me. Où l'on voit que le Concile renferme dans ces trois actes distincts de foi, d'esperance & d'amour la pénitence préalable à la juftification. Ces distinctions n'obscurciront pas plus l'évidence des preuves tirées du VII. & du V. chapitres de la même Sefsion : où il est dit si positivement que la justification qui suit cette préparation expliquée au VI. chapitre, se fait par un acquiefcement libre de l'ame à la charité que le faint Esprit qui nous est donné répand dans nos cœurs. Car cet acquiefcement dont parle le saint Concile, étant un acte formel de la charité parfaite, qui s'exerce au moment qu'elle est donnée, il est clair que la justification ne se peut faire sans l'exercice d'un acte de charité parfaite. Or l'ame ne peut paffer tout à coup à l'exercice de l'acte de la charité parfaite sans y avoir été préparée par des commencemens d'amour, qui croissant par degrés, se terminent enfin par un progrès naturel à cet acte parfait. Qui peut penfer que le saint Esprit vienne habiter, & répandre la justice dans une ame qui ne la defire pas sincerement? Il est donc évident qu'il faut désirer la justice qui n'est autre que la charité parfaite; & qu'il faut la défirer par préference à tout pour être disposé à la re. cevoir. Aussi le Concile enseigne-t-il au V. chapitre de la même Session, que cette préparation commence par la grace qui prévient, qui meut le libre arbitre vers la justice ; & qu'il faut que le libre arbitre s'y porte & y aspire. Or cette tendance Χ. Derniere Combien vers la justice, vers la charité, qui commence par la foi, qui s'avance par l'efperance, & qui s'éleve enfin audessus des autres amours, est elle-même cette charité commencée que le Concile exige, outre la foi & l'efpe rance. Vous sentez, MES CHERS évasion. FRERES, qu'il n'y a plus d'auelle est ab. tre reffource pour les adverfaires furde. Ne- de la charité, que d'imaginer facharite que toute cette belle préparacommen- tion que le faint Concile prefcée indé-crit dans la VI. Session, eft à pendante Sacre la verité neceffaire aux adultes du ment. de pour être justifiés dans le Sacrement de Baptême, mais qu'il n'a pas prétendu l'éxiger pour le Sacrement de Penitence. Mais n'est-ce pas le comble de l'absurdité, que de reftreindre au Baptême une préparation que le Sacrement de Peni tence éxige avec d'autant plus de raison, que les pechés commis après le Baptême sont d'une toute autre énormité, que ceux qui ont été lavés dans ce premier Sacrement ; & qu'il est manifeste que la justification éxige par elle-même & de fa nature, par quelque moyen extérieur, ou par quelque Sacrement qu'elle s'opere? Aufsi M. de Meaux vous montrera-t-il que le Concile a fait fon decret de la juftification dans la VI. Seffion pour servir de fondement à la XIV.où en supposant, & en rappellant même en un mot cette pénitence préparatoire qu'il avoit établie comme neceffaire en tous tems pour obtenir la grace de la justification, & qui eft comprife toute entiere dans le ferme propos d'accomplir tous les Commande ΧΙ. mens qu'il y rappelle aufsi, il ne parle plus de la Penitence que par rapport aux erreurs des heretiques qu'il avoit uniquement en vûë de condamner. Et pour vous faire mieux entendre, MES CHERS FRERES, que la nécessité de cette prépation à la justification n'est point fondée fur la nature du Sacrement qui nous justifie, mais sur la nature & les principes mêmes de la justification, sans nous arrêter davantage à vous faire l'analyse & le précis de ce Traité qui est par lui-même très-clair & très-concis, nous nous bornerons à vous développer par ordre ces principes que nous fuppoferons bien établis suivant la doctrine du Concile de Trente expliquée dans ce Traité. Principes de la justiCette explication de la mafication du niere dont il a plû à Dieu d'o pécheur. |