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me. Cela eft certain mais c'est pour cela même qu'il en eft de la juftice comme de la charité, qu'elle a fon commencemencement, fon progrés, & fa perfection: Charitas inchoata, S. Aug. inchoata juftitia eft : charitas gra. c. 70. provecta, provecta juftitia eft: charitas magna, magna juftitia eft: charitas perfecta, perfecta juftitia eft.

1. de nat. 5

n. 84.

Laiffons donc là ces chicannes qui ne conduifent qu'à des erreurs dont on s'embaraffe foimême, & fuivons les idées nettes que nous donne M. de Meaux, qui les font toutes évanoüir. Il arrive quelquefois par une grace extraordinaire qu'à force de defirer la justice, on la defire enfin fi ardemment, & que l'on conçoit par là une douleur fi vive & fi pure d'avoir offenfe Dieu, que Dieu ayant

égard à ces defirs, & au vœu du Sacrement qu'ils renferment, répand la juftice parfaite dans le cœur & remet les pechés

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avant le Sacrement. Et c'eft-là cet acte heroïque de charité qui en forme tout-à-coup l'habitude, & qui fait cette contrition parfaite en charité qui banniffant la crainte dont elle n'a plus befoin, fait détefter le peché par le feul motif de l'amour de Dieu. Mais pour l'ordinaire la charité commencée, quoique dominante, loin d'être un acte heroïque, comme M. de Sens paroît se l'imaginer, a Lett. de M. befoin du fecours de la crainte doSens à M. de Troyes, pour fe foutenir contre les tentations,& pour furmonter les efforts de la cupidité & des ma!!vaifes habitudes; & par confé quent la contrition qu'elle forme n'eft pas encore affez déga

p.192.

XXII.

rent ou

tions neceffaires pour paffer

gée de la crainte fervile pour faire hair le peché par le feul motif de la charité : ce qui eft le propre de la contrition parfaite. Pour parvenir à ce degré de Comment bonne volonté qui nous détache s'acquie du peché, & qui nous fait prés'obtien ferer Dieu fa juftice & fon nent les amitié à tout ce que nous avions difpofide plus cher, ne vous imaginez pas, MES CHERS FRERES, de l'état de qu'il n'y ait qu'à attendre en peché à l'é- repos le mouvement du Saint tat de gra- Elprit, comme feroit un Pilote oifif qui fans fe remuer laifferoit aller fon vaiffeau au gré des vents. Ce feroit là l'illufion des Quietiftes. Il eft vrai qu'on n'y parvient que par le mouvement du Saint Efprit; mais il demande de notre part une fidelle & courageufe cooperation. Et fi jamais la cooperation à la grace fut laborieufe, c'eft dans

te.

les commencemens de la converfion du pécheur, où il ne fe foûtient, où il n'avance que par les grands efforts que la grace lui fait faire.

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Il faut bien comprendre que ces foibles commencemens de l'amour divin demandent d'être cultivés avec foin. C'est une femence délicate exposée à mille dangers. Que d'ennuis à furmonter? Que de dégoûts, que d'agitations, que d'incertitudes & de perplexités ? C'est alors que le démon, la chair & le monde redoublent leurs efforts pour retenir dans leurs filets une ame qui cherche à leur échapper. Avec quelle fidelité ne doitelle pas répondre à ces premiers mouvemens de foi, que le Saint Efprit forme en elle pour branler & la rappeller à Dieu ? Quelle attention ne doit-elle

l'é

feffeurs

pas apporter aux grandes veri-
tés que cette foi lui prefente?
Quel foin ne doit-elle pas avoir
d'éviter toutes les occafions qui
en ranimant l'amour du monde
& toutes les paffions,étouffent la
bonne femence qui commen-
çoit à germer dans le fond de
fon cœur? Quelle application à
la priere & aux bonnes œuvres ?
Quelle humilité, quelle vigi-
lance, quelle précaution, quelle
mortification? C'est par cet
exercice continuel de fa foi
qu'elle s'avancera vers fa
faite converfion.

par

XXIII. Mais elle tirera un puiffant Obligation fecours des exhortations & des des Con- confeils d'un charitable & éclaid'aider le ré Confeffeur, à la conduite dupénitent à quel elle doit s'abandonner. Car difpofi- c'eft ici, MES CHERS FRERES, tions. un des plus importans devoirs des Confeffeurs, d'aider les

former ces

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