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dans la 2 me Seconde Q. XXIII. où il traite de la charité, & ce qu'il repete cent fois dans cette queftion. Il n'eft pas moins certain que c'est le propre de la charité de fe porter vers Dieu entant qu'il eft la caufe de la justification, c'est-à-dire, entant qu'il eft la fource de toute juftice, fuivant l'expreffion du Concile, ou, comme dit faint Paul, entant qu'il eft juste, & juftifiant celui qui a la foi, comme nous l'avons dit ci-dessus.

Enfin dans la même question faint Thomas demande s'il faut pour la juftification du pecheur un mouvement du libre arbitre contre le peché, & l'on voit par la même réponse que cela ne peut fe faire que par un mouvement très-exprès de charité,'parce que c'est au même acte, dit faint Thomas, qu'il appartient

XXXVII.

tion du mê

de fe porter vers un des extrêmes,& de s'éloigner de l'autre ; &qu'ainfi comme il appartient à la charité d'aimer Dieu, c'est à la charité qu'il appartient aussi de detefter le peché qui nous fépare de lui. Tous ces paffages font pris de la premiere Seconde. A l'égard de la troifiéme par tie de la Somme, où le faint Do- ContinuaAteur traite expreffément du Sa- me fujet. crement de Pénitence, & de la Obfervations prifes pénitence en particulier entant de la troiqu'elle eft une vertu préalable au fiéme de la Sacrement, nous lifons d'abord Somme de que la pénitence eft une vertu ibid.ars. 3. Spéciale, parce que fes actes ont un objet propre & particulier, qui eft de travailler à détruire le peché paffe,entant qu'il eft une offenfe de Dieu. Ce qui lui fait dire que le Pénitent fe repent en effet du peché qu'il a commis entant qu'il est une offense de

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S.Thomas

ce,

Dieu. Or c'est le propre de la charité de détefter le peché, entant qu'il offenfe Dieu; & c'est pourquoi faint Thomas faifant l'énumération de fix actes renfermés dans la vertu de pénitendit que le premier eft la coopération du cœur avec Dieu qui le convertit; le deuxième un acte de foi; le troifiéme un acte de crainte fervile; le quatriéme un acte d'esperance du pardon; le cinquiéme un acte de charité par lequel le peché déplait en luimême, & non à caufe des peines qu'il mérite; & le fixième enfin eft un acte de crainte filiale dont le motif eft le refpect qu'on doit à Dieu. Ainfi donc, felon faint Thomas, la vertu de Pénitence ne peut être fans l'acte de la charité, & fans l'acte de la crainte filiale qui en eft inféparable. Or le Sacrement de Péni

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tence

sence ne peut être lui-même fans la vertu de Pénitence. Il eft donc impoffible que le Sacrement fubfifte fans la charité, & fans l'acte de la crainte filiale qui l'accompagne toujours. Auffi le faint Docteur ajoûte-t-il dans le même endroit, que les pechés commencent à déplaire au pecheur à caufe des peines qui font l'objet de la crainte fervile, avant de lui déplaire à caufe de leur laideur, & de l'offenfe de Dieu; ce qui n'appartient qu'à la charité. Il eft donc certain encore une fois que, felon faint Thomas, la vertu de pénitence, par conféquent le Sacrement doit être toujours accompagné de quelque acte de charité. Or ce n'eft pas de cet acte de la charité parfaite qui juftifie par ellemême & tout à coup: c'eft donc de cet acte préparatoire & de

&

Q

charité commencée dont nous

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faint

avons déja parlé fi fouvent. C'eft fur ces principes que Thomas enfeigne dans la même 1.2.q.113. question, que l'acte & l'habituart. 3.58 de de la charité vont toujours d'un même tems & comme de pair avec l'acte & l'habitude de la pénitence, ajoûtant que, comme on l'a vu dans fa deuxième Partie il fe trouve toujours dans la juftification du pecheur, 1o. un mouvement de fon libre arbitre vers Dieu, lequel est un acte de foi formé par la charité; & 2°. un mouvement du libre arbitre qui le porte à détefter le peché entant qu'il est une offense de Dieu, en quoi confifte propre ment l'acte de la pénitence; de forte que c'eft ici

pour la troifiéme fois que le faint Docteur éta blit que le Sacrement de Pénitence ne peut être fans un acte de charité.

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