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» particuliers font felon lui, des par»ticipations, comme l'être fouverain que l'être univerfel ou la réa»lité univerfelle que participent tous » les êtres réels en particulier. Ce n'eft pas là certainement l'idée du » vrai Dieu, quoique pour s'accom» moder au langage ordinaire, Pla»ton emploie de tems en tems des termes mafculins au lieu du mot » abftrait de bonté, & au lieu des » termes neutres de bien & d'être, p. 274. Pour l'être fouverain ou le » bien univerfel, pourquoi Platon prefcriroit-il un culte ? L'être tout "court & fans restriction, ne voit ni » n'écoute rien par lui feul, p. 277. " C'eft par cette raifon, dit ailleurs le P.H. qu'un Cartefien ou un Malbran¬ chifte, c'est-à-dire un athée, ne fçauroit demander à Dieu les biens temporels. Car le moyen, dit-il, de demander du pain à l'être tout court ou à la verité univerfelle ? Le P. H. finit fon Platonifme par ces mots trèssemarquables,qui montrent au public fes liaifons intimes avec M. l'Abbé d'Olivet. « Voilà ce qui se presentois

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» à dire fur ce fujet. Je me flatte que » l'amitié dont M. l'Abbé Fraguier » m'honore depuis fa tendre enfance,

l'engagera aifément à me pardonner » cette cenfure, d'autant plus que M. " l'Abbé d'Olivet lui-même ne pa"roît pas plus approuver que moi » l'opinion de Platon dans la conclu» fion très-orthodoxe par où il finit » fes remarques fur la Théologie des Philofophes Grecs. »

Platon étant ainfi deplatonifé & réduit au rang des fripons du 13. fiecle, il paroîtra moins furprenant que le P. H. faffe faire à Virgile & à Horace la culbute de plus d'un millier d'années pour les faire tomber jufqu'en 1250. ou au-delà dans quelque cellule deReligieux athées.Commençons par Virgile. On avoit crû jufqu'à prefent avec quantité d'Autheurs contemporains que fon Encïde étoit de lui, pure chimere. Tous ces Autheurs & celui de l'Eneide font des fcelerats du 13e. fiécle, qui fe font donné le mot de s'appeller Catulle, Tibulle, Properce, Horace, Virgile, Ovide, &c. pour dupper tout l'univers en jettant

un ridicule très-fin & très-fecret fur la Religion Chrétienne. Et les raifons pour l'Eneïde ? les voici. Elles roulent 1°. fur quelques anachronifmes prétendus & non prouvés fuivant la chronologie du P. H. 2°. Sur le vrai but de l'Eneïde. 3°. Sur les folecifmes, les barbarismes, les inepties & les abfurdités que l'on croit y démontrer dans un fort grand détail. Comme ce détail feroit infini dans un extrait', nous nous contenterons de remarquer avec le P. H. qu'il falloit bien que le faux Virgile fût un franc athée du 13e. fiécle (auffi-bien que le faux Ciceron) paifque le but de l'Eneïde a été de faire voir qu'il n'y a point d'autre Dieu que le deftin, « c'est-à-dire, un enchaînement » de caufes comme l'appelle le faux » Ciceron, ou la nature & fes loix » comme le nomment d'autres. » ( Le P. H. veut dire les Cartefiens.) A l'égard du fonds de l'Eneïde, « il a » fallu trouver un exemple illuftre » où le deftin triomphât. La cohorte impie [ du 13e. fiécle ] a voulu faire »juger que le triomphe de la Reli

gion chrétienne fur celle de Moyfe étoit un pur effet du deftin, qui "voulut que le Chriftianifme s'éta» blît à Rome après la deftruction du Temple de Jerufalem. Le Poëte n'a "pas ofé traiter ouvertement ce fu"jet. Il avoit interêt de paffer pour

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payen, Qu'a-t'il fait ? il l'a tourné

en allegorie conforme à fon fujet. "Dans cette vûë il a fubftitué l'em»brasement de Troye à la prife de » Jerufalem. Il a fuppofé le transport

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des Divinités Troïennes en Italie » pour repréfenter le Chriftianifme "tranfporté à Rome; Turnus tué dans » un combat & Amata qui fe pend » de défespoir pour figurer l'extinc"tion du Judaifme & l'abolition de "la Synagogue.. Au refte, ces em» blêmes font tous faux... ainfi cette

Fable n'eft pas proprement un Poë"me épique qui éxige une action vé"ritable. C'est un Roman où tout eft

feint jufqu'à l'action, quoique dans » dans le fens allegorique dont je » viens de parler, on propofe une " action vraïe & des paffages avec des ? Sentences qui n'auroient d'ailleurs

» aucun fens vrai-femblable fi on ne » les prenoit dans le fens caché que » je développe. " p. 283.

Ce morceau exactement traduit du Latin du P. H. nous difpenfe d'en dire davantage fur Virgile. Voïons de la même maniere le faut que fait le pauvre Horace, fort étonné fans doute de fe voir travesti en D. ou en B. du 13° ficcle pour faire des Odes à deffein d'accrediter l'Athéifme. Le P. H. nous affure que ces belles Odes qui ont fait & qui feront toûjours l'admimiration des gens de Lettres, font des extravagances qui ne font poinɛ du vrai Horace Auteur des Satyres & des Epîtres.» Car (dit ce Sçavant, p. 328. & c'eft un de fes grands raifonnemens) Horace parle ainsi à

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» Mécenas :

Primâ dicte miht,fummâ dicende Camœnâ.

"O vous que j'ai celebré dans mes " premiers Vers, vous ferez le fujet » de mes dernieres Poëfies. Or ces » premiers Vers font les Satyres ou » les difcours qui commencent par

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