Imágenes de páginas
PDF
EPUB

XXVI. Applica

Ces trois principes bien comtion de ces pris, & approfondis, doivent,

principes. MES CHERS FRERES, fervir de regle aux Confeffeurs & aux Penitens. Ainfi par le premier principe, le Confeffeur fe gardera bien d'absoudre d'abord des pécheurs, qui quoique touchés de l'efprit de Dieu, montrent par leurs rechûtes qu'ils n'ont pas encore abfolument renoncés au peché, qu'ils ne font pas encore fermement réfolus d'aimer Dieu de tout leur cœur, & qu'ils n'ont pas encore commencé à mener cette vie nouvelle, qui eft le fruit de la charité commencée, ajoutée à la foi & à l'efperance.

Par le fecond & troifiéme principe, quand des pécheurs, c'eft-à-dire toutes perfonnes qui ont perdu la grace fanctifiante, & à plus forte raison ceux qui

font tombés plufieurs fois dans de grandes fautes, ou qui ont croupi long-tems dans l'oubli de Dieu & dans le crime, fe fentent au Tribunal de la Penitence & qu'ils n'ont encore

[ocr errors]

rien fait

pour

pre

obtenir la grace de leur converfion, en un mot quand ils n'ont pas fait cette penitence préparatoire dont nous avons parlé, le Confeffeur doit premierement juger qu'ils ne font pas convertis ; & fecondement s'appliquer à les inftruire, & à les aider à fe convertir, avec toute la patience, la douceur, & la charité de J. C. mais en même tems avec toute la fer

meté que lui doit infpirer fon zele pour la juftice de Dieu, pour la fainteté des Sacremens, & pour le falut de fes freres. S'ils font dociles à fes inftructions & à fes exhortations, s'ils

fe foumettent à ce qu'il leur prescrira, s'ils entrent dans la voye qu'il leur tracera, s'ils y marchent avec courage & avec perfeverance, il doit croire que Dieu leur a touché le cœur ; qu'il veut les ramener à lui, & qu'il achevera leur converfion fon miniftere.

par

Si au contraire un Confeffeur trouve des indociles, des téméraires, des préfomptueux, des fuperbes, qui murmurent, qui fe révoltent, qui crient à la féverité, au rigorifme, qui ne peuvent fouffrir ni délai, ni préparation comme fi tout confiftoit à extorquer une abfolution meurtriere ou s'il trouve des lâches & des négligens qui après quelque tems de délais, où ils n'ont fait que très-peu ou point d'efforts, fe plaignent qu'on les tient trop long-tems

[ocr errors]
[ocr errors]

éloignés des Sacremens, fans s'embarrafler s'ils ont fait le moindre progrès, & s'ils font plus avancés qu'au commencement qu'il pleure fur le terrible aveuglement des premiers. Cette indocilité eft la marque la plus certaine qu'ils puiffent donner qu'ils font encore affis dans les tenebres & dans les ombres de la mort, où le moindre rayon de Soleil de juftice n'a pas encore pénétré, puisque le premier effet de la grace qui convertit les coeurs, eft de découvrir au pécheur l'état dépiorable où il s'eft réduit en abandonnant fon Dieu, & de lui faire fentir combien il eft indigne de fa mifericorde. Qu'il prie le fouverain Medecin d'ouvrir leur cœur à la verité, & qu'il ne ceffe d'inftruire & d'ex

horter.

XXVII.

fur la crain

ment des

Il faut faire entendre aux feconds, que la préparation à la grace du Sacrement ne fe mefure pas fur le tems du délai ni fur le nombre des confeffions & des remises, mais fur la fidelité avec laquelle on fuit ce qu'un fage Confeffeur prefcrit, fur les efforts que l'on fait pour s'avancer vers la juftice, & fur le progrès que l'on fait paroître dans la vertu de peni

tence.

Mais, dira-t-on peut-être, Difficulté la crainte fervile des peines éterte fervile nelles ne peut-elle pas produire réfolue in les mêmes effets que la charité dépendam- commencée ? En ce cas les prineffets de cipes établis feront bien des recette crain- gles fûres pour juger qu'un grand nombre de pénitens, en qui on ne remarque aucun de ces effets, ne font pas encore préparés à la grace de la juftification:

te.

« AnteriorContinuar »