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rafiner fur la tendreffe; on ne fe plaine que de leur trouver un efprit trop dé licat, & un langage trop recherché. Comment concilier ces oppofitions? Comment donner un air vraisemblas bley & élegant à la Bergerie Elle paffe pour un phantôme de l'imagina tion, il s'agit de le rendre fenfiblen & de le faire avouer de la Raifon?

Neft-ce point en plaçant l'action & la fcène dans un tems & dans un lieu plûtôt que dans un autre ? N'eft ce point par la Décoration de cette scène, par le choix des fujets qu'on traite & des perfonages qu'on intro duir pup stutturah viv al its all-y

Comme l'Eglogue eft un fruit de l'Age d'or, je crois qu'on ne fçauroit la raprocher trop près de fa naiffance, de ce tems, où les Bergers nez avec des mœurs auffi douces que l'air qu'ils refpiroient; Enfans des Rois, Inven

que

teurs des Arts, plus occupez de plaifirs de befoins, joüiffoient du Loi fir des Dieux. Ce qu'on a depuis apellé des Travaux, n'étoit que des amufemens, leurs Terres abondantes prefque fans culture; leurs cœurs yuides de paffions tumultueufes ; une Jeuneffe fans emportement ; une Vieilleffe exemtes d'infirmitez; des biens recueillis fans peine, deftinez aux Festins & laux Sacrifices, tous les Jours marquez par des Fêtes, un bonheur affez rempli pour ne point laisser entrevoir de plus grande peine, que l'indifference d'une Maîtreffe,& etira

Telle eft la vie délicieufe que nous dépeint Hefiode, efpeces de Songe pour nous, mais que l'on rend veritable à notre imagination parce qu'il la flate. A force de défirer cette félicité, elle devient naturelle dans les Pastorales, fi nous les dattons de ces

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tems reculez. Transportons le Lecteur au Siecle des Fables & des Métamor・ phofes, rien ne lui paroît incroyable. C'eft une perfpective qui trompe & qui amufe fes yeux. Qu'il y auroit de bonheur à tourner des Eglogues d'une maniere qu'il pût les prendre pour des traductions de quelque Ancien

¡La Décoration de l'Eglogue ne contribuë pas peu à continuer cette douce illufion. Les Peintres enrichiffent les Païfages de quelque monument antique, le Poëte anime les fiens par les Jeux, les Danfes, les Fêtes confacrées aux Divinitez Champêtres. Les Moutons, les Prairies, les Bois, les Fontaines, ne font que les Attributs ordinaires; mais les Richeffes de tou tes les Saisons, tous les points de vûë de la Campagne, les Moiffons, les Vandanges peuvent tenir leur place avec les Troupeaux & les Houlettes!

Sur ce Théâtre orné & varié à l'infini, il faut des Acteurs qui agiffent, ou qui racontent des actions. Sans quoi toutes les descriptions d'Arbres, de Fleurs, de beaux Jours, feront inanimées; les fentimens mêmes font froids dans le recit, c'est à l'action à les échaufer, on s'endort auprès de deux Bergers qui s'épuifent à louer chacun leur Bergere, & qui ne ceffent que faute d'haleine; on laiffe aux Echos à répondre au Berger qui les entretient de la Beauté ou de l'ingratitude de celle qu'il adore. On veut des témoins plus interessez à ces nar

rations.

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L'action qui fait le fonds de l'Eglogue la rend vive & vraisemblable. D'une part, les faits foûtiennent l'a tention du Lecteur: de l'autre, ils lui dérobent le faux du mafque Pastoral. Les faits que le fentiment amene sont

du reffort de toutes les conditions S
c'est un Amant jaloux, c'eft une Maî
treffe irritée. La Bergere a le même
interêt de se vanger que
vanger que l'Amazone.
Les démarches pour fatisfaire une
passion ont un côté qui reffemble à
tout, & un autre qui les détermine
au Genre Paftoral. Le Lecteur fe re-
connoît & trouve fon Portrait dans
ces Tableaux.

Ces actions doivent être ménagées & conduites avec une adreffe imperceptible. Je leur fouhaiterois une expofition, un nœud, un dénouement. Enfin je voudrois que ce fuffent autant d'efquiffes de Ĉomédie. Et il y a telle Eglogue de Virgile, que les Romains firent chanter fur le Théâtre par la fameuse Actrice Cytheride.

Le fonds de ces intrigues eft inépuisable. Les ftratagêmes d'un Amant pour déclarer fa tendreffe, ou pour ti

rer

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