB

omis. Ludmille étoit une veuve de qualité. Louis cut occafion de la voir, & fut charmé de fa beauté. Il s'expliqua, mais avec tous les égards dûs à fon rang; il trouva dans Ludmille une vertu, que l'éclat d'une Couronne ne put jamais corrompre. Une réfiftance fi peu commune, irrita fa paffion. Il lui promit un jour de l'époufer. Elle parut l'écouter, & exigea fur le champ qu'il prêt à témoin de fes fermens, trois Cavaliers que le hazard fembloit avoir dépeints dans une tapifferie. Il y confent; dans le moment la tapifferie s'ouvre, trois hommes armés fuivant l'ufage de će tems-là, paroiffent au lieu des perfonnages fuppofés. Louis plein d'admiration pour l'efprit & pour la fageffe de Ludmille, confirme fes promeffes. Il l'époufa, & vécut avec elle dans une union que la mort feule interrompit. C'est ainsi que la vertu fait triompher le devoir, & conduit quelquefois aux grandeurs, lors même qu'elle femble en écarter:

IV. DISCOURS. M. de Wilhelm combat dans fon quatrième Difcours

,

[ocr errors]

ce principe fi connu dans la cruelle politique. S'il eft permis de violer le droit, deft pour regner. Maxime déteftable qui a fait voir plus d'une fois à l'U-` nivers les fpectacles les plus effrayans, le fils attentant fur les jours du pere, le fujet fe baignant dans le fang de fes Maîtres & des Provinces. Le moindre des crimes d'Agrippine pour affurer l'Empire à Neron, fut d'avoir facrifié fa gloire à ce projet ambitieux. Elle confentoit à mourir des mains même de fon fils, fi fon fils pouvoit regner à ce prix. Ne dérobons rien au mérite de l'Auteur; il n'a rien omis pour peindre vivement cette furieufe paffion de dominer contre le droit, pour en imprimer de l'horreur, pour en mon-` trer les excès funeftes, & il y a réussi. Mais fi le Thrône ne doit jamais s'acheter par un crime , peut-on du moins avoir un défir raifonnable d'y parvenir? Ceux que la naiffance en approche, l'auront toujours probablement. Ce fentiment même eft dans l'ordre, & gouverné par la raiSon, il diftingue les Princes du vul

gaire, & les conduit à l'héroïfme. Ce défir pourtant feroit moins vif fi l'on réfléchiffoit plus fur le poids d'une Couronne, & moins fur l'éclat dont elle brille? Quelle foule de devoirs à remplir ! Quelle fuite d'ennuis, de dégoûts, & fouvent de ́ revers ! L'habitude des plaifirs en émouffe les agrémens; on en a bientôt épuifé les douceurs, la répétition en devient infipide, on n'y eft plus fenfible; mais ceffe-t'on de l'être à des foucis fans nombre, & à la gêne du travail? Le foin de conferver des poffeffions immenfes, la crainte de Les perdre, occupent le cœur d'un Prince & le divifent tour à tour. Que celui-là confente à vous porter qui ne vous connoit point! C'eft ce que fait dire Valere-Maxime à quel qu'un qui eut le courage de refufer la Couronne qu'on lui offroit. M. de Wilhelm s'engage enfuite dans une affez longue differtation fur les différentes routes qui peuvent conduire au Trône. Il a cru cet examen né

ceffaire pour détruire plus efficace. ment la maxime qu'il combat, &

pour montrer que dans aucun cas, il n'eft permis à un honnête homme de fe deshonorer, pour regner, ou du moins que le bonheur d'un cri me n'en diminuë point l'atrocité. Nous nous contenterons d'indiquer rapidement ce qu'il en dit, quelque curieufe que foit la matiere. La premiere voye qui méne à la fouveraine puiffance, eft celle des conquêtes, Graces à la Religion fur-tout, & aux fages principes qu'elle établit, nous ne voyons plus, comme autrefois des Nations fubjuguées, devenir la proye de l'injuftice & de la violence, de nouveaux Etats s'élever fur les débris des anciens, & les Loix confondues, fe perdre dans un mélange informe. Si la contrariété des intérêts produit la guerre, ce n'eft point l'ambition de conquérir qui doit armer les Souverains. On réclame des droits légitimes, on venge les offenfes de la Nation, on cherche à hu milier un ennemi trop puiffant pour le repos de fes voifins. Les Pays dont la paix affure la poffeffion, joüiffent à leur tour des avantages des fujets

[ocr errors][ocr errors]
[ocr errors]

naturels. Peut-on fe rappeller fans frayeur les triftes fcênes données par la manie des Conquérans ? Une puiffance fondée fur l'oppreffion, & cimentée par le fang des malheureux a-t'elle dequoi toucher une ame noble? Procure-t'elle ce bonheur que l'on fe flatte d'y trouver ? M. de Wilhelm promene fon Lecteur dans les tems les plus reculés, & remar→ que la mort violente de la plûpart des tyrans ou de ceux qui n'ont cu, pour regner, d'autre droit que celui qu'ils avoient tiré de leurs armes. Si le hazard a voulu qu'ils échappaffent à la vengeance, ont-ils pu fe dérober aux foupçons & aux remords Ont-ils connu la douceur d'être aimés? Ont-ils pu croire difpofer du cœur de leurs nouveaux fujets, comme ils s'étoient emparés de leurs fortunes ?

,

La feconde route pour arriver au Trône, c'eft l'alliance que l'on contracte avec une Princeffe héritière ou déja maîtreffe d'un Etat. L'Hiftoire montre le peu de cas qu'il convient de faire de cette façon de regner. Les

« AnteriorContinuar »