de cet état, & rentrer en grace avec Dieu; mais ce n'eft en core qu'une velleïté, & non un vouloir abfolu; en un mot ils ne nous apportent qu'une converfion commencée, & non encore achevée. Qu'il eft important, MES CHERS FRERES, de ne pas faire avorter ces premieres conceptions de l'efprit de Dieu, & de donner à ce fruit naiffant de fa mifericorde le tems de parvenir à sa maturité; & qu'il eft dangereux pour toutes ces fortes de perfonnes, & pour les Confeffeurs mêmes, de précipiter des abfolutions qui ne peuvent être que nuifibles! Ceux qui n'ont pas même le commencement de la pénitence, ajoutent le facrilege à leurs autres crimes s'endurciffent d'avantage, & s'autorifent dans leur vie toute païenne. Celui > qui , qui n'eft pas encore vraiement S. Cypr. de lapf MES 2 Gardez-vous donc CHERS FRERES, qui que vous foyez, Confeffeurs ou Penitens, de donner ou de recevoir l'abfolution avant que vous foyez affurés non feulement que la conversion est commencée, mais encore qu'elle k eft achevée, & que le cœur eft dans une ferme réfolution de préferer Dieu à toutes chofes, & d'obferver tous fes Commandemens par amour. XXV. Principes pour juger tions du Pénitent. Mais, direz-vous, comment difcerner fi le pénitent comdes difpofi- mence à aimer Dieu & fa justice pardeffus toutes chofes, & s'il a conçu une ferme & conftante résolution d'obferver tous fes Commandemens par amour? Il ne nous eft pas donné, MES CHERS FRERES, de fonder le fond des cœurs notre propre cœur eft à nous-mêmes un abîme impénétrable, & nous ne fommes jamais certains de fes intimes difpofitions. Dieu tient les Juftes mêmes dans cette double incertitude de fçavoir s'ils aiment veritablement Dieu, s'ils font juftes à fes yeux, & s'ils perfevereront dans la juf tice; afin de les tenir dans une continuelle dépendance, & de les rendre humbles, fervens, & précautionnés. Mais quoique nous ne puiffions avoir une certitude abfolue des difpofitions du cœur, nous avons des principes qui doivent nous fervir de regles pour en juger, & pour diriger notre conduite. Il ne nous eft pas permis de méprifer ces régles, ni d'agir au hazard dans une occafion où il s'agit du faJut éternel. On connoît l'arbre à fes fruits. Les difpofitions du cœur produifent neceffairement certains effets qui en font les fignes naturels. Si ces effets ne paroiffent point, il faut conclure que les difpofitions ne font pas réelles. Premier principe, premiere regle pour juger des difpofitions du pénitent. Il faut voir quels font fes mouvemens & fes œuvres. Or que doit produire le defir fouverain de fe foumettre à la juftice, & la volonté abfoluë d'accomplir tous les Commandemens, & en particulier celui d'aimer Dieu de tout fon cœur? Quel effet doit avoir le defir dominant de la grace, de la charité, de l'amitié de Dieu dans une ame qui a eu le malheur de la perdre? D'abord une haine fouveraine du peché qui nous fépare de Dieu, & un grand éloignement de tout ce qui nous porte à violer fa Loi. C'eft là le premier effet neceffaire de l'amour commencé de la juftice, lorsqu'il ftpar venu jufqu'à la faire "defirer préferablement à tout, & ce qui eft la même chofe, ou ce qui en eft une fuite necef |