mais cependant avec le plus d'éxactitude qu'il nous fera poffible, les decrets les plus précis du Concile de Trente fur cette importante question. Entrons en matiere. Obferva D'ABORD nous croyons dc- I. voir obferver ce qui eft déja tions prélicomme avoué de tout le monde, minaires & qui nous paroît abfolument fur l'obligation geneceffaire pour bien entendre nerale du cette question: fçavoir,que l'ac- commante de l'amour de Dieu eft lui- d'aimer même,& par lui-même,directe- Dieu. ment commandé par le précepte de la dilection. dement A la verité quelques Théologiens ont prétendu que ce précepte n'impofoit que l'obligation de travailler à acquerir, ou plûtôt à obtenir par les difpofitions requifes l'habitude d'aimer Dieu,au moyen de la de la grace infufe & fanctifiante. Mais pour fentir combien cette opinion eft infoutenable,il fuffit, fans avoir recours à d'autres preuves, de faire attention à cet endroit de l'Evangile, où le Seigneur Jesus, après avoir rapporté le grand commandement de la charité; Luc. x. 27. Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur &c. ajoûte tout de fuite : Faites ceci & vous vivrez. En faut-il en $528. effet davantage pour démontrer que Auffi le Pape Alexandre VIII. a-t-il condamné la propofition fuivante, dont nous rapporte rons la cenfure telle qu'elle a été récemment imprimée à Rome par l'ordre d'Innocent XII. qui remplit fi dignement la chaire de S. Pierre: Il fuffit qu'une action morale tende interprétativement à fa fin derniere; & l'homme n'eft obligé de l'aimer cette fin, ni dans le commencement, ni dans le cours de fa vie. Telle eft la Propofition; & voici le jugement que le Pape en a porté : Cette Propofition eft hérétique. Ainfi jugé ce jeudi 24 Août 1690. Quant à la difference. qui fetrouve dans quelquesexemplaires, où au lieu du pronom hunc (cette fin), on lit la particule illative hinc, de - là › par confequent comme cette difference ne change rien ni dans le fens de la Propofition, ni dans la cenfure; elle ne mérite pas qu'on s'y arrête, ni qu'on en difpute. , : C'eft dans cette héréfie que tombent cependant ceux qui foûtiennent que l'acte fpécial d'amour n'eft pas ordonné par cette parole: Vous aimerez. J'avoue que quelques Théologiens Cenf. de ont prétendu que le précepte de Guim. Ti- l'amour de Dieu & du Prochain spé tre de la Charité. n'est pas un commandement : cial mais un commandement general auquel on fatisfait par Paccompliffement des autres préceptes: Ce qui revient à ce que quelques autres difent en d'autres termes, que le précepte de l'amour de Dieu n'ordonne que la dilection qu'ils appellent effective, & qui confifte dans l'accompliffement des autres commandemens, & non la dilection affective, ou l'acte fpécial d'amour, & cette affection de l'ame qui aime Dieu à caufe de fon excellence, de fa grandeur & de fa bonté. Mais cette doarine ne peut être ni foûtenue ni même tolerée. Auffi a-t-elle été condamnée par la Faculté de Et › Pfeaume Théologie de Paris comme er ronée, impie, & contraire au plus grand de tous les préceptes. qui peut en effet douter qu'il n'y ait un acte special d'amour quand il entend ces paroles de David Je vous aimerai, Sei gneur ; & celle-ci de l'Oraifon xvII. Dominicale: Que votre nom Matth. vI. foit fanctifié, où le defir que nous avons de la gloire de Dieu fe peint & s'exprime fi naïvement; & encore: Que votre regne arrive, ce regne par lequel Dieu regne bien plus en nous, qu'il qu'il ne nous fait regner 10. nous-mêmes ; & encore: Que votre volonté foit faite, ce qui renferme le faint defir de pou voir comme les Saints dans le Ciel confondre à jamais avec la volonté de Dieu notre volonté propre defir ; qui n'eft & ne peut être que l'acte même de la dile |