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On diroit, qu'en quittant les Remparts de Paris,

Elle aime à ferpenter entre ces Prés fleuris.

Voi

que

d'Ormeaux naiffans couronnent ces rivages. Voi ces Côteaux chargés de Jardins, & d'Ombrages. De là les yeux charmés joüiffent à la fois,

Et des Toits des Eergers, & des Palais des Rois.
Ifis, de Jupiter une Amante adorée,

Ifis dans ces Cantons autrefois reverće,

Leur a laiffé fon nom; & les Jeux & les Ris
Y reffentent encor la préfence d'Ifis.

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TIRCI S.

Oly, je fçai que fon Culte honora ces Bocages.
Cet honneur a fait place à d'autres avantages,

*

Je parle d'un Héros du plus pur fang des Dieux,

Qui fouvent amenoit les Mufes dans ces lieux.

MENALQUE..

Nos Pasteurs drefferont un Temple à fa Mémoire.
Tu refterois ici, fi tu voulois me croire.

TIR CI S.

Mais tu ne me dis rien des Plaisirs amoureux ?

Les beaux lieux, les beaux jours ne me font rien fans eux.
MENAL QUE.

Le deveir d'un Berger eft d'aimer, & de plaire.
Mais il veut un Objet fimple, tendre, fincere.
Je croi qu'un peu plus loin on le trouveroit mieux.

TIRCI S.

Plus loin! Pourquoi ?

MENAL QU'E.

La Ville eft trop près de ces lieux.

Pour l'Amour Paftoral dangereux voisinage!

Nous en refpirons l'air, nous prenons fon langage.

*Feu M. le Prince de Conty.

TIRCI S. "

Je croyois de l'Amour prendre ici des leçons.
Eh fur quoi roulent donc tes Vers, & tes Chansons?
MENAL QUE.

Souvent fur des regrets, fouvent fur la peinture
Des Tems, où l'on brûloit d'une flâme si pure,
Où la Verité seule inspiroit les difcours.
C'étoit là, cher Tircis, l'Age d'or des Amours.
TIRCI S.

Cet Age eft-il fi loin? N'a-t-on plus d'efperance
D'en pouvoir parmi nous rapeller l'innocence?

MENAL QUE.

Tircis, il n'a fini qu'à nos derniers Ayeux.

L'Amour fimple & naïf régnoit encor chez eux.

Et nos plus vieux Pafteurs ont bieu fçu nous prédire, Que leurs Neveux verroient refleurir fon Empire. D'un Oracle d'lfis, felon eux, c'eft le fens.

Mais, s'il doit s'acomplir, on ne fçait en quel tems.

TIRCI S.

Ifis fçavoit aimer, Ifis étoit fidelle;

Bergeres, puiffiez-vous la prendre pour modele!

MENALQUE.

Chacun tourne un Oracle au gré de fes fouhaits. Tu peux le voir écrit dans un Antre ici près.

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MENALQUE.

C'eft nôtre Oracle: Explique.

TIRCIS lit l'Oracle.

Sous la Forme d'une Mortelle,

La Vertu doit un jour se montrer à vos jeux.
Le plus Beau des humains, & le plus cher aux Dieux,
Par des noeuds éternels doit s'unir avec elle.

L'Amour n'aura jamais de triomphe plus doux,

Que par ces illuftres Epoux.

Berger's, que leurs beaux jours en produiront pour vous!

C'eft quelque enchantement que préfage l'Oracle, Ou la Terre & le Ciel s'uniront par miracle.

MENALQUE.

C'eft de quoi t'exercer; devine fi tu peux.

TIRCIS.

Peut-être un fens fort fimple eft fous ces mots pompeux.

MENALQUE.

Voi fi par là l'Enigme à tes yeux eft plus claire.

TIRCI S.

La Vertu, c'eft peut-être une Jeune Bergere,
Car l'habit Paftoral eft le plus à fon gré.
Les Champs, de la Vertu font l'azile affuré.
La Bergere toûjours fevere inexorable,

Pour le plus beau Berger deviendra favorable,
Aux Autels de l'Hymen ils s'uniront tous deux.
Leur amour fervira d'exemple à nos Neveux.

MENALQUE.

Je doute que Tircis rencontre bien encore.

Ta Sœur, la belle Eglé, que fon Acis adore,

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