faire, jufqu'à faire concevoir une réfolution ferme & ftable de s'y affujettir. Le fecond effet eft un repentir & une douleur fouveraine d'avoir préferé fa paffion & fa volonté propre à celle de Dieu, à qui il eft fouverainement juste d'être foumis, & d'avoir abandonné le fouverain & l'unique véritable bien,qui cft Dieu,pour lequel feul notre cœur eft formé, pour s'attacher à des creatures qui ne peuvent jamais être notre bien, ni faire notre bonheur. Tels font les premiers fruits de la charité commencée ; & c'est en quoi confifte la veritable penitence. Mais tout cela qui eft interieur, que doit-il infailliblement produire au dehors? Sans doute un renoncement effectif au peché, la fuite des occafions, le commencement d'une vie nouvelle & veritablement chirétienne, & par conféquent la pratique des Commandemens par amour. Car il eft impoffible de hair fouverainement le peché, & d'être fincerement fâché de l'avoir commis, fans y renoncer effectivement & fans le fuir avec foin. Il n'eft pas moins impoffible de concilier une réfolution ferme & ftable de fe foumettre à Dieu, & d'accomplir fes Commandemens par amour, avec le violement actuel & volontaire de ces Commandemens, & avec un mépris marqué de la volonté de Dieu. Examinez donc la conduite du pénitent pour ju ger de fes difpofitions & de fa converfion. Que le pénitent l'examine lui-même, & qu'il ne cherche point à fe trom per. Il ne peut connoître fes affections que par les fruits qu'elles produifent au dehors, qui en font les effets naturels & neceffaires. Le fecond principe & la feconde regle fe tire de l'œconomie de la grace. Toutes ces difpofitions fi neceffaires sont fon ouvrage. Nous avons montré qu'elle ne les amene que par degrés au point où elles doivent être. D'abord elle prévient le pécheur, lui touche le cœur & lui infpire la foi fans qu'il la demande. Mais le refte ne vient que par l'ufage qu'il fait de fa foi. La foi prie, demande, & obtient fon accroiffement : & Dieu pour apprendre au pécheur à eftimer fes dons, à lui en rendre la gloire, & à les conferver avec plus de foin, le fait gémir, frapper, demander quelquefois long-tems avant de lui accorder ce qu'il demande. Il est vrai que Dieu eft le maître de fes dons qu'il peut les accorder tout d'un coup dans leur perfection. Nous ne difconviendrons pas même qu'il touche quelquefois un cœur fi vivement, qu'il fe trouve tout-à-coup changé & pleinement réfolu de s'affujettir à la juftice; mais la Tradition & l'experience nous enfeignent que ce n'eft pas fa conduite ordinaire, & qu'il opere dans l'ordre de la grace comme dans l'ordre de la nature. Et après tout, quand il ufe à l'égard d'un pécheur d'une mifericorde fi prompte, & qu'il répand tout à coup fur lui une telle abondance de grace, elle fe fait fentir fi visiblement, que ni le Pénitent, ni le Confeffeur ne peuvent peuvent gueres s'y méprendre. Or vous fçavez, MES CHERS FRERES, que notre conduite à l'égard du pécheur doit fuivre celle de la grace, & que par conféquent nous ne devons nous regler ordinairement que fur la conduite ordinaire de la grace. De là vous comprenez clairement & c'eft un troifiéme principe & une troifiéme regle qui fuit de la feconde ; qu'il y a une penitence préalable & préparatoire, par laquelle il faut ordinairement que le pénitent parvienne au degré de converfion neceffaire pour être en état d'être juftifié dans le Sacrement. Il n'obtient cette difpofition qu'à force de prieres, de gémiffemens, de mortifications, de bonnes œuvres. Ce principe eft clair par tout ce que nous avons établi. 1 |