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Pour les indifferens prend-on la même peine 27
A l'objet que l'on hait, on déguife fa haine,
Et l'on flatte l'Amant dont on trahit la foy.

Connoy donc les rigueurs qu'on affecte pour toy:
De vint autres Bergers elle fe laiffe fuivre,.
Vint autres dans fes fers lui demandent à vivre;
Tu crois qu'elle y confent : Elle ne les craint pas,
Mais ton nom prononcé la met dans l'embarras.
Un jour que je louois tes airs, ta voix touchante
Elle n'ajouta rien, mais elle étoit contente;
Cüeillant le lendemain des fruits dans nos vergers,
Elle me diflingua parmi tous nos Bergers.

On fe trompe fouvent à croire l'apparence,
Et l'on eft quelquefois plus heureux qu'on ne penfe.
Ah! Si l'Amour agit, ou parle ambigument,
L'air, le gefte, le ton, tout inftruit un amant.
Quoi, Philene, les cœurs ont-ils ces artifices?

A s'avouer qu'on aime il eft tant de délices.
Eh! D'où vient cette feinte au milieu des hameaux?
Mais tu dis qu'elle feint, tu veux flatter mes maux.

L'ingrate.!... Quelle main ébranle ce feuillage, Et quel ris éclatant a percé ce bocage?

La Bergere étoit là. Tircis la voit, la fuit, Philene crut alors Tircis assez instruit.

Ecoute, & mon recit t'étonnera peut-être.

(*) P'étois affile aux pieds de cet orme, où Daphnis Ecrivit tant de fois le nom de Coronis,

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Qu'effaça tatit de fois la jaloufe Afterie.img al
Mes troupeaux un peu loin paiffoient dans la prairie
J'aperçus tout-d-coup des hommes, des chevaux,
Mais des chevaux fifiers; & des hommes fi beaux:
Nous voilà, disoient-ils, égarez de la chaffe.
L'un d'entr'eux, c'eft le Prince, & luy feul les efface.
L'air done ils luy parloient ne me l'aprit pas micax, J
Qu'un éclat tout divin, qui brilloit dans fes yeux. U
Bergere, indiquez-moy, dit-il, quelque fontaine.
Auffi-tôt je le guide à la fource prochaine.

C'est là que je le vis, tour comme jete vois, A
Il me regatda même, & me parla deux foist
Je tremblois, mais à tort; il eft la douceur même.)
Oh! qu'heureufe cent fois eft la Nimphe qu'il aime!
Il n'étoit point couvert d'or, & de diamans

Il n'a pas,
felon moy, grand befoin d'ornemens.
Peut-être les Heros en négligent l'ufage.
La fatigue animoit l'éclat de fon vifage,

Et les rofes fembloient l'emporter fur les lys
C'étoit le vray portrait du chaffeur Adonis,
Je ne le reverray peut-être de ma vie ;

A la Cour on le voit, & tu veux qu'on s'ennuye!
ERIXEN E...

Comme toy; de les yeux j'admiray le pouvoir,
Mais crois-tu que toûjours un Roy fe laiffe voir ?
Non, tel que le Soleil fe couvre d'un nuage, ---
Tel, pour vaquer aux foins où le Trône l'engage,
Dans un fecret augufte un Roy fe cache aux yeux.,

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LesRois font des Pasteurs,mais Pasteurs moins tranquiles: gouvernent fouvent des troupeaux indociles;

Ils

Et fur la foy des chiens, qui gardent leurs moutons,
Ils goutent rarement la paix que nous goutons.

IPHISE.

Que j'aime à t'écouter, ma fidele Erixene!

Mais les ombres déja defcendent dans la plaine,

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De la jeune Brebis le Belier fuit les pas,

Et moy, Charmante Eglé, je ne te suivrois pas!

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Berger, je fuis l'amour, le nom d'amour m'offense, Si tu ne m'en parlois, fuirois-je ta presence?

TELEM E.

Mon amour te déplaist.

EGLE'.

J'écoute mon devoir.

TELEME

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