qu'un Ouvrage tel que celui que nous vous mettons aujourd'hui entre les mains, qui par l'autorité du grand Evêque de Mcaux fon Auteur, & par la fo lidité & l'évidence de fes démonstrations, doit convaincre les efprits les plus prévenus, de cette verité capitale : que pour être juftifié dans le Sacrement de Penitence, il faut du moins commencer à aimer Dieu par deffus toutes chofes, verité qui eft le fondement des faintes regles de la penitence, & le remede aux maux que nous venons de déplorer. Combien M. de Meaux voulant établir ce fondement par un jugement il auroit été Epifcopal, auroit pû remonter, facile à comme il le dit, jufqu'aux M. de pre- Meaux de mieres fources de la Tradition. remonter Nous fçavons qu'il en avoit for- jufqu'aux mé le deffein, & qu'il l'auroit premieres fources de la Tradi- executé, s'il eut plû à Dieu de sion pour lui donner autant de vie & de établir la loifir, que de zele pour la défen neceffité de set Amour. fe & pour la manifeftation de la verité. Ce grand Docteur, fi verfé dans les divines Ecritures, dont il avoit fait fes délices pendant toute fa vie, & dans les SS.Peres qu'il refpectoit comme fes Maîtres, auroit facilement ramaflé un nombre infini de témoignages clairs & décififs & une nuée de témoins qui tous depuis Moife jufqu'à 1. C. & depuis les Apôtres jufqu'à nous déposent unanimement, ce que d'ailleurs la confcience & la raifon dictent naturellement à tout homme qui ne veut pas s'aveugler volontairement; que jamais perfonne n'a pû rentrer en grace avec Dieu fans revenirà lui de toutfon cœur: c'eft-à-dire fans commencer à l'aimer pardeffus toutes choses. En effet tous les hommes fufcités de Dieu pour la conduite & pour l'inftruction de fon peuple, n'ont été occupés que du foin de le conduire à Dieu, de le conferver dans la justice & dans fon amitié, ou de l'y faire rentrer, quand il avoit eu le malheur de s'en écarter. Ils lui ont tracé nettement la voie où il falloit marcher, & par où il falloit y revenir. Ils n'ont point parlé un langage obfcur ni équivoque, & perfonne ne pouvoit s'y méprendre. Quand Moïfe dit aux Juifs: Vous trouverez le Seigneur III. Témoi divines lorfque vous le chercherez: fignages des cependant vous le cherchez de Ecritures. tout votre cœur, & dans toute Deuter.1v. Paffliction de votre ame. Quand 29. Samuel, Salomon, Ezechias 3. promettent la mifericorde & le 11. Reg. pardon des pechés à ceux qui so. 1. Reg.vII. VIII.48. 11. Paral. retournent à Dieu de tout leur xxx. 18.& cœur, & de toute leur ame. 19. Quand le Prophete Ezechiel, inculque & repete cent fois : Convertiffez-vous & faites pe Ezech. XVIII. 30. 31. Feel. 11.12 nitence. Faites-vous un cœur nouveau & un esprit nouveau. Quand Dieu lui-même par la bouche de Joel crie à fon peuple: Convertiffez-vous à moi de tout votre cœur..... déchirez vos cœurs & non vos vêtemens. Quand,dis-je, les peuples entendoient ces invitations fi preffantes &ces conditions fi précises de la penitence. falutaire, qui peut douter qu'ils ne compriffent que le feul moiend'obtenir le pardon de leurs pechés, & de rentrer en grace avec Dieu, étoit de renoncer à l'amour des créatures, & de commencer à l'aimer de tout leur cœur? Qu'est-ce que chercher le Seigneur, & le chercher de tout fon cœur,finon défirer fa juftiee & fon amitié, & la defirer plus que toutes chofes ? Pourroit-on fe former une autre idée du retour de l'ame à Dieu & de la converfion du cœur ? Y a-t-il autre chofe que l'amour & le defir qui portele cœur vers Dieu &l'amour même eft-il autre chofe que ce mouvement du cœur? Auffi les faints Docteurs nous ont-ils tous enfeigné, comme une verité évidente par ellemême, que le cœur ne fe convertit à Dieu que par l'amour. Le défordre & le peché confiftent à aimer la creature plus que Dieu. Le cœur ne peut fe convertir qu'en revenant de cet égarement & de cette injuftice, & en préférant Dieu à la creature. Ecoutez feulement faint Bernard » Tout le cœur de Serm.2.in l'homme, dit ce faint Doc- cap. jejum. |