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c'eft toute charité non encore parfaite & habituelle. Au fecond fens, c'est l'amour actuel non formé, tel qu'il fe trouve d'abord dans la foi & dans l'efperance. Au troifiéme fens, c'est la charité actuelle formée, ou l'acte formé de la charité commencée, ajouté à la foi & à l'efperance.

que

M.

C'eft au premier fens Juflif. des Refl. mor. de Meaux dit que rien ne peut 9.21.p.80. préparer la voie à la charité, que la charité même, la charité commencée à la charité habitante. Et vous comprenez maintenant, MES CHERS FRERES, combien cette propofition eft hors d'atteinte à la plus fubtile chicane, puifque, comme nous l'avons vu, la préparation à la justice, à la charité habitante commence par ce premier ébranlement du cœur, qui le

meut

meut vers Dieu, & qui ne lui fait defirer encore qu'imparfaitement la juftice & la charité, c'eft-à-dire par le mouvement de la foi & de l'efperance,qui eft le premier degré de la charité, ou l'ébauche de la charité commencée ; & qu'elle s'acheve par le defir fouverain & dominant, & par la réfolution formée d'aimer Dieu de tout fon cœur, qui met l'ame en état de recevoir par une libre acceptation le Saint Efprit avec fes dons, & qui eft le fecond degré de la charité, ou la charité commencée proprement dite.

XIX. Suite de la

tion

par

les

C'est au fecond fens que M. de Meaux dit que l'Acte de foi même dé & d'esperance que le Saint Ef monftraprit met dans les pécheurs pour Actes de commencer leur converfion, y Foi & pofe le fondement, & une espece d'Esperande commencement de la fainte Ibid. §.20.

ce.

go

dilection. Il appelle ce premier mouvement du cœur vers Dieu, une espece de commencement de la fainte dilection; parce que d'un côté n'étant quel'ébauchede l'acte de la charité commencée, c'eftà-dire une velleïté & un defir imparfait, il n'est pas encore proprement la charité commencée; de même que la charité commencée proprement dite n'eft pas encore la charité parfaite & que de l'autre côté étant le premier degré de la charité, ou le premier pas, le premier mouvement la premiere tendance du cœur vers la charité, il ne fe peut qu'il n'en foit un commencement. Nous ne parlerons point ici Lett. de M. des moïens que M.l'Archevêque de Sens employe pour ôter à la de Troyes foi & à l'efperance, vertus theoivantes, logales, qu'il veut toûjours faire fubfifter féparées du motif

l'Arch. de

Sins à M.

p. 161. &

8

>

de la charité, ce commencement de la fainte & chafte dilection, dont cet endroit de la Juftification des Réfléxions Morales démontre qu'elles font animées comme nous l'avons fait voir dans notre Lettre à M. d'Auxerre. Nous aurons peutêtre une autre occafion de les déveloper & de les refuter plus au long. Il faudroit ici trop de difcours pour relever tant de fophifmes, de détours, de subtiÎités, même d'infidelités, & d'erreurs, dont on peut dire que cet endroit de fa Lettre n'eft pas moins rempli que tout le refte. Et nous ne croyons pas devoir interrompre l'ordre des idées de M. de Meaux, & des principes victorieux de fa théologie que nous nous fommes propofé de vous mettre fous les yeux par rapport au Traité que nous don

nons,

s'agit.

& à la matiere dont il

Nous avertirons feulement par avance que tout l'artifice de M. l'Archevêque de Sens fe réduit à changer le texte de la Juftification des Réfléxions Morales , pour faire dire à M. de Meaux précisement le contraire de ce qu'il dit, & de ce qu'il prouve; & que tous fes efforts aboutiffent à fe jetter lui-même dans une erreur manifefte fur la

cooperation du libre arbitre ; & Lett.de M. à attribuer cette même erreur à de Sens p. M. de Meaux, en concluant de 162.163. ce que le faint Efprit rapporte

à la fin de la charité ces actes de foi & d'efpérance qu'il met dans les pécheurs pour commencer leur converfion, que les pécheurs ne les y rapportent pas eux-mêmes, & que ce rapport n'eft pas leur ouvrage. D'où il s'enfuit que leur

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