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Goûte de la Vertu les honneurs précieux,

Acis eft le Berger le plus beau de ces lieux;

Mais fait leur bonheur que

pour le refte du Monde?

Sur un bonheur public nôtre Oracle fe fonde.

TIRCI S.

Il eft trop vrai. D'ailleurs cet Oracle, entre nous
Ne dit point des Bergers, mais de nobles Epoux.
Ah! je croi que j'y fuis: jadis l'Antre Delphique
Infpiroit aux Bergers un Efprit Prophétique:
Croi moi, l'Antre d'Ifis peut aufsi m'inspirer.
Ecoute, par les Dieux je me fens éclairer.

Eft-il quelque mortel plus beau, que nôtre Maître?
Car je l'ai vu deux fois, & tu l'as vû peut-être.
La Vertu, dont l'éclat doit fraper tous les yeux,
C'eft l'Objet que le Ciel refervoit à fes feux.

Quels plus nobles Epoux peux-tu connêtre au monde ?
Leur bonheur eft du nôtre fource féconde;

Car en faveur des Rois les Deftins complaifans
Sur un Peuple fidelle épanchent leurs préfens:f
L'Amour fit-il jamais plus illuftre conquête ?

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Que!

Quel triomphe plus doux ? Quelle plus belle fête ?

MENALQUE.

Oui, tù devines jufte. Oui, j'en crois tes difcours, L'Oracle s'acomplit, nous aurons de beaux jours.

H

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Il n'eft point à nos yeux de Fêtes auffi cheres.
L'Urne fatale admet tous les noms des Bergeres:
Sans choix, fans préference, on les mêle d'abord:
Et pour combattre enfin, Trois font tirés au fort.
Jadis l'œil d'un Berger jugea les Immortelles;
L'ordre qu'ici l'on garde expose moins n'os Belles.
Une vieille Bergere eft juge: un bois épais
Cache fon Tribunal aux regards indiscrets.
Nul Berger n'ofe entrer dans ce lieu refpectable,
Une honteufe mort puniroit le Coupable.

Du jour de cette Fête Amour fut averti.
Le nom d'Amarillis de l'Urne étoit forti.
En vain fur le péril fa beauté la raffure.

Dans le Criftal des Eaux confultant fa paturë,
Sur leurs bords elle cueille & rebute des fleurs,
Et fçait à fes cheveux affortir les couleurs.
Et la place, & le choix tour à tour l'inquiéte,
Elle est tantôt chagrine, & tantôt satisfaite.
Atys la voit, Atys qu'elle tient fous fes loix,
Atys par
fes Chanfons fi vanté dans nos Bois.
De la flûte au Dieu Pan s'il difputoit la gloire,
On pourroit voir entr'eux balancer la victoire.
Cet Acys cependant, l'Objet de tant de vœux,
Auprès d'Amarillis brûloit fans être heureux.

Vous allez donc, dit-il, vaincre toutes nos Belles,
Et ne céder qu'à vous, c'eft trop d'honneur pour elles.
O Ciel! qu'à mes regards ce Triomphe eff flateur!
Mais, nouvelle Venus, imitez fa douceur.
Vous voyez un Amant, dont vôtre indifference
N'a pû jufqu'à ce jour afoiblir la conftance.

Dans ce jour qui vous comble & de joye & d'honneurs, Dois-je me plaindre encore & répandre des pleurs? Amarillis, d'un air moins fier qu'à l'ordinaire, Regarde Atys. Atys commençoit-il de plaire?

On ne fçait. La Bergere écoute fes difcours,
Et ne l'interromt plus comme les autres jours.

Oui, dit-elle, du Prix je connois l'importance
Mais Ciel! eft-ce un Amant dont la main le difpenfe ?.
Ah! l'on aura pour moi des yeux moins prévenus.
Je vois Pallas, Junon, je ne vois, point Venus.
L'Amour les écoutoit quel heureux Stratagême
Il inspire au Berger pour elle, & pour lui-même!
De fa Mere Cloé trop facile à fes vœux,
Le Berger prend l'habit, & fous de faux cheveux
Il retrouffe avec art fa longue chevelure;
D'une vieille Bergere il imite l'alure.

Cloé devoit juger: Elle eut quelques atraits;
Son fils en a les yeux, & prefque tous les traits.
Mais le teint de la mere étoit terni par l'âge.
Il cueille du fafran, il-en peint fon vifage.
Il déguise fa voix, il marche lentement,
Et l'épaiffeur d'un Voile aide au déguisement.
Nôtre fauffe Cloé fur le Trône fe place.
D'un air impatient Cloé fe débaraffe,
D'Iris, & de Diane offertes à fes yeux,

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