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Mais n'eft-ce pas là véritablement le comble de l'abfurdité? Débattez-vous en effet tant qu'il vous plaira, qu'y gagnerez-vous? De tous côtés fe préfentera toujours à vous cette foi, cette espérance & ce commencement d'amour que le Concile exige fi précifément dans le chapitre vi. de la vi. Seffion; & vous ferez toujours obligé d'expliquer ces difpofitions,comme le Concile les a lui-même expreffément & diftin&tement expliquées, d'actes formellement exprès & diftincts. Pourquoi vous feroit-il en effet plus permis d'expliquer d'un amour implicite la dilection dont le Concile a parlé, qu'il ne vous le feroit d'expliquer de la forte, ce qu'il a dit de la foi & de l'efperance? Ajoûtez à ceci le Canon III. de la même Seffion, où vous trouverez qu'il eft une certaine

certaine maniere de croire, d'efperer & d'aimer, que le Concile juge abfolument neceffaire à ceux qui fe préparent à la juftification; & j'ofe dire qu'il eft plus clair le Soleil ne l'eft en plein midi,que l'acte diftinct d'amour est auffi neceffaire dans le Sacrement de Pénitence, que les actes distincts de foi & d'efperance.

que

Il n'eft pas moins évident que le Concile demande encore en termes exprès de tout Pénitent qu'il veuille & qu'il defire l'amitié de Dieu & la grace de la réconciliation, c'est-à-dire, la charité même qui fe répand dans le cœur, & cette foi qui opere par la charité. Or fi quelqu'un s'opiniâtre à ne rien entendre ici que d'implicite, ou nous conduira-t-il, finon à réduire les difpofitions neceflairés au Sacrement de Pénitence à je ne fçai

H

XXV.

décidé fur

la nature &

quelles difpofitions vagues & confufes qu'on entendra comme on voudra? La pénitence n'aura plus rien d'actuel & de fincere, rien de vif & d'animé; & de là tant de pénitences, je ne dis pas feulement inutiles, mais préjudicia bles & pernicieufes même à tant de pecheurs pénitences plus capables de fomenter les crimes que de les déraciner & de les détruire. C'en eft trop, & la queftion nous paroît décidée par ces

obfervations.

Mais de peur qu'on ne nous Ge que le accufe peut-être d'avoir paffé Concile a fous filence la principale partie des decrets du Concile fur l'attrila force de tion, rapportons le texte entier, & faifons voir qu'il eft expliqué par tout ce que nous avons déja dit. Le voici: Quant à cette Contrition imparfaite qu'on nomme attrition, parce qu'elle eft

l'actrition.

Seff. xiv. chap. IV.

ordinairement conçue par la confideration de la honte & de la laideur du peché, ou par la crain te de l'enfer; fuppose qu'avec l'esperance du pardon elle exclue la volonté du peché, le Concile déclare que non feulement elle ne rend pas l'homme hipocrite & plus grand pecheur, mais qu'elle eft un don de Dieu & une impulfion du Saint-Efprit,qui n'habite pas encore, il est vrai, dans le cœur,mais qui le meut feulement, &à l'aide de laquelle il fe prépare le chemin à la juftice. Paroles décifives fans doute contre les Luthériens qui rejettoient la crainte des peines, non feulement comme inutile, mais encore comme nuifible & produite par un mouvement tout charnel, & non par l'impulfion du Saint-Efprit. Qu'il demeure donc à jamais: fixe & décidé pour nous, que

ibid.

l'attrition conçue par la crainte des peines vient du mouvement & de l'impulfion du Saint- Efprit; qu'au-lieu d'être le pour pecheur une furcharge inutile, elle eft au contraire un aide falutaire, qui lui prépare la voie à la justice; & qu'on ne dife rien de plus: car c'est là ce que le Concile décide, & tout le monde le confeffe.

Mais on infifte fortement fur les paroles qui fuivent: Et quoique jans le Sacrement de la Pénitence, dit le Concile, cette contrition ne puiffe conduire le pecheur à la justification, elle le difpofe cependant à recevoir cette grace dans le Sacrement. Arrêtons-nous donc là, & confeffons que cette attrition dispose à la juftice; car comme nous ne voulons point qu'on retranche, auffine voulons-nous point qu'on

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