C tence préalable, fans laquelle l'homme n'a jamais pû, ne peut, & ne pourra jamais être juftifié ? Cette doctrine eft fimple,& fe réduit à ceci. Après tant de pechés commis, c'est-à-dire, après tant de paroles, d'actions, & de defirs contraires à la loi éternelle, en quoi tous les Théologiens après faint Auguftin, font confifter l'effence du péché ; l'homme commence enfin à se tourner vers la juftice,qui n'eft autre chofe que Dieu; c'eft-à-dire, vers cette éternelle & fainte loi qui eft au-deffus de tout, & qui préfide à toutes chofes. Ce qui ne dit pas cependant qu'il lui foit toutà-coup parfaitement uni; car cet avantage eft l'effet propre de la juftification mais feulement qu'il commence à s'élancer vers elle, & qu'il foit réfolu de la préferer à tout. C'est par - là qu'il XII. Continua tion du mê du bon pro comman demens. la loi commence à chercher, & à rentrer dans cet ordre que éternelle veut qu'on obferve, & qu'elle défend de troubler, pour me fervir encore des paroles de faint Auguftin. Le faint Concile ajoûte com me une dernière préparation de mefujet:où la part des pecheurs, la ré folution Pon traite qu'ils forment de recevoir le Bapos d'ac- ptême, de commencer une vie complir les nouvelle, & d'observer les com mandemens de Dieu : ce qu'il confirme par cette parole de Je fus-Chrift: Allez, enfeignez toutes les Nations, leur appre nant à observer toutes les chofes que je vous ai ordonnées. Au moyen de quoi fe fait encore ce qui eft écrit:Préparez vos cœurs au Seigneur. Math. XVIII. 19, 20. 1. Reg. chap. VII. Le témoignage des Ecritures interprétées par le Concile ne fçauroit donc permettre à per fonne de douter, qu'afin de fe préparer à la juftification,il ne foit abfolument neceffaire que l'homme ait dans fon cœur,non un defir frivole, mais une ferme & véritable réfolution d'obferver tous les commandemens de JefusChrift. Et qui pourroit fans renoncer à toute raifon, dire ou penfer que dans ces préceptes n'eft pas compris le premier & le plus grand de tous, celui qui nous ordonne d'aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur de tout notre efprit & de toutes nos forces, c'eft-à-dire au-deffus de tout & pour lui-même ? Quiconque n'a donc pas un ferme propos d'obferver & d'accomplir véritablement & fincerement un fi grand précepte; celui - là net veut en effet,ni obferver les commandemens, puifqu'il omet le plus grand de tous; ni être jufti ce of ( fié. Et de-là que s'enfuit-il, fi non que le bon propos neceffaire à la juftification,ne peut être fans la volonté ferme & fincere d'aimer Dieu fouverainement & par deffus toutes chofes? Ce qui renferme au moins quelque com mencement du faint amour, Au refte ce n'eft pas fans raifon quo le Concile ajoûte, qu'il faut de plus dans le cœur du pénitent une réfolution de commencer une vie nouvelle. Et nous examinerons en fon lieu ce que le faint Concile entend par-là.Mais qui peut douter, en attendant, qu'il ne foit tout-à-fait impoffi ble de fuppofer une volonté fin cere d'accomplir le grand préce pte de l'amour divin; fi l'on ne fuppofe en même tems quelque commencement du faint amour? XIII. Ce Preuvesde que nous avons rapporté la même jufqu'ici, nous l'avons pris dans VII. & le canon II. Seffion. le chapitre v1. de la fixième Sef- verité par fion. Le feptiéme commence par le chapitre ces paroles: Cette difpofition & cette préparation eft fuivie de la de la même juftification même, qui n'est pas la fimple rémission des pechés, mais encore la fanctification & le renouvellement de l'homme interieur par la volontaire & libre acceptation de la grace & des dons; au moyen de quoi l'homme d'injufte devient jufte, & l'ami de Dieu d'ennemi qu'il étoit. Que perfonne ne craigne donc plus, que tant & de fi grandes difpofitions, que le Concile a fait marcher devant la juftification, renferment la juftification elle-même. Le faint Concile s'en eft trop clairement expliqué pour nous permettre d'avoir cette penfée; puifqu'il a eu tant de foin de nous avertir, que toutes ces difpofitions ne font encore que |