Tous deux du même Voile ils font envelopez, Amour, rends moy fes mots. Mais il ne faut qu'aimer, E parcourois hier cette Plaine fertile, qué? EGON. Pardonne, à mon travail j'étois trop appliqué. Sans doute: mais tes yeux me parurent distraits, EGON. Je puis payer Battus d'un semblable discours. Qui peut donc t'occuper? BATTU S. Devine, j'y confens. EGON. Eh bien, nous commençons tous deux à nous entendre ; Et l'Amour pourroit-il dédaigner nos hommages? Les dédaigner! Nos arts nous rendent-ils fauvages? Parce que les Bergers ont feuls chanté ses traits, Car on doit à l'Amour les premieres Moiffons. C'eft par luy que Nos Treilles font auffi le champ de fa victoire, , une grappe brillante S'offre aux yeux de la Nymphe, & d'abord les enchante. EGON. Des trefors de Bacchus heureux dépofitaire, BATTUS. S'il ne tient qu'à des foins pour pouvoir l'enflâmer, Auffi-bien qu'un Berger, je puis me faire aimer. Ce n'eft que fon Loisir, qu'un Berger donne aux Belles, Et ce font nos Travaux, que nous quittons pour elles. EGON. Le croirois-tu? j'ay fait un air pour ma Philis BATTUS. Je chante auffi l'Objet dont mon cœur eft épris. EGON. Lorfque la jeune Acante Cueille des fleurs dans nos guerêts: Cerès croit voir encor cette Fille charmante Qui luy caufa tant de regrets, Mais Cerès la voit fans alarmes, Et moy je fens des maux qui troublent ma Raison, Prêt à m'enlever tant de Charmes. BATTUS. Eh bien! fuy la toûjours pour calmer tes frayeurs, Dieux, rendez sous fes pas la route plus facile. |