Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Sont des lieux peu connus, Retraites qu'aux Amans
Proferpine & Pluton jadis ont destinées.

On n'y voit point régner les horreurs de la nuit.
Ce n'eft point un jour pur, que l'on y voit éclore,
Une clarté douteufe y luit

Pareille à la naiffante Aurore.

C'eft-lá que ces Beautez, de qui les noms fameux
Rempliffent la Fable & l'Histoire.

En accufant les Dieux rapellent la mémoire
De leurs malheurs, & de leurs feux.

L'ambitieufe imprudente,

Qui voulut voir Jupiter

Avec la foudre brûlante,

Se reproche un honneur, qu'elle paya fi cher.

La tendre Epoufe de Cephale
Détefte une jalouse erreur;.

Et brife la fleche fatale,

Qu'elle retire de fon cœur.

Hero d'une main tremblante

Tient la lampe étincelante

Qui lui fervit feulement

A voir périr fon Amant.

Ariane roule en colere

Le Fil, trifte inftrument d'un perfide attentat.
Helas! Elle a trahi fon pere

En faveur d'un Amant ingrat.

A fon Vainqueur abfent, Phédre encor facrifie
Ses Enfans, fon Trone & fes jours,

Et tour à tour accufe & juftifie

Ses involontaires amours.

Moins coupables, cent fois, & plus à plaindre qu'elle,
Et Didon & Thisbé, vont fe fraper le fein
D'un Ingrat qui la fuit l'une a le fer en main,
L'autre tient le poignard d'un Amant trop fidelle.

A leurs cris éclatans l'Amour vient en ces lieux,.

(Le Traître dans nos maux admire fon ouvrage.) Malgré l'épaiffeur d'un nuage

Son Carquois, fon flambeau le décele à leurs yeux. Déja la Cohorte rebelle

[ocr errors]

Le menace. Il veut fuir, il ne bat que d'une aile; Il tombe, on le faifit. Il verfe en vain des pleurs. Attaché fur un Mirte, une fureur nouvelle

Va de tous les tourmens raffembler les horreurs.

[ocr errors]

Amour, l'une à ton fein préfente cette Epée

Par qui fa trame fut coupée;

L'autre offre à tes regards les débris enflamez
Du Bucher, où fes jours ont été confumez.
Myrrha, de qui les Dieux ont endurci les larmes,
En fait pour t'accabler de redoutables armes.

Pourquoi s'écria-t-il, pourquoi tant de fureurs?
Cruelles pouvez-vous connêtre

Qui, du Sort ou de moi caufe tous vos malheurs ?
Il eft aveugle autant que je puis l'être.

Eh! n'avez-vous jamais éprouvé mes douceurs ?

Mais je vais, si j'ai tort, réparer mes Erreurs,
Le remede eft tout prêt, je puis vous en inftruire
La coule le Lethé: je veux vous y conduire.
Ce Fleuve fait aux Rois oublier leurs grandeurs,
Aux Efclaves leurs chaînes.

Vos jours furent mêlez de plaifirs & de peines,
Là vous oublierez tout, & les Ris & les Pleurs.

Tout oublier, Amour! Ah! C'eft trop, dirent-elles,
Si l'un fans l'autre, helas! ne fe peut
effacer,
Laiffe-nous tous les deux. Tes peines font cruelles,
Mais tes Biens font trop doux, pour ne plus y penfer.

LA RE FOR ME.

A

T-IL été, cet Age heureux,

De la veritable Tendreffe,
Où le Respect & la Sagesse
Gouvernoient l'Empire amoureux?

La Maîtreffe toûjous fevere

Tenoit l'Amant toûjours foumis:
C'étoit un Devoir que de plaire,

L'Espoir à peine étoit permis.
Pour la faute la plus legere,

Long exil, jeûne rigoureux:

Témoin la Pénitence auftere

D'Amadis le beau Tenebreux.

Un air plus froid qu'à l'ordinaire,
Un gefte même involontaire,

Un rien mettoit au defespoir

Ces bonnes gens, il falloit voir.
Aujourd'hui c'est tout le contraire,

« AnteriorContinuar »