TELEM E. Mes feux font ton ouvrage, & tu crains de les voir! EGLE'. Au premier mot d'amour, c'en eft fait, je te quitte. TELEM E. Eh bien! je fubirai la loy qui m'est prescrite, EGLE'. Mais il faut m'amufer, ou te taire, choifis. Et les Temples des Dieux ont eu tes premiers ans. TELEM E. Ces Dieux font moins charmez de recevoir l'encens Que de venir eux-mêmes adorer des mortelles. Jupiter prend ainfi mille formes nouvelles, Dont je pourrois te faire un recit curieux. EGLE'. Ce n'est point fur ce ton, qu'il faut parler des Dieux; Ce n'eft point leurs erreurs que je voudrois entendre. B TELEM E. T De quoy donc te parler? dis EGLE'. Je vais te l'apprendre: Parlons du doux repos qu'on goûte en ce Séjour. Non, je fonge au repos que goûte un insensible, EGLE. Ah! change de difcours. TELEME. J'y feray mon poffible. EGLE'. Les ondes de l'Alfée arrofent ces beaux lieux. On dit que c'eft ici, que des hommes fameux Dans de certains défis fe couronnoient de gloire. Sans doute ce féjour te fournit quelque histoire. TELEME. Ouy Ces Jeux attiroient les Heros, & les Rois, : Hercule en remporta l'honneur plus d'une fois ; EGLE'. C'en eft affez Teleme TELEME. Tu vois où mon récit m'a mené de lui-même, E-GLE. Je renonce à l'hiftoire. TELEM E. Eh bien donc, je me tais. EGLE'. Seroit-ce-là remplir la loy que je t'impose? Mais réponds feulement à ce qu'on te propose ; Dis moy,quelle herbe eft propre à guerir nos Troupeaux? TELEM E. Si l'œil de l'Enchanteur leur cause certains maux, EGLE'. gayeté. Tu me trompes toûjours avec la même adreffe, C'eft toy qui tends 'le piége, & tu prends les fujets. Eh bien! Entretiens moy d'infenfibles Objets. De ces fruits que je vois, dis quelle eft la culture, Quand l'Hiver orageux nous déclare la guerre, Le Soleil vient enfin lui marquer fon amour: Et moi je ne veux point embellir à ce prix. Non, Berger, laiffe-moy, J'aime mieux écouter ces Roffignols que toy. TELEM E. Eh, dis-moi quel plaifir tu prens à les entendre? Est-ce que leur EGLE ramage enfermeroit un fens 2 TELEM E. Pourquoy non: Sur ce point j'ai connu des fçavans. |