S. Aug.1.5. Elle s'eft livrée avec facilité, & de la Muf-comme elle a voulu, aux de6.5.0.14 firs déreglés de la concupifcen Conf. 1.8. ce; mais elle n'éteindra pas ce feu quand elle voudra. Le peché eft en fon pouvoir; mais non la peine du peché, c'est-à-dire cette foibleffe extrême qui lui refte de fa chûte, & qui ne fe guerit qu'avec beaucoup de peine & de tems. Voyez dans 4.5.8.9. l'exemple de S. Auguftin quels violens & longs combats elle a à foûtenir avec elle-même, avant que ces foibles commencemens de bonne volonté que la grace infpire ayent pris le deffus fur la mauvaife, Telle eft la force du peché: Tout homme qui Jaan.vill. le commet en devient l'esclave, & par conféquent du démon, qui le tient captif pour en faire ce qu'il veut. Et n'eft-il pas bien jufte que celui qui a préferé le 34. II. à Tim. 11.26. joug du démon au doux joug du Seigneur ne puiffe le fecoüer, ce joug cruel & tyrannique qu'avec avec de longs & violens efforts; & qu'il éprouve même S. Berg. que c'eft une chofe qui n'eft ferm. de poffible qu'à la vertu du Tout-il.mifer. puiffant N'eft-il pas bien jufte que celui qui n'a pas voulu éviter le mal quand il le pouvoit, in 1. Reg. ne le puiffe plus, quand il le 1.4.6.2. voudra? » O quels cris au de ! Greg. Mag. » dans quelles exhortations » ne faut-il pas employer, dit un pieux & fçavant Auteur, Laur. Juft. 1.2. de fpir » pour réveiller un pécheur du refur. ani. » fommeil de la mort ? Mais quand il eft éveillé, que de careffes, que de raifons, que » de promeffes, que de terreurs, que de peines ne faut-il employer pour lui faire quit» ter la volonté de pecher, & » former en lui une volonté fin ne pas A » cere, ferme & conftante de »fe foûmettre parfaitement à » Dieu, & de fe livrer tout » entier à fon fervice? Et cer» tes, ajoûte-t-il, ce n'eft pas » fans raifon. Car ce pécheur » eft retenu, lié & garotté par » autant de liens, qu'il a d'af» fections déreglées. La dou» ceur du peché le captive, la » fenfualité qui a la penitence » en horreur, le retient, le dé»mon le repouffe par fes fuggef» tions, l'amour des chofes vifi» bles l'arrête, les caresses & les flatteries de fes amis & de fses » proches le détournent. «< , Telle eft la difficulté de fortir de l'état du peché pour rentrer dans celui de la juftice. Et c'eft, MES CHERS FRERES, un effet non-feulement de la justice de Dieu contre le pécheur, mais encore de fa mifericorde envers les hommes. Il veut les convaincre qu'il eft l'auteur d'un G grand bienfait, afin qu'ils ne foient ni fuperbes ni ingrats ; & leur apprendre à conferver fes dons avec plus de foin & de pré-s. Aug. is caution. » Dieu, dit S. Auguf- P. 106. »tin, après avoir excité & ré- ». s. »veillé le pécheur, après l'avoir » éclairé des lumieres de la foi, » & lui avoir infpiré le defir » de bien vivre, pouvoit le dé» livrer tout d'un coup de la » difficulté qu'il éprouve à furmonter fes vices, & à fortir » de fon état. Mais fi nous ob» tenions fans peine un fi grand bien, nous en méconnoîtrions » l'auteur. Car fi l'homme pou» voit faire le bien, dès le mo»ment qu'il commence à le » vouloir; s'il n'éprouvoit point » la résistance & le combat de » fes paffions; s'il ne fentoit pas » la pefanteur des liens dont fon »ame eft chargée, il s'attribue» roit à lui-même & à fes proN pres forces ce qu'il se senti»roit de pouvoir; & il ne ren» droit pas gloire au Seigneur » de fes mifericordes. On ne >> recouvre donc que peu à peu, Serm.34.de » dit le même faint Docteur divers. In Pf. 6. » ce que l'on a perdu tout d'un Tel eft l'ordre commun de la grace. Tels font les motifs de fa conduite. La vertu de péniten |