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nous faire fentir encore mieux le parfait accord de la doctrine de faint Thomas avec celle du faint Concile.

Le troifiéme point que le faint Docteur établit, eft donc que fi toute contrition ne juftifie pas, c'eft parce que l'amour qu'elle renferme, n'a pas toûjours fa perfection. Il ne fe peut rien de plus précis, ni de plus évident fur ce point que ce texte : Comme l'amour peut être fi foible, qu'il ne fuffit pas à former la charité: auffi la douleur peut-elle être de même fi foible, dit faint Thomas, qu'elle ne fuffit pas à former la contrition; & tel eft par exemple le cas où le peché ne déplaît pas autant que doit déplaire la feparation qu'il met entre nous & la fin derniere. Le voilà donc précisément cet amour qui ne donne ni la justification, nž

la contrition proprement dites parce qu'il n'eft pas encore arrivé jufqu'à former en nous la charité, & cela non qu'il foit d'un autre genre, ou qu'il ait un autre objet qu'elle; mais parce que dans le même genre & dans le même objet, il n'eft pas encore affez fort: & par conféquent ce n'eft pas l'amour formé & parfait, mais feulement l'amour commencé. Telle eft précifément notre doctrine, où plûtôt la doctrine du Concile de Trente fur ce fujet.

C'est donc ainfi que tout fe foûtient. La contrition a la charité pour principe, & cette contrition remet les pechés ; mais elle ne les remet que lorfque l'amour eft affez grand pour for mer en nous la charité, & par conféquent la contrition parfaite, Je paffe fous filence d'autres en

droits
que je pourrois encore ci-
ter du même article ad primum,
& de la question X. art. 1. dans
le corps de l'article, & plufieurs

autres.

la même

Seconde.

Venons à la queftion CXIII. xxxvI. de la premiere Seconde, où faint Preuves de Thomas traite de la juftification. vérité priJe n'en citerai que peu de chofes, fes de la m'arrêtant à ce qu'il y a de plus premiere décifif & de plus clair, & furtout à ce principe de faint Thomas, que Dieu lorsqu'il répand dans le cœur la grace juftifiante, Py répand de telle forte, qu'il porte en même tems à l'acceptation de cette même grace le libre arbitre de ceux qui font capables de ce mouvement. Car c'eft là précisément cette acceptation & ce libre acquiefcement à la grace que le Concile demandoit ci-deffus. Or cette grace juftifiante n'étant elle-même que la

charité fans laquelle il ne peut ý avoir de juftice, comment cette acceptation pourroit - elle ne pas être une actuelle & libre acceptation de la charité, & un ac quiefcement à fon impreffion qui ne peut être lui - même qu'un lui-même mouvement de charité ?

Mais fans avoir recours à ces inductions, écoutons le faint Docteur qui va lui-même expliquer de la charité le mouvement dont il s'agit.

Le mouvement de la foi n'eft parfait, dit-il, que lorsque la charité l'anime ; & c'est pour ceba qu'il faut dans la juftification du pecheur qu'un mouvement de charité fe joigne au mouvement de la foi. Et tout de fuite : Par ce mouvement, ajoûte faint Thomas, le libre arbitre fe porte Dieu pour fe foumettre à lui ; ce qu'il fait par des actes de crain

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te filiale, & d'humilité qui concourent à la même fin. De forte que fuivant ce principe, trois actes font neceffaires, & concourent à la juftification du pecheur, celui de la foi, celui de la charité, & celui de la crainte filiale qui part de la charité comme de fon principe,

Un troifiéme endroit où faint Thomas enfeigne la même verité, c'est lorfqu'en éxaminant pourquoi l'homme ne peut fe convertir par la feule connoiffance naturelle, il dit que par cette connoiẞance l'homme ne fe convertit jamais à Dieu, entant qu'il eft l'objet de la béatitude & la caufe de la juftification. Or que ce foit à la charité qu'appartienne ce mouvement qui nous porte à Dieu comme à l'objet de la beatitude, c'eft ce que le faint Docteur établit formellement

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