&tion? Mais fur-tout pourrionsnous oublier ces paroles: Pardonnez-nous comme nous pardonnons:où l'acte de la dilection fraternelle fe trouve fi clairement exprimé cet acte qu'il eft impoffible de féparer de l'amour de Dieu ? , Puifqu'il y a donc un acte fpécial d'amour, la pieté ne permet pas de douter qu'il ne foit défigné par cette parole: Vous ai merez. Dieu peut-il être en effet aimé de tout le cœur, fi l'on ne produit jamais un acte spécial de cet amour, & fi l'on ne reconnoit l'obligation de le produire Auffi la Faculté de Louvain fur la dénonciation, & tout enfemble avec l'approbation des Cenf. de Evêques, a-t-elle condamné com me impie & comme renversant la premiere loi de la vie chrétienne, la Propofition qui fuit : Il ne pa Louvain 1657.prop. 24. roit pas que l'homme foit en rigueur obligé dans le cours de fa vie de produire un acte d'amour de Dieu. Et dans la verité cette Propofition ne ramene-t-elle pas trop évidemment l'héréfie dont nous venons de parler, & qu'Alexandre VIII. a condamnée ? me titre. C'eft par une fuite neceflaire de ces principes que les Souverains Pontifes ont auffi condamné les Propofitions fuivantes. La premiere Le précepte de l'a- Cenf. de mour de Dieu n'oblige par lui- Guim. mêmême qu'à l'article de la mort. La feconde : Nous n'ofons pas Innocens décider fi c'est pêcher mortelle - XI. p. 5. ment, que de ne former qu'une feule fois en fa vie un acte d'amour de Dieu. Et la troifiéme : Il eft probable que le précepte de du même. l'amour de Dieu n'oblige pas, même à la rigueur, tous les cinq ans. Peut il en effet y avoir quel que raifon de fupprimer pendant cinq ans l'obligation de cet acte, qui ne prouve auffi qu'on pourroit s'en paffer toute la vie après l'avoir produit une fois, ou fans même qu'il l'eût jamais été ? Difons au contraire que fi le divin précepte oblige pour une fois, il oblige pour cent, pour mille, & fans mesure comme fars bornes ; & que fans fe mettre en peine de disputer ni du tems ni du lieu dans lesquels on eft obligé de produire cer acte: ce qui dépend d'une infinité de circonstances à raison des infpirations qu'on a reçûes, ou des tentations qu'on éprouve; il faut qu'on faffe tous fes efforts, & qu'on travaille à produire cet acte fi neceffaire avec tant de foin, qu'on ne s'expofe jamais à perir pour l'avoir omis, ou négligė. Telles font les regles établies par les cenfures & par les jugemens que les plus celebres Univerfités, & les fouverains Pontifes ont portés de tant de propofitions qu'ils ont condamnées.Et qu'importe après cela d'épiloguer fur la forme de leurs decrets,lorfque la nature des chofes & le confentement de l'Eglife universelle nous obligent à nous réunir avec eux fur le fond de leurs décifions ? C'eft fur ces mêmes principes, & c'eft encore avec la même juftice, que cette Propofition a été frappée d'anatheme. Le préce- Innoc. XI. pte de l'amour de Dieu n'oblige 7 que lorsqu'il faut être justifié,& que nous n'avons point d'autre moyen de l'être : Comme fi Dieu ne vouloit être aimé que des pecheurs & non des juftes; ou comme fi l'observation du grand commandement n'étoit necef faire que pour obtenir la juftice & non pour la conferver, & la faire croître pendant que notre feule negligence à cet égard n'eft en effet que trop capable. de nous la faire perdre. Puiffent donc ces erreurs fr contraires à la foi catholique être à jamais bannies du cœur des fideles. La priere Dominicale, qui doit être pour eux la priere de tous les jours, leur montre affez à quels dangers ils s'expofent, s'ils n'ont foin de produire fouvent des actes d'amour de Dieu. Elle n'a plus dans leur bouche, cette fainte priere, le fens plein & véritable qu'elle doit avoir, s'ils la recitent fans amour. Ces premieres paroles: Notre Pere, fi nous les çons dans le même efprit que Jefus-Chrift les a prononcées,n'infpirent-elles pas en effet, & n'ex pronon |