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Tant mieux: quand je suis en fureur,

Nul égard ne sauroit retenir ma valeur.

Un faquin qui me brave & me rompt en visiere!

LE COMTE.

N'en soyez point surpris, il adore Dortiere;
Bon sang ne peut mentir: comme fon espion,
Il parle en sa faveur en toute occasion,
Et tâche à le servir auprès de ma sœur même

Qui daigne l'écouter.

Dortiere?

LE MARQUIS.

Comment? Eft-ce qu'elle aime

LE COMTE.

Je croyois qu'elle aimoit le Baron,

Elle me l'avoit dit; elle change de ton.

LE MARQUIS.

Eh, pourquoi, s'il vous plaîc ?

LE COMTE.

Entre nous, c'est ma mere

Qui l'a déterminée en faveur de Dortiere.

LE MARQUIS.

Oh! Parbleu, nous verrons.

LE COMTE.

Ne vous obstinez pas;

Ma mere est en humeur de faire du fracas;

Elle enrage de voir l'étroite intelligence

Entre Monfieur & vous.

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Je croi qu'elle a conçu quelque fâcheux soupson.

LE MARQUIS au Baron.

Auriez-vous jafé?

LE BARON.

Moi?

LE MARQUIS au Comte.

Si vous voulez la paix, ne donnez point Julie

Sur quoi, je vous supplie

LE COMTE.

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Je l'aurai pourtant, & j'en sai le moyen.

La belle, à mon égard, a beau faire la fiere ;
Cinquante mille écus que coûteroit Dortiere,
Pourront bien refroidir ses transports amoureux

LE COMTE.

De quoi me parlez-vous?

LE BARON.

D'un dédit que tous deux

Nous nous sommes signés d'une pareille somme.

LE COMTE.

Mon pere & vous?

LE BARON.

Sans doute: il est trop galant homme

Pour vous nier le fait. Tenez donc pour constant
Qu'il me faut, ou Julie, ou de l'argent comptant.
Serviteur.

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Sur l'intérêt: je vois qu'il n'en démordra pas.

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Vous étes trop fage

Pour vous être lié de la forte, & je gage...

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LE COMTE.

Le cher Baron m'a voulu plaisanter Tantôt sur ce dédit; & moi, très-peu crédule, J'ai traité son discours de conte ridicule. Un pere de famille, ai-je dit hardiment, Auroit-il pû risquer un tel engagement? Mais lui, pour m'imposer (voyez qucile malice) M'a laisse soupçonner que vous aimiez Clarice, Que pour venir à bout de vos secrets deffeins, Vous vous étiez résous à vous lier les mains, Qu'à votre paffion vous immoliez Julie, Et qu'un homme amoureux peut faire une folie.

Il vous a dit cela?

LE MARQUIS.

LE COMTE.

Non pas ouvertement;

Mais il a l'esprit court, & peu de jugement,
Et m'en a dit assez pour me faire comprendre
Qu'à des conditions il seroit votre gendre.

LE MARQUIS.

Quelles font-elles done? Pouvez-vous les citer?

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LE COMTE l'arrêtant.

Il vous niera le fait;

Car il m'a dit cela sans le dire en effet :
Tous ses difcours n'étoient que paroles obfcures,
D'où j'ai sû malgré lui tirer mes conjectures.
Souvent, sans le vouloir, un fot est indiscret,
Et pour peu qu'on le fonde, il livre fon fecret.
C'est le cas du Baron. Comme il n'a pu se taire,
Ma mere a pénétré jusqu'au fond du mystére,
Du moins elle le croit ; elle en est en fureur.

J'enrage.

LE MARQUIS.

LE COMTE.

Et le dédit va lui percer le cœur. Ainfi, pour prévenir quelque événement triste, Dites-moi franchement fi cet écrit existe.

LE MARQUIS

Eh bien donc, pour détruire un indigne soupçon,

Je vais vous dire tour.

LE COMTE.

Et vous avez raison.

LE MARQUIS.

Le Baron s'est vanté d'avoir ma fignature,

Mais je jure d'honneur que c'est une imposture :

Le dédit prétendu n'a jamais exifté,

Ce n'étoit qu'un prétexte.

LE COMTE.

Oh! je m'en fuis douté.

Pour faire un tel écrit, vous étes trop bon pere.

LE MARQUIS.

Sans doute, & vous pouvez détromper votre mere,
En cas qu'à cet égard elle foit dans l'erreur;
Car il ne faut qu'un rien pour la mettre en fureur.
Dieu vous garde, mon fils, d'une pareille épouse,

Revenons à Clarice; elle en est donc jalouse ?

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