205 qui s'étoient retirées dans les montagnes du Chenfy, entre Li-che (a) & Gan-tim où elles étoient connues fous Après J. C. le nom de Barbares de Ki ou de Pou-lo-ki, exciterent quel- . ques troubles dans l'Empire, fous le regne de Hiao-mim-ti Empereur des Tartares Topa. Elles avoient pour Chef L'an 525. Lieou-li-ching qui demeuroit dans la vallée de Yun-yam, & qui ofa prendre le titre d'Empereur. Cette nouvelle puiffance fut détruite par les Empereurs de la Dynastie des Tci du Nord qui regnoient à la Chine, & les chefs de ces barbares n'ont été regardés que comme de fimples rebelles ou des chefs de voleurs, qui n'ont point formé un Empire dont nous foyons obligés de rapporter l'hi ftoire. (4) Vers Ta-yuen-fou dans le Chanfi. (b) Aujourd'hui King- tcheou dans le diftrict de Ping-leam fou dans le Chenfy. Fin du fecond Livre. Après J. C. HISTOIRE GÉNÉRALE DES HUNS LIVRE TROISI É ME. P I.. LES TCHAO, RESQUE toutes les Nations Tartares n'ont pas voulu que les Princes qui ont établi dans la Tartarie de puiffans Empires, fuffent nés comme les autres hommes; elles ont eu recours au merveilleux. Nous l'avons vû plus d'une fois, & nous le verrons fouvent dans la fuite de cette Hiftoire. Tantôt c'eft une lumiere qui defcend du Ciel, tantôt ce font des tonnerres qui fe font entendre. Une Princeffe étonnée, conçoit dans le moment & met au monde un Après J. C. fils. A la naissance de Che-le, fondateur de la Dynastie des Tchao (a) il parut un de ces phénoménes que l'orgueil & l'ignorance de ces peuples a mis en vogue. Les Tartares croyent qu'une lumiere extraordinaire remplit l'appartement de fa mere. Mais laiffons débiter ces fables aux Chinois & aux Tartares, & attachons-nous à préfenter la vérité de l'hiftoire. pays de Che-le portoit les noms de Chi-long & de Sie; il étoit Tein-chou originaire de la ville de Vou - hiang (b), dans le Chang-tang (c). Ses ancêtres, Huns d'origine, n'étoient que 'de fimples chefs de Hordes. Son pere nommé Ho-tcheou étoit regardé comme un barbare par les barbares mêmes; fa cruauté lui avoit aliéné le cœur des peuples; aucuns ne lui étoient foumis. Son fils Che-le dès l'âge de quatorze ans fit quelques actions qui annonçoient ce qu'il devoit être un jour. Il fuivit les troupes de la Ville où il faifoit fa demeure , dans l'expédition qui fe fit alors contre la ville de Lo-yam (d) dans le Honan: on le trouva dès-lors capable de former de ces vaftes deffeins que l'on admire ordinairement, quoiqu'ils ne tendent fouvent qu'au malheur des peuples. On appercevoit déja en lui un homme qui devoit exciter de grands troubles dans l'Empire. Dans un âge plus avancé Che-le fe diftingua par fa force, par fon courage & par fon adreffe à manier les armes. Les Huns l'aimerent à caufe de ces qualités & voulurent qu'il fût à leur tête pour les gouverner. Ils avoient une confiance aveugle en lui, & il étoit devenu l'efpérance de toute la Nation; ils le regardoient comme un homme que le Ciel avoit envoyé pour les délivrer, & fe Après J. C. Tcin-chou. Kam-mo. L'an 307. plaifoient à trouver dans fes actions les plus ordinaires Che-le commença fa vie comme la plupart des Con- (a) Province fituée dans le Chanfi, dont la Capitale étoit Ta-yuen-hien pro che Ta-yuen-fou. (b) Proche Tchang-te-fou. rendit rendit de grands fervices à la tête des armées : il prit un grand nombre de Villes qu'il obligea de fe foumettre aux Han, & ne contribua pas peu à l'élévation de cette famille, comme dans la fuite il fut un des principaux auteurs de fa ruine. Il fervit fous plufieurs regnes, pendant lefquels, profitant de la foibleffe des Princes qui étoient fur le Thrône, & à la faveur des troubles que leur fainéantise avoit occasionnés, il se forma un parti confidérable & fe ménagea des moyens qui lui mirent la Couronne fur la tête. Quoique Che - le occupât dans cette Cour les premiéres charges, & qu'il fût fujet du Roi des Han, il ne laiffoit pas d'avoir fous fa dépendance une certaine quantité de Peuples qu'il regardoit comme fes Sujets, & dont il difpofoit à fon gré comme tous les chefs des Tartares. Ces chefs étoient de grands vaffaux qui n'obéiffoient au Prince qu'autant qu'ils le jugeoient à propos. Après J. C. Lie-tai-ki Su. Che-le avoit remporté de grandes victoires, la ville de L'an 319. Pim-yam (a, dans le Chansi venoit d'être brûlée; les rebel- Tein-chou. les avoient été forcés de fe foumettre à Lieou-yao qui ne faifoit que de monter fur le Thrône des Han, & qui étoit encore tout occupé de la revolte de Kin-tchun que l'on venoit d'affoupir par la mort du rebelle. Un refte de parti commandé par Kin-mim s'étoit fortifié dans Pim-yam que Che-le reprit. Il annonça cette victoire au Roi des Han, qui pour récompenfer de fi grands fervices resolut d'abord de lui donner le titre de Roi. Mais les ennemis de Che-le repréfenterent au Prince que fon Général n'avoit envoyé un officier à fa Cour que pour être mieux inftruit de l'Etat & des forces des Han & fe rendre maître enfuite de l'Empire. Lieou-yao, qui écouta trop facilement la calomnie, fit mourir l'Envoyé de Che-le dans la place publique. C'étoit mal reconnoître les fervices qu'il avoit reçus de ce Général : auffi Che-le ne s'occupa-t-il plus que du foin de se venger. Plufieurs officiers du parti des Tcin tels que Tchin-tchuen & Siu-kan qui vinrent fe rendre à lui, en augmentant confidérablement fes forces; (a) Elle porte encore le même nom, & eft une ville du premier ordre dans le Chanfi. Tome I. Dd |