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fuivant l'intention du Concile fi toute abfolution, quand on la reçoit, trouvoit l'homme jufte, agréable à Dieu, & réconcilié pleinement avec lui, & cela par la nature de la chose & par l'inftitution de Dieu même : car alors les Sacremens par lefquels nous croyons être justifiés, fuppoferoient l'ouvrage de notre ju ftification & de la rémiffion des pechés accompli. L'homme n'auroit befoin que d'une fimple déclaration que fes pechés lui ont été remis. La forme de l'abfolution, ce qu'à Dieu ne plaise, n'énonceroit plus qu'un menfonge, & les Miniftres de JefusChrift n'exerceroient jamais le pouvoir qui leur a été donné de lier & de délier, de retenir les pechés & de les remettre ; puifqu'ils ne les délieroient & ne les remettroient pas en effet,mais les

fuppoferoient toûjours remis ou déliés. Car tout ainfi que pour exercer le pouvoir de lier & de retenir, nous ne devons pas fuppofer des perfonnes deja liées & retenuës, mais les lier & les retenir en effet : de même pour exercer le pouvoir de délier & de remettre les pechés, nous ne devons pas fuppofer des pechés déja déliés & remis, mais les remettre & les délier actuelle

ment.

Tout ce que nous avons dit jufqu'ici, peut être réduit à ce fyllogifme. L'effet fpécial & propre du Sacrement ne doit pas être neceffairement fuppofe avant la réception actuelle du Sacrement, mais doit être produit par le Sacrement même.

Or dans le Baptême & dans la Pénitence la juftification & la rémiffion des pechés eft l'effet fpécial

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fpécial & propre du Sacrement. Quand on reçoit donc les Sacremens de Pénitence ou du Baptême, la juftification ou la rémiffion des pechés ne doit pas être neceffairement fuppofec mais doit être produite par ces Sacremens. Donc pouffant encore notre conféquence plus loin, s'il arrive quelquefois que la juftification eft accordée aux pecheurs avant même qu'ils ayent reçû le Sacrement ou du Baptême, ou de la Pénitence, bien loin de fuppofer que cela foit toûjours neceffaire, il en faut feulement conclure que c'eft unc chofe qui n'arrive qu'en certains cas & par accident, c'eft-à-dire lorfque la contrition eft parfaite en charité, comme nous l'avons dit cy-deffus après le Concile.

Ces dogmes fur l'efficace, & VIII. fur la vertu des Sacremens font, Abregé de

la doctrine

Liaison de

du Concile. donc fi certains, qu'on ne fçau toutes fes roit en nier aucun fans bleffer la parties. On foi du faint Concile de Trente. paffe à la Auffi cette fçavante & très-fainpartie de cet te affemblée a-t-elle pris les plus ouvrage. fages précautions,pour ne donner

feconde

aucune atteinte à cette doctrine, qu'elle avoit établie avec autant d'autorité que de lumieres.

Si donc, comme nous l'avons dit, & comme nous le dévelop perons encore plus amplement, le faint Concile a clairement défini, que pour arriver à la justification dans les Sacremens, il eft neceffaire que nous y foyons excités,non par la feule crainte de la peine, mais encore par l'amour de la juftice; gardons-nous bien de fuppofer que cet amour, lorfqu'il eft joint au vœu du Sacrement, foit toûjours accompagné de la juftification, de la réconciliation, & de la vie. C'eft afin

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denous précautionner contre cette méprife, que le Concile le diftingue avec foin, & par des caracteres certains & précis,de la contrition qui juftifie par elle-même, en difant de celle-ci qu'elle est parfaite en charité, & de l'autre, qu'il n'eft qu'un amour commencé, & qui n'eft point encore arrivé à la perfection de la charité. Nous comprenons par là que cet amour prépare à la juftice, mais il ne la donne pas : il y conduit, mais il n'eft pas la juftice même qui le fuit, & qui ne vient qu'après lui. En un mot, cet amour n'eft pas la nouvelle vie, qui eft l'ouvrage de la contrition parfaite en charité mais il en eft feulement le bon propos, & une espece de commencement. Tels font les caracteres de l'amour commencé,que nous allons maintenant developper dans la

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